LA MALÉDICTION DES ÉLECTIONS EN ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
Réunion des chefs de partis israéliens |
Les citoyens
israéliens ne sont pas des fanatiques des élections à répétition ; ils en
sont même lassés mais ce sont les hommes politiques, en majorité inconstants,
qui les imposent contre leur gré. On reparle à nouveau de prochaines élections
en septembre mais rien n’est moins sûr. La constitution de listes électorales,
faites de bric et de broc selon les inspirations du moment et le bon vouloir
des dirigeants, est en cause. Pour attirer le chaland, on fait appel, non pas
aux militants chevronnés et disciplinés du parti, mais à toute nouvelle
personnalité extérieure pouvant drainer des voix imprévisibles. Le temps est révolu où, pour figurer
sur une liste électorale, il fallait prouver une à deux années de militantisme
permanent.
À présent les candidats sont jugés sur leur capacité
à attirer les médias sur leur nom. Le fait du prince est la seule condition
pour devenir député. Mais ces greffons ne tiennent jamais longtemps parce que
le naturel revient au galop surtout quand le leader de la formation ne fait pas
preuve d’autorité. On estime ne rien lui devoir et même parfois, le nouveau
venu veut être calife à la place du calife. N’ayant aucune doctrine liée à un
parti, ces greffons se sentent en roue libre et une fois élus députés, ils
marchandent leur voix au plus offrant. C’est le cas chez Yamina de Amihaï
Chikli et de Idit Silman et à présent de Rinawie Zoabi qui veut quitter le
parti Meretz pour rejoindre ses semblables. C’était couru d’avance parce qu’on n’a
pas cherché des candidats dans le vivier permanent de la formation mais parmi les
volontaires extérieurs, sans idéologie conforme à celle du parti, mais seulement
intéressés par un tremplin politique. Meretz en particulier dispose
d’excellents militants sincères et tenaces dans leurs convictions mais on leur
préfère des personnes capables de susciter l’intérêt des médias.
Rinawie Zoabi |
Le départ de Zoabi vers les extrêmes, à savoir la Liste
Arabe Unie est dans la normalité des choses. Il condamne ceux qui veulent
intégrer à tout prix des Arabes dans une liste juive pour prôner la mixité arabo-juive.
Elle met en évidence le fait qu’en Israël, si les Arabes sont des citoyens
reconnus à part entière, le mélange des genres est encore du domaine du rêve. Même
si les droits des Arabes sont reconnus, le principe du eux chez eux et nous
chez nous prédomine en raison des écarts de mentalité et surtout de
religion. Les Arabes sont certes indispensables pour l’avenir d’Israël
mais Zoabi prouve que les différences au sein des communautés sont tellement
perceptibles qu’il ne sert à rien de tenter de transgresser les normes et les
traditions établies.
Elle s’est justifiée par écrit : «Le mois de
Ramadan a été insupportable. Les scènes dont nous avons été témoins sur le Mont
du Temple de policiers violents contre une congrégation de fidèles, et les
funérailles de la journaliste Shereen Abu Akleh, m’ont conduit à une seule
conclusion personnelle et morale : je ne peux pas continuer à soutenir
l'existence d'une coalition qui harcèle honteusement la communauté dont je suis
issue. Au vu de ce que j'ai dit, je vous notifie le retrait de ma candidature à
toute future nomination et de la cessation de mon appartenance à la coalition».
Zoabi avait été admise dans un parti israélien naïf
prônant l’amitié entre communautés mais elle a décidé de retourner parmi les
siens prouvant ainsi que la mixité n’est qu’un leurre et un effet d’éloquence Il
est bon que les deux communautés se respectent, s’entraident, collaborent, se
complètent mais chacune selon les critères connus préétablis. Zoabi retourne
parmi les siens qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Meretz est déçu qu’elle ait
oublié la première main tendue pour faire d’elle une députée mais espère
cependant qu’elle n’ira pas jusqu’à faire tomber le gouvernement pour le confier
au Likoud. Les dirigeants de Meretz, dans leur grande bonté, ont été bernés
face à leur dogmatisme anachronique consistant à vouloir à tout prix une liste mixte
judéo-arabe mais ils ont choisi le mauvais cheval. Le parti paiera cher ce
mauvais calcul et il est probable qu’il rejoindra le cimetière des partis qui
ont compté en Israël, aux prochaines élections.
