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lundi 30 mai 2022

Le recul du Hezbollah : une chance pour le Liban ? par Albert NACCACHE

  


LE RECUL DU HEZBOLLAH : UNE CHANCE POUR LE LIBAN ?


Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE


Une électrice libanaise


       En dépit du désengagement sunnite important et d’une forte démobilisation populaire (taux de participation de 41,04%), compensée par le vote d’une diaspora dynamique, les résultats des législatives ont reflété l’apparition d’un nouveau paysage politique : avec le changement intervenu dans l’esprit des Libanais et un bouleversement de l’équilibre des forces au sein du Parlement. Le bloc Hezbollah, qui comprend des représentants du mouvement Amal, du Hezbollah et du parti chrétien le Courant patriotique libre, a perdu sa majorité au Parlement, passant de 71 membres à 61. (Majorité requise 65 sièges sur 128). C’est un coup dur pour le groupe armé. Ce résultat consacre le rejet par la majorité des Libanais des armes du Hezbollah et de l’alignement sur l’axe de la «résistance» (Axe Syrie Iran). Les élections de 2018 avaient rapproché le Liban de l'orbite de l'Iran, ceux d’aujourd’hui pourraient amorcer un retour vers son giron arabe


Le siège du Parlement dans le centre-ville de Beyrouth

Le scrutin consacre plusieurs vainqueurs :

- Les Forces libanaises, qui deviennent le premier parti chrétien au sein de l’Assemblée (20 sièges),

-Les mouvements civils indépendants qui se sont présentés contre les partis traditionnels établis ont obtenu un soutien public aussi large, remportant 16 sièges

-les nouveaux arrivants politiques réformistes ont remporté 13 sièges, faisant une percée étonnamment forte dans un système longtemps dominé par les partis traditionnels.

-Le chef druze Walid Joumblatt peut aussi se réjouir après que son parti a remporté tous les sièges attribués aux druzes au parlement, après la défaite de ses rivaux Talal Arslan et Wiam Wahhab, alliés du Hezbollah



Les chrétiens sont profondément divisés

L’allié chrétien du Hezbollah, le Courant patriotique libre (CPL), fondé par le président Michel Aoun remporte 17 sièges contre 25 en 2018, en débit du bilan catastrophique du mandat du président Michel Aoun.

Samir Geagea

        Le parti des Forces libanaises dirigé par Samir Geagea a remporté une importante victoire en obtenant 20 sièges contre 15 en 2018. Premier parti au Parlement, il devient aussi une formation incontournable au sein de la communauté chrétienne. Ce parti pro-saoudien, a développé un discours résolument hostile au Hezbollah et aux Syriens : «On peut considérer le parti des Forces libanaises comme le premier vainqueur des élections législatives et Samir Geagea est devenu, surtout après la victoire du député Antoine Habchi dans une zone considérée comme l’un des fiefs du Hezbollah, un symbole de la véritable résistance libanaise à l’occupation iranienne».


        Antoine Courban un «sage» libanais est enthousiaste : «Quand le Liban-otage redevient le Liban-message. Les résultats officiels du scrutin législatif du 15 mai constituent plus qu’un désaveu à l’égard du Hezbollah et de ses obligés, du rapt de la souveraineté nationale qu’ils n’ont cessé de perpétrer depuis l’année 2005 comme héritiers de l’occupant syrien chassé du pays. Le désaveu est également adressé à la caste politique et sa féodalité, politico-sectaire et clanique, incompatible avec la citoyenneté. Le peuple libanais, prisonnier de l’axe Téhéran-Damas et de son propre archaïsme, a miraculeusement retourné sa condition afin de se libérer des geôles de la tutelle étrangère. Le peuple du Liban-otage a su, démocratiquement, redonner au pays son identité de Liban-message».  [1]

Corruption et paralysie politique

Dans une déclaration préliminaire, la Mission d'observation électorale de l'Union européenne a déclaré que le scrutin avait été «éclipsé par des pratiques généralisées d'achat de voix, de clientélisme et de corruption, faussé le principe d'égalité des chances et affecté de manière significative les choix des électeurs. La campagne a été dynamique mais entachée par divers cas d'intimidation, notamment sur les réseaux sociaux et des cas d'obstruction de la campagne». Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé dans un communiqué à la formation rapide d'un gouvernement inclusif pour stabiliser l'économie. Mais les résultats laissent le parlement divisé en plusieurs camps, dont aucun n'a la majorité, ce qui laisse entrevoir la paralysie politique dans un pays miné par une profonde crise socio-économique largement imputée à la corruption et l’inertie de la classe dirigeante.

L’élection présidentielle d’octobre

Le président Michel Aoun, allié du Hezbollah, 88 ans, quittera son poste au mois d’octobre et le Parlement va devoir choisir son remplaçant, exclusivement chrétien maronite. L’élection nécessite un quorum des deux tiers des membres de la Chambre. Seul un accord sur une personnalité consensuelle serait à même de faciliter ce processus, ce qui est peu probable compte tenu de la polarisation politique actuelle. Au Liban, le président dispose d’un pouvoir considérable. Il nomme le Premier ministre et a le droit de le renvoyer avec l'ensemble du cabinet. Il est le commandant suprême de l'armée et est également autorisé à dissoudre le parlement et à mettre son veto aux lois. Ce grand pouvoir et cette implication active dans la vie politique font du président «l'acteur dominant», d’où l’énorme difficulté de parvenir à un accord sur la nomination. Le Hezbollah minoritaire peut retarder indéfiniment l'élection d'un nouveau président !

