On ne
remontera pas à l’année 1947 lorsque les Arabes ont refusé le plan de partage
israélo-arabe qui aurait permis alors la création d’un État palestinien.
L’Histoire est jalonnée de cas répétés où l’intransigeance, voire
l’inconscience, a mené à un vide absolu. Ils n’ont pas compris qu’il était
stérile de s’opposer frontalement aux États-Unis même s'ils ont un a priori favorable vis-à-vis
des Israéliens. La décision de boycotter la conférence économique à Bahreïn,
dans le cadre du «deal du siècle» est un non-sens.
Muhammad al-Sheikh |
Le journaliste
saoudien Muhammad al-Sheikh a conseillé à l'Autorité palestinienne de répondre
à l’invitation américaine : «Vous avez manqué de nombreuses occasions
d'annexion de Jérusalem de 1948, et vous n'avez excellé que dans la haine, les
insultes, les malédictions et blâmer les autres pour avoir négligé votre cause.
L'atelier de Bahreïn - profitez-en et vous serez un peu satisfait, parce que
vous n'avez pas d'autre carte à jouer». En fait le journaliste a soulevé
indirectement la question du leadership palestinien.
Les structures de l’Autorité
palestinienne et de l’OLP ont montré leurs limites et la présence au sommet
l’un leader de 83 ans fait débat. Chaque semaine on aborde les problèmes de
santé de Mahmoud Abbas mais l’on constate qu’il ne s’est jamais aussi bien
porté que lors de ses voyages et de ses rencontres. Il refuse d’aborder la
question cruciale de sa succession alors que quelques noms circulent sous le manteau
avec la volonté de ne pas brusquer les choses, comme si le temps ne pressait
pas.
Une décision à froid et un débat sérieux sur la réforme du système
politique et des méthodes de gouvernement s’imposent pour trancher sur le
leadership politique. Les médias palestiniens sont verrouillés et aucun
dirigeant n’ose sortir du rang pour dire qu’il est temps que les Palestiniens
s’orientent vers la démocratie et l’indépendance.
La grande anomalie palestinienne
réside dans les pouvoirs concentrés par un seul homme, sorte de «guide
suprême», principe qui ne peut fonctionner que dans le dictatures
autocratiques religieuses. Les Palestiniens n’ont pas réussi à choisir un
modèle efficace et durable, passant du père de la nation Arafat, au technocrate
Fayyed soutenu par l’Occident puis au partenaire de la paix Abbas alors qu’une
gouvernance collective aurait pu faire avancer leur projet.
L’OLP et l’AP sont
devenus des structures obsolètes qui ne préparent pas à l’avènement d’un État
avec ses attributs symboliques. Le peuple palestinien n’a pas droit au chapitre
et il est temps qu’il songe à une gouvernance collégiale, incorporant quelques
femmes, pour éviter la concentration des pouvoirs en une seule main. Le
gouvernement palestinien est une chambre d’enregistrement sans pouvoir réel
puisque Mahmoud Abbas décide des questions intérieures et sociales, des
affaires étrangères, des affaires économiques et des affaires de la jeunesse.
Le Conseil législatif palestinien (CLP) et le Conseil
national palestinien (PNC) sont des structures inefficaces et peu légitimes,
totalement bloquées en raison de la politique des factions. Il n’existe pas de
structure de contrepoids indispensable pour éviter la dictature. L’opposition
n’a aucune représentativité tandis que le gouvernement est une structure
fantôme.
Le président palestinien a nommé l'un de ses proches,
Mohammad Chtayyeh, comme premier ministre afin de renforcer l'emprise de son
parti, le Fatah, au détriment du Hamas, lequel ne «reconnaît pas le
gouvernement séparatiste car il a été formé sans consensus national. Le nouveau
gouvernement reflète l'unilatéralisme d'Abbas et son monopole du pouvoir». Cependant,
l'Autorité, au sein de laquelle le président n'a pas de réelle opposition, est
largement discréditée auprès des Palestiniens qui lui reprochent corruption et
incapacité à mettre fin à l'occupation israélienne.
Mohammad Chtayyeh |
Selon la Maison Blanche : «L'administration
Trump dévoilera la première phase de son projet tant attendu pour la paix au
Moyen-Orient le mois prochain lors d'une conférence régionale qui devrait
révéler les avantages économiques qui pourraient être récoltés si le conflit
israélo-palestinien est résolu». Ce plan, élaboré au cours des deux
dernières années, prévoit des investissements et des travaux d’infrastructure à
grande échelle dans les territoires palestiniens. Les dirigeants palestiniens
ont déclaré qu'ils n'avaient pas été consultés sur cette conférence économique
organisée par les États-Unis. Le gendre du président américain, Jared Kushner, a
conçu un projet axé sur quatre composantes principales, les infrastructures,
l'industrie, l'autonomisation et l'investissement dans les ressources humaines,
ainsi que les réformes de la gouvernance.
Jared Kushner |
Les ministres des Finances de différents gouvernements
ont été invités à ce séminaire, notamment des représentants américains,
israéliens et arabes mais Mahmoud Abbas estime qu’il n’a pas été «consulté
sur cette réunion, ni en ce qui concerne les tenants et les aboutissants, le
calendrier, la forme ou le contenu» et donc ne participera pas au séminaire
de Bahreïn. Il creuse la tombe d’un État palestinien.