Les journalistes de télévision ont le défaut d’échafauder à longueur d’interventions des hypothèses après le départ de certains députés vers d’autres cieux. Il s’agit d’une attitude comique si la situation politique n’était pas dramatique. Toutes les hypothèses sont envisageables mais le vote d’une motion de censure contre le gouvernement est pour l’instant improbable car l’opposition peine encore à rassembler les 61 sièges indispensables. Tout d’abord, Zoabi a confirmé par écrit qu’elle quittait la coalition sans préciser qu’elle rejoignait l’opposition mené par Netanyahou. La coalition est certes en danger mais l’arrêt de mort n’a pas été signé.
Yaïr Lapid a eu un grand entretien
personnel avec elle et il semble que les intentions de Zoabi sont de quitter la
coalition sans faire tomber le gouvernement. C’est d’ailleurs le cas de la Liste
Arabe Unie qui s’oppose souvent, sinon toujours, mais qui ne mêle pas ses voix
au Likoud dans le vote des motions de censure. Pour des raisons très pratiques,
Zoabi n’est pas sûre de garder son poste de député en cas de nouvelles
élections donc elle peut s’opposer tout en permettant au gouvernement
minoritaire de continuer ses fonctions jusqu’au 27 juillet au moins, date de la
fin de la session de la Knesset.
Gouvernement Sharon 28.2.2003 4.05.2006 |
L’Histoire a montré que d’autres gouvernements
minoritaires ont pu fonctionner. En juin 1990, Yitzhak Shamir a pu gouverner
avec 59 députés avec le soutien extérieur du parti Moledet. Mais un mois plus
tard, l’attrait d’un poste ministériel a poussé Ephraïm Gur à rejoindre la
coalition et Agoudat Israël à sauver ses besoins financiers en rejoignant
Shamir.
En 1993 Yitzhak Rabin avait constitué un
gouvernement de 62 députés mais Shass avait décidé, durant l’été 1993, de
quitter la coalition pour la ramener à 56 sièges. Rabin a pu gouverner avec le
soutien de 5 députés arabes. Mais en janvier 1995, trois députés de Tzomet ont
rejoint la coalition pour permettre à Rabin de gouverner avec 59 sièges et le
soutien extérieur des partis arabes.
Le 30ème gouvernement d’Ariel Sharon
s’est trouvé minoritaire avec 59 députés après le départ des factions de droite
opposés au désengagement de Gaza et celui du parti centriste Shinoui opposé aux
questions de religion dans l’État. Mais en janvier 2005, Dégel Ha Torah
et Agoudat Israël rejoignirent la coalition. On sait que les partis orthodoxes
n’ont aucune conviction politique et qu’ils recherchent uniquement des financements prélevés dans les ministères pour leurs écoles talmudiques en échange de concessions politiques.
La coalition de Bennett est à la recherche d’un transfuge. Un député druze du Likoud s’est manifesté pour rejoindre la coalition en raison de la loi controversée sur la nationalité votée par Netanyahou qui fait des Druzes des citoyens de seconde classe. Gantz envisage de supprimer ou d’amender cette loi. Tout est donc encore probable. Le gouvernement Bennett n’est pas mort, il bouge encore. Pour Benny Gantz les considérations de sécurité nécessitent de garder le gouvernement actuel uni : «Après des années de paralysie politique qui ont nui à notre gouvernement et à notre sens politique, nous avons un gouvernement fonctionnel. Nous ne manquons pas de difficultés mais nous servons bien les citoyens d'Israël, et j'ai l'intention de continuer à faire tout mon possible pour permettre à notre gouvernement de continuer à fonctionner».
Pour
Bennett : «C'est vrai que c'est difficile, mais l'avenir de l'État est
en danger. Nous devons combattre et vaincre le terrorisme palestinien et nous
devons nous battre pour maintenir l'unité de notre nation en interne. Nous
n'avons pas d'autre pays. Par conséquent, nous devons tous rester forts». À
cela, Rinawie Zoabi a répondu : «Je soutiendrai la coalition tant
qu'elle sera attentive aux besoins de la société arabe». La coalition ne
lui en demande pas plus !
1 commentaire:
Madame Zouabi a renonce a demissionner apres que Yair Lapid ait debloque 200 millions de shekels pour les villages arabes. J'en viens a souhaiter que cette coalition tombe, meme si l'extremiste de droite Ben Gvir soit bomme Ministre de la Police dans une coalition de droite!
Les degradations commises par des Arabes dans l'hopital Hadassah a Jerusalem n'etaient pas fortuits. Les Arabes ont appris des citoyens juifs que pour obtenir quelque chose de l'administration il faut leur taper fort sur la tete. Isrtael deviet de plus en plus un Etat du tiers-monde.
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