Parlement libanais


Guerre civile

De plus, la défaite électorale du Hezbollah pourrait être le début d’un nouveau drame libanais, car il conserve toujours son emprise sur le pays et son désarmement n’est pas à l’ordre du jour. De plus, le marasme, dans le pays, offre en réalité de nombreuses opportunités au groupe terroriste qui laissera le pays dériver vers le pire pour conforter son pouvoir.

«Le Hezbollah fera tout pour entraver le travail de l'opposition. Il a le dos au mur et sa seule réaction sera de créer des conflits par-ci par-là pour prouver que rien ne peut se faire sans lui. Aucun programme de réforme qu'il soit social, économique ou politique ne pourra être appliqué sans qu’il ne le retarde ou même essayer de le vider de sa substance. Il tient entre ses mains des ressources qui devraient être celle de l’État : L’aéroport, le port, les postes frontières, etc.… à travers lesquels il finance ses armes et ses guerres d'outre-mer. Comment pensez-vous qu'il réagira si le parlement élit un gouvernement qui décidera de reprendre en main tous les points de passage hors de son contrôle. Comment réagira-t-il si le prochain gouvernement décide de lui confisquer et d'arrêter tous les trafics, drogues, blanches, médicaments, essences, etc.… dans lesquels il est mêlé ? Le Liban ne pourra s'en sortir sans d'abord neutraliser le Hezbollah. Ce dernier n'a rien à perdre et sa politique dans l'absolue est la destruction systématique des institutions de l’État pour s'y substituer et réaliser son projet du Wali el Fakih et cela depuis sa conception ».  [2]

Pourtant les solutions existent pour sortir le Liban de l’ornière. Prenons pour exemple les découvertes de gisements en Méditerranée orientale qui apportent une richesse dont Israël tire profit pour conforter la paix avec ses voisins. En vingt ans, Israël est devenu, non seulement quasi autosuffisant pour sa consommation énergétique, mais aussi exportateur vers l'Égypte et la Jordanie. Le pays a signé deux accords avec la Jordanie et les Émirats arabes unis, consistant à échanger de l'eau contre de l'électricité solaire produite dans le désert du royaume hachémite.

       Le Hezbollah s’était opposé à tout accord mais aujourd’hui une majorité est favorable à la signature de l’accord de reconnaissance de la frontière maritime avec Israël. Mais le Hezbollah n’est ni pour la prospérité du Liban ni pour la paix avec Israël. Tout au contraire. Le parti est anti démocratique et militarise la vie politique. Il mobilise le langage de la victoire et de l'assujettissement, des martyrs et du martyre, en plus du culte aveugle de son chef.

La nouvelle carte du pouvoir politique fait craindre que les différends entre opposants et partisans du Hezbollah ne débordent dans les rues et ne se transforment en affrontements violents et certains au Liban mettent en garde contre le retour de la guerre civile.

Des drapeaux du Hezbollah et du Courant patriotique libre (CPL) à Batroun. 

Avec la perte de la majorité au Parlement, le jeu se durcit pour le Hezbollah.  Le parti chiite va d’abord devoir faire face à la montée en puissance des Forces libanaises, appuyées par l’Arabie saoudite.

Sous la menace du Hezbollah

Des affiches expriment leur soutien au leader du Hezbollah au Liban, Hassan Nasrallah
     
      Quelques heures avant le scrutin, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah avait lancé une mise en garde aux détracteurs du parti anti-israélien. «Nous vous admettons comme adversaires au Parlement, mais nous ne vous accepterons pas en tant que boucliers protégeant les Israéliens», a prévenu Mohammad Raad. «Faites attention à votre discours, à votre comportement et à l’avenir de votre pays. N’attisez pas les flammes de la guerre civile vers laquelle vous pousse l’Israélien»,

Pour assoir son pouvoir au Liban, le Hezbollah pousse à manifester pour conduire à une confrontation militaire avec Israël, qui forcerait d'autres forces politiques à manifester leur soutien au Hezbollah. Malgré ses revers électoraux, il reste une menace croissante pour Israël. En choisissant la politique du pire et l’aventure militaire, le bien être des Libanais étant le cadet de ses soucis.


