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lundi 27 mai 2019

Gouvernement : fin du scénario de dramatisation



GOUVERNEMENT : FIN DU SCÉNARIO DE DRAMATISATION

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            
Orthodoxes

          Le premier ministre a suffisamment joué de dramatisation pour qu’à quelques jours de la date butoir, tout rentre dans l’ordre. Les partis politiques ont accepté de cacher sous le tapis certaines de leurs exigences car le temps presse. Benjamin Netanyahou n’a pas d’autre choix que de respecter certaines des doléances des leaders de la future coalition. Alors, il a donné l'impression que la situation était bloquée pour mieux rebondir.



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          Mais lassé des diktats, il avait brandi la menace de nouvelles élections en ayant au préalable modifié la loi électorale pour élever le seuil minimum de 3,25% à 5% afin de limiter le nombre de petits partis exigeants. Il tient absolument au bipartisme comme dans tous les pays occidentaux et en coulisses il pense trouver un accord avec Bleu-Blanc de Benny Gantz  pour cette modification électorale afin de garantir dans l'avenir une majorité stable, sans marchandage.  Il semble que cette menace ait fait réfléchir tous ceux qui ne sont plus sûrs de disposer au moins de six députés, le minimum actuel étant de quatre.


De toute façon, il n’a jamais été question pour les petits partis de recourir à de nouvelles élections avec le risque d’être sanctionnés par les électeurs. Il s’agissait d’une menace qu’ils ont brandi en l’air, sans conséquence.  Il était inconcevable pour leurs dirigeants de renoncer à l’attrait d’un portefeuille ministériel avec l’honneur et les avantages qui en découlent.
Mais la stratégie de dramatisation avait pour but de réduire les doléances de leaders exigeants, contraints de se plier au programme imposé par le premier ministre. Ils devaient donner l’illusion qu’ils se battaient bec et ongles dans l’intérêt de leurs électeurs mais que les concessions ont été dans l’intérêt national.
Le gouvernement sera donc constitué dans les temps avec la nécessité pour certains d’avaler des couleuvres. La résolution des problèmes délicats est reportée après la mise place du gouvernement. Il en est ainsi des questions de conversion qui resteront en dehors des accords de coalition. Les extrémistes ultrareligieux, qui s’opposent aux valeurs les plus fondamentales d’Israël, ont cependant eu gain de cause car le premier ministre a besoin d'eux pour rester au pouvoir.
Alors pour les satisfaire en partie, de nouvelles lois vont être votées au risque d’écorner la démocratie. Une loi pour voter l'immunité des députés soupçonnés de corruption, une autre pour réduire les pouvoirs de la Cour suprême transformée en organe purement consultatif dont les décisions n’auraient aucun pouvoir contraignant, un texte pour la fermeture du pays le samedi, un autre pour exempter les ultra-orthodoxes du service national et enfin un déblocage de millions de shekels pour les institutions religieuses. 

Négociations entre le Likoud et les religieux

Les premiers à signer l’accord de coalition seront les partis religieux sachant qu’Avigdor Lieberman attend de voir officiellement le contenu pour décider définitivement de sa participation qui ne fait plus aucun doute. En effet, lors d'une réunion quadripartite comprenant des représentants du Judaïsme uni de la Torah, du Shass et de l'Union des partis de droite, les principaux points d’accord ont été tranchés. Mais en ce qui concerne les conversions, il a été décidé de ne pas modifier le statu quo actuel ce qui constitue un revers pour Avigdor Lieberman qui avait exigé que le processus de conversion soit modifié et adapté aux Juifs qui ne se sont pas convertis au judaïsme en Israël, faisant ainsi référence à ses amis immigrés russophones dont 30% au moins ne sont pas juifs selon les canons de la Halakha.

Par ailleurs, la décision a été prise de ne pas avancer le «Plan du mur occidental», qui implique la reconnaissance de fait des courants conservateurs et réformés en garantissant une place qui leur sera réservée. Le député Oded Forer d’Israël Beitenou, qui négocie avec le Likoud, estime que : «Nous nous opposerons fermement à un État halakhique. Nous souhaitons promouvoir les mêmes questions que le Premier ministre avait précédemment approuvées - en adoptant les conclusions du Comité Nissim sur la conversion. Nous serons un frein qui ne permettra pas la coercition religieuse dans le prochain gouvernement de droite».
M comme Machiavel

Cette question de principe sera certainement balayée devant le pragmatisme de Lieberman qui a cependant vu presque toutes ses revendications écartées. Mais pour l'amadouer, Benjamin Netanyahou, fin stratège politique, a déjà organisé dans ses bureaux une réunion avec Lieberman, le chef d'État-major Aviv Kohavi et le directeur de l'ISA Nadav Argaman, qui confirme ainsi le retour très probable de Lieberman au ministère de la défense. 
Tous les blocages sont ainsi levés qui permettent d’annoncer, après une certaine dramatisation, la constitution in extremis du nouveau gouvernement disposant d’une majorité de 65 députés.
Le silence de Moshé Kahlon est éloquent. Avec ses quatre députés, il ne pèse plus rien et il n’est même pas indispensable. Il s’est plié aux conditions de Netanyahou qui veut encore le neutraliser aux finances. Au cours du dernier mandat, il avait réussi à contrecarrer, avec l’aide de Lieberman, les aspirations des membres du Likoud qui cherchait déjà à détruire le système judiciaire. Aujourd’hui il n’a plus la même influence.
Smotrich

Le seul à tenter un baroud d’honneur, avec ses cinq députés, reste Bezalel Smotrich qui fait partie de la faction la plus extrême à droite, soutenue par les kahanistes et dirigée de fait par des rabbins s’opposant à tout ce que l'État juif a accompli, sous l’influence du rabbi ultra orthodoxes de Gur, un leader aux coutumes considérées comme problématiques et étranges. Smotrich n’arrive pas à la hauteur de Naftali Bennett et encore moins d’Ayelet Shaked. Malgré cela, en leur absence, il exige exclusivement les ministères de la Justice et de l’Éducation. Il fait encore de la résistance pour le principe mais il n’est plus suivi par les orthodoxes. Il multiplie les exigences pour que quelques unes au moins soit acceptées afin de se glorifier auprès de ses électeurs. Ainsi, il prône que l’armée organise des unités séparées strictement réservées aux hommes et aux femmes pour les soldats religieux. Est-ce vraiment une doléance  à trancher par un gouvernement ?
Le nouveau gouvernement disposera d’une majorité de 65 voix et il ressemblera à s’y méprendre au précédent avec le même risque d’instabilité. Il suffit qu’un seul parti décide de quitter la coalition pour que tout soit à nouveau remis en question. On comprend mieux la volonté de Netanyahou de neutraliser les micro-partis en élevant le seuil électoral à 5%. Il est probable que cela sera sa principale préoccupation après le règlement de ses problèmes judiciaires. 

Dernière minute jeudi 23 mai 20h

Avigdor Lieberman se retire de la coalition en raison d'un désaccord avec les partis orthodoxes. Netanyahou envisage donc un gouvernement minoritaire de 60 députés.

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