Les Palestiniens ratent encore une occasion comme
s’ils avaient peur de faire un pas vers la paix. Mais tous les clans parlent à
l’unisson. Ils estiment que la solution politique doit précéder les questions
économiques. Ahmed Al-Modallal, dirigeant du Djihad islamique saute à pieds
joints sur l’occasion : «Le peuple palestinien refuse les solutions
économiques et les initiatives visant à normaliser les relations israélo-arabes
au détriment de nos droits politiques et juridiques. Les nations arabes et
musulmanes doivent prendre notre parti face à cette injustice». En écho, Kaied
al-Ghoul, membre du comité central du mouvement du Front populaire palestinien
confirme que : «Le séminaire de Bahreïn est un piège empoisonné, destiné à
prouver que les Palestiniens sont le bouc émissaire de la non-normalisation israélo-arabe. Les Palestiniens sont unis face à des tentations
aussi minables de compromettre notre cause en échange de légères améliorations
de nos conditions de vie».
Kaied al-Ghoul |
De son côté et sans surprise, le Hamas refuse l’accord
du siècle. Mais il est inadmissible que des hommes d'Eglise, censés favoriser tout ce
qui peut conduire au dialogue et à la paix, prennent une position négative pour
éloigner toute solution pacifique du conflit israélo-palestinien. En effet, Theodosios
Hanna, archevêque de Sebastia, du Patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem, a
qualifié « l'atelier de Bahreïn d’enchère douteuse sur les droits des
Palestiniens qui refusent d'être soumis au chantage et de subir des
pressions en utilisant leurs besoins financiers pour compromettre leurs droits».
Theodosios Hanna |
Il va plus loin
puisqu’il adjure le Bahreïn de refuser d’accueillir cet événement et revient à
la sémantique arabe périmée : «La cause palestinienne n'est pas
seulement une question d'amélioration des conditions de vie, mais aussi une
lutte contre l'occupation. Il n'y a pas d'autre solution que de mettre fin à
cette occupation et de donner à notre peuple palestinien tous ses droits».
Mais il est aussi étonnant que des hommes d'affaires
palestiniens sans affiliation politique aient refusé l’invitation de Donald
Trump. Plus incompréhensible est
l’attitude de Bachar Masri, fondateur de la nouvelle ville de Rawabi, qui a
collaboré étroitement avec les Etats-Unis et Israël ces dernières années, et
qui a rejeté l'invitation américaine qui, selon lui, «va à l'encontre du
consensus national palestinien. Nous, Palestiniens, sommes capables de faire
évoluer notre économie sans interventions extérieures». On se pose la
question de l’évolution de l’économie palestinienne qui croule sous les
aides.
Bachar Masri |
C’est à désespérer de la bonne volonté du monde
occidental qui cherche à faciliter le dialogue et qui veut appliquer le
principe de la paix par l’économie. Ce n’est pas la première fois que Mahmoud
Abbas, dont le mandat est pourtant terminé depuis 2009, rate une occasion parce qu’il est certainement satisfait du statu quo qui
garantit son pouvoir et ses revenus personnels et ceux de sa famille. Il offre
de l’eau au moulin de ses adversaires nationalistes juifs qui voient dans
l’intransigeance palestinienne la confirmation qu’ils n’ont pas de partenaires et
qui, de ce fait, n'auront aucune réticence à prendre des décisions unilatérales d’annexion.
1 commentaire:
Il serait quand meme bon de rappeler aux lecteurs que le but poursuivi par les directions palestiniennes quelque soient l'appellation qu'elles se donnent sous le non de Fatah, Hamas, OLP...) n'est autre que l'élimination d'Israel que ce soit par un processus dit de "paix" -par étapes- ou par la guerre en version Hamas. Que l'on n'a pas entendu un leader ou meme un protestataire palestinien désavouer ce but dans la droite ligne d'Arafat et ses successeurs idolatres du Grand Mufti de Jérusalem ,l'allié des Nazis.. Ce pourquoi contrairement au titre de l'article ,les Palestiniens ne manquent pas une occasion mais ne VEULENT PAS faire une paix exhaustive. Ce qui ne les empeche pas de signer des accords partiaux tant que le but en question n'est pas remis en cause. Comme on dit "le diable se cache dans les détails".Ces détails sont entre autres le droit au retour de millions de palestiniens, l'occupation sous leur houlette de Jerusalem -avec la benediction et l'encouragement du Vatican pour des raisons théologiques qui sont celles véritables du Mgr catholique orthodoxe qui ne supporte pas que des juifs opérent un retour national sur cette terre au risque de menace theologique pour l'ideologie du christianisme alors que ce dernier sait pertinemment que les églises disparaissent par aggression musulmanes dans les territoires palestiniens. Il n'est pas evoqué non plus l'enseignement de la haine promue dans les manuels scolaires palestiniens tant à Gaza que dans les territoires dits "occuppés". La solution de partage "rationnel" n'existe que dans la tete des Occidentaux et de la Gauche laquelle à force de s'obstiner ne fait que perdre des élections.
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