GOUVERNEMENT :
FIN DU SCÉNARIO DE DRAMATISATION
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Orthodoxes |
Le
premier ministre a suffisamment joué de dramatisation pour qu’à quelques jours
de la date butoir, tout rentre dans l’ordre. Les partis politiques ont accepté de
cacher sous le tapis certaines de leurs exigences car le temps
presse. Benjamin Netanyahou n’a pas d’autre choix que de respecter certaines
des doléances des leaders de la future coalition. Alors, il a donné l'impression que la situation était bloquée pour mieux rebondir.
Magasin d'échelles (vente à durée limitée) |
Mais lassé des diktats, il avait brandi la menace de
nouvelles élections en ayant au préalable modifié la loi électorale pour
élever le seuil minimum de 3,25% à 5% afin de limiter le nombre de petits
partis exigeants. Il tient absolument au bipartisme comme dans tous les pays occidentaux
et en coulisses il pense trouver un accord avec Bleu-Blanc de Benny Gantz pour cette
modification électorale afin de garantir dans l'avenir une majorité stable, sans
marchandage. Il semble que cette menace
ait fait réfléchir tous ceux qui ne sont plus sûrs de disposer au moins de six députés, le minimum actuel étant de quatre.
De toute façon, il n’a jamais
été question pour les petits partis de recourir à de nouvelles élections avec
le risque d’être sanctionnés par les électeurs. Il s’agissait d’une menace qu’ils
ont brandi en l’air, sans conséquence. Il était inconcevable pour leurs dirigeants de renoncer à l’attrait d’un
portefeuille ministériel avec l’honneur et les avantages qui en découlent.
Mais la stratégie de
dramatisation avait pour but de réduire les doléances de leaders exigeants,
contraints de se plier au programme imposé par le premier ministre. Ils
devaient donner l’illusion qu’ils se battaient bec et ongles dans l’intérêt de
leurs électeurs mais que les concessions ont été dans l’intérêt national.
Le gouvernement sera donc constitué
dans les temps avec la nécessité pour certains d’avaler des couleuvres. La
résolution des problèmes délicats est reportée après la mise place du
gouvernement. Il en est ainsi des questions de conversion qui resteront en
dehors des accords de coalition. Les extrémistes ultrareligieux, qui s’opposent
aux valeurs les plus fondamentales d’Israël, ont cependant eu gain de cause car
le premier ministre a besoin d'eux pour rester au pouvoir.
Alors pour les satisfaire en
partie, de nouvelles lois vont être votées au risque d’écorner la démocratie.
Une loi pour voter l'immunité des députés soupçonnés de corruption, une autre
pour réduire les pouvoirs de la Cour suprême transformée en organe purement
consultatif dont les décisions n’auraient aucun pouvoir contraignant, un texte
pour la fermeture du pays le samedi, un autre pour exempter les ultra-orthodoxes du
service national et enfin un déblocage de millions de shekels pour les institutions
religieuses.
Négociations entre le Likoud et les religieux |
Les premiers à signer l’accord
de coalition seront les partis religieux sachant qu’Avigdor Lieberman attend de
voir officiellement le contenu pour décider définitivement de sa participation
qui ne fait plus aucun doute. En effet, lors d'une réunion quadripartite comprenant
des représentants du Judaïsme uni de la Torah, du Shass et de l'Union des
partis de droite, les principaux points d’accord ont été tranchés. Mais en ce qui
concerne les conversions, il a été décidé de ne pas modifier le statu quo
actuel ce qui constitue un revers pour Avigdor Lieberman qui avait exigé que le
processus de conversion soit modifié et adapté aux Juifs qui ne se sont pas
convertis au judaïsme en Israël, faisant ainsi référence à ses amis immigrés
russophones dont 30% au moins ne sont pas juifs selon les canons de la Halakha.
Par ailleurs, la décision a été
prise de ne pas avancer le «Plan du mur occidental», qui implique la
reconnaissance de fait des courants conservateurs et réformés en garantissant
une place qui leur sera réservée. Le député Oded Forer d’Israël Beitenou, qui
négocie avec le Likoud, estime que : «Nous nous opposerons fermement à
un État halakhique. Nous souhaitons promouvoir les mêmes questions que le
Premier ministre avait précédemment approuvées - en adoptant les conclusions du
Comité Nissim sur la conversion. Nous serons un frein qui ne permettra pas la
coercition religieuse dans le prochain gouvernement de droite».
M comme Machiavel |
Cette question de principe sera
certainement balayée devant le pragmatisme de Lieberman qui a cependant vu presque toutes
ses revendications écartées. Mais pour l'amadouer, Benjamin Netanyahou, fin stratège politique,
a déjà organisé dans ses bureaux une réunion avec Lieberman, le chef d'État-major
Aviv Kohavi et le directeur de l'ISA Nadav Argaman, qui confirme ainsi le
retour très probable de Lieberman au ministère de la défense.
Tous les blocages
sont ainsi levés qui permettent d’annoncer, après une certaine dramatisation,
la constitution in extremis du nouveau gouvernement disposant d’une majorité de
65 députés.
Le silence de Moshé Kahlon est
éloquent. Avec ses quatre députés, il ne pèse plus rien et il n’est même pas
indispensable. Il s’est plié aux conditions de Netanyahou qui veut encore le
neutraliser aux finances. Au cours du dernier mandat, il avait réussi à contrecarrer,
avec l’aide de Lieberman, les aspirations des membres du Likoud qui cherchait
déjà à détruire le système judiciaire. Aujourd’hui il n’a plus la même influence.
Smotrich |
Le seul à tenter un baroud d’honneur,
avec ses cinq députés, reste Bezalel Smotrich qui fait partie de la faction la
plus extrême à droite, soutenue par les kahanistes et dirigée de fait par des
rabbins s’opposant à tout ce que l'État juif a accompli, sous l’influence du
rabbi ultra orthodoxes de Gur, un leader aux coutumes considérées comme
problématiques et étranges. Smotrich n’arrive pas à la hauteur de Naftali
Bennett et encore moins d’Ayelet Shaked. Malgré cela, en leur absence, il exige exclusivement les
ministères de la Justice et de l’Éducation. Il fait encore de la résistance pour
le principe mais il n’est plus suivi par les orthodoxes. Il multiplie les
exigences pour que quelques unes au moins soit acceptées afin de se glorifier auprès de ses électeurs. Ainsi, il prône que l’armée organise
des unités séparées strictement réservées aux hommes et aux femmes pour les
soldats religieux. Est-ce vraiment une doléance à trancher par un gouvernement ?
Le nouveau gouvernement disposera d’une majorité de 65 voix et il
ressemblera à s’y méprendre au précédent avec le même risque d’instabilité. Il
suffit qu’un seul parti décide de quitter la coalition pour que tout soit à
nouveau remis en question. On comprend mieux la volonté de Netanyahou de
neutraliser les micro-partis en élevant le seuil électoral à 5%. Il est probable que cela sera sa principale préoccupation après le règlement de ses problèmes judiciaires.
Dernière minute jeudi 23 mai 20h
Avigdor Lieberman se retire de la coalition en raison d'un désaccord avec les partis orthodoxes. Netanyahou envisage donc un gouvernement minoritaire de 60 députés.
Dernière minute jeudi 23 mai 20h
Avigdor Lieberman se retire de la coalition en raison d'un désaccord avec les partis orthodoxes. Netanyahou envisage donc un gouvernement minoritaire de 60 députés.
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