[1] Antoine Courban Ici Beyrouth 17 mai 2022

[2] Pierre Hadjigeorgiou

 

4 commentaires:

NAZIHA TABAINIA a dit…

المقال للكاتب الصحفي البير نقـــاش جدير بالإهتماد إنه يثير قضية ماتزال تتواجد على الساحة السياسية اللبنانية، الأحزاب التي تتناحر و تمزق الجسد اللبناني بلا شفقة من أجل السلطة والتفوق والعبث بالشعب الذي مل التطاحن و الحروب الداخلية.. لعل أكثر الأحزاب ضراوة حزب الله.. وهو حزب مهرجانيا يتخد المقدس شعارا و يحشره في المدنس السياسي الإجرامي.. متى كان لله عز و جل حزبا؟.. "حزب الله.".. مجرد شعوذة ورمي طلاسم سياسية على أعين الناس الذين يؤمنون بالله و يعبدونه.. "حزب الله " نوع من أنواع التدجيل والعبث بالمقدس .. أن تعبد الله و تتنتمي إلى حزب الله معنى ذلك أن تؤمن به و خلفه تسير سير الأعمى وما خسارة حزب الله لعشرة مقاعد إلا نتيجة من نتائج الملل، الملل من التناحر وأنّ المواطن لم يعد أعمى يمشي وراء المجرمين من رؤساء الأحزاب وأن له الحق في الحياة بلا حروب بلا تصادم و أن لبنان للمواطنين قبل أن تكون للسياسين.. ..

NAZIHA TABAINIA a dit…

رغم أني كتبت مقالا استعصى علي إرساله و مع ذلك سأعيد كتابة بعض ما علق بالذاكرة.. حول حزب الله ، أذكر أني حاولت الرد على مقال
الكاتب الصحفي البير نقــــاش حول تخلف أو تأخر أو اندحار حزب الله اللبناني وكتبت أنه كان حزبا مهرجانيا يسعنمل المقدس و هو الله عز و جل لفائدة المدنس وهي السياسة التي بها سعى زعماء الأحزاب إلى تقسيم الشعب البناني إلى طوائف ومجموعات وأفلحوا في القضاء عليه و كانوا سببا في الحروب الأهلية.. أما " حزب الله" و جماعته متى كان " لله عز وجل حزبا يحركه ضد الآمنين من البشر في لبنان.. حزب الله حزب مهرجانيا يستعمل الطلاسم الدينية في سبيل الفوز بالمقاعد في البرلمان و لكنه خسر هذه المرة 11 عشر مقعدا وأصبحت الأحزاب كلها متساوية.. هل يمكننا أن نسأل من الخاسر؟؟ هل خسر حزب الله..؟؟ هل خسر الله ؟؟ أليس من العببث السياسي أن نسمي الأحزاب باسم الله حتى يمشي ورانا المواطن اللبناني الذي يبدو أنه استفاق في النهاية من غفوته و يريد أن يكون سيدا لا عبدا لرؤساء أحزاب مهووسة بالكرسي.

Anonyme a dit…

traduction du commentaire en langue arabe
. Cet article soulève un problème qui existe toujours sur la scène politique libanaise, les partis qui se battent et déchirent le corps libanais et le peuple qui en a marre de conflits et guerres internes. Peut-être que le plus féroce des partis est le Hezbollah.
Et c'est une fête. Le festival prend le sacré comme slogan et le fourre dans le profane politique criminel.
Quand Dieu Tout-Puissant a-t-il organisé une fête ? " Hezbollah".. Juste de la sorcellerie et jeter des sorts à ceux qui croient en Dieu et l’adorent. "Hezbollah" est une espèce de mode de de diffamation et de falsification du sacré. Adorer Dieu et appartenir au Hezbollah. Cela signifie que vous croyez en lui et derrière lui l'aveugle marche. La perte de dix sièges du Hezbollah n'est que le résultat de l'ennui, l'ennui avec les conflits, et que le citoyen n'est plus aveugle qui marche derrière les criminels des dirigeants des partis.
Et qu'il a le droit de vivre sans guerres et sans affrontements, et que le Liban est pour les citoyens avant d'être pour les politiciens...

Naccache Albert a dit…

Traduction du 2ème commentaire en langue arabe.
Bien que j'ai écrit un article que je n'ai pas pu envoyer, je vais cependant réécrire une partie de ce qui était resté coincé dans ma mémoire. à propos du Hezbollah, je me souviens que j'ai essayé de répondre à cet article qui parle du recul du Hezbollah libanais. J'ai écrit que c'était une fête qui utilisait le sacré, et Dieu Tout-Puissant et Majestueux est au profit du profane, et c'est la politique par lesquels les dirigeants des partis ont cherché à diviser le peuple libanais en sectes et en groupes et ont réussi à l'éliminer, et ils ont été la cause de guerres civiles. Quant au "Hezbollah" et à son groupe, chaque fois que "Dieu Tout-Puissant a un parti qui le déplacera contre les personnes sûres au Liban. Le Hezbollah est un parti de festival qui utilise des incantations religieuses pour gagner des sièges au Parlement, mais cette fois, il a perdu 11 sièges et les partis sont devenus Ils sont tous égaux.. Pouvons-nous demander qui est le perdant ? Le Hezbollah a-t-il perdu ? Dieu a-t-il perdu ? N'est-il pas politiquement absurde d'appeler les partis au nom de Dieu pour que le citoyen libanais qui semble enfin s'être réveillé de son sommeil et qui veut marcher derrière nous marche après nous Soyez un maître, pas un esclave des chefs de partis obsédés par le pouvoir.