FRAPPES EN SYRIE, UN TEST ISRAÉLIEN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Des sources syriennes ont rapporté que, le 29 novembre,
des attaques aériennes israéliennes ont eu lieu en trois vagues sur des zones
proches de Damas, durant 75 minutes, les plus grandes jamais menées contre la
Syrie. Des missiles ont frappé Al
Kiswah, au sud de la capitale, Qanaqar au sud-ouest, et Quneitra, près du Golan
israélien. Les autorités israéliennes n’ont ni confirmé et ni démenti ces actions
car elles n’ont pas l’habitude de commenter des informations de source
étrangère.
Rami Abdul Rahman |
Mais le chef de l'Observatoire syrien des droits de
l'homme basé à Londres, Rami Abdul Rahman, a révélé que «les forces
israéliennes ont bombardé pendant une heure. Deux missiles ont touché Kiswah,
où existent des dépôts d'armes appartenant au Hezbollah et aux forces
iraniennes, dans lesquels étaient stockées temporairement les roquettes jusqu'à ce qu'elles soient
transférées au Liban ».
Ces frappes, même si elles ne sont pas revendiquées par
le gouvernement israélien, constituent
un test grandeur nature à plus d’un titre. L’aviation militaire a ouvert de nouveaux
couloirs aériens sécurisés pour traverser l’espace syrien en évitant au mieux
les systèmes de défense antimissiles S-300. Le résultat semble probant. Tsahal
a par ailleurs testé la réactivité russe aux attaques contre l’Iran et le
Hezbollah et a vérifié si les S-300, déjà livrés et installés, sont opérationnels en dehors de la zone de protection des basses russes. Israël a eu ainsi la confirmation que ces nouveaux équipements sont loin de pouvoir être utilisés
par les soldats syriens qui n’ont pas encore acquis la formation nécessaire pour
les faire fonctionner.
La seule réaction syrienne a consisté en un tir d’un
missile sol-air en direction du Golan où des débris d’un missile ont été
retrouvés le vendredi 30 novembre. Enfin cette action confirme que Benjamin
Netanyahou est toujours décidé à combattre la présence iranienne en Syrie en
poursuivant «la coordination avec l'armée russe».
Cette fois, l’aviation israélienne a innové en utilisant
deux types de missiles sol-sol ; d’une part le Lora à portée de 400
kms et d’autre part le Tamuz guidé à courte portée. Le Lora utilise une
combinaison de GPS et de télévision pour le guidage et peut être lancé à partir
d'un navire à l'intérieur d'un conteneur standard. Les chasseurs israéliens ont
évolué au dessus de 15 sites, appartenant au corps des Gardiens iraniens de la
révolution, aux milices pro-iraniennes et au Hezbollah dans une zone s’étendant
des pentes syriennes du Hermon au nord, jusqu'au centre de commandement iranien
à Izra, au nord de Daraa au sud.
Israël a visé le village d’Al-Zabadani, sur la
route reliant Damas à Beyrouth, entièrement investi par le Hezbollah qui y a
établi ses postes de commandement, ses camps d’entraînement ainsi que ses
dépôts de munitions et de roquettes. Tsahal a aussi touché la «Maison de
verre» à Al Kiswah, au sud de Damas, qui représente le poste de
commandement central de l'Iran en Syrie. Il s’agit en fait de la plus grande
opération israélienne depuis les frappes du 10 mai 2018 sur 52 sites iraniens
et syriens.
Contrairement aux informations arabes, le porte-parole de
Tsahal a déclaré qu’aucun avion israélien n’avait été touché. L'agence de presse
russe RIA avait rapporté que des défenses anti-aériennes avaient abattu un
avion de guerre israélien et quatre missiles, mais elle a vite démenti
l’information. L’agence de presse officielle SANA s’est contentée de rapporter que
les Syriens avaient repoussé les «cibles hostiles» dans la
région d'Al-Kiswah. Ont été aussi visés
les postes de commandement et les structures de deux brigades syriennes qui permettaient
à des officiers syriens de commander un regroupement de miliciens du Hezbollah,
de milices pro-iraniennes chiites et palestiniennes. Des missiles israéliens
ont également frappé la 90ème brigade de l'armée syrienne, qui contrôle la zone
située au nord de Quneitra et la 112ème brigade, située au sud du Golan.
Cette attaque a fait de nombreuses victimes parmi les
Iraniens, le Hezbollah et les alliés chiites. On pense même que des dégâts ont
été occasionnés à l'armée syrienne. Aucun bilan humain n’a été publié tandis que l’armée
russe est restée silencieuse. Il faut dire qu'elle est occupée avec le problème ukrainien. Ces frappes sont les premières depuis la
destruction accidentelle par les forces syriennes d'un avion de reconnaissance
russe avec quinze militaires à son bord le 17 septembre, lors d'une incursion
de l'aviation israélienne dans la région de Lattaquié. Moscou avait alors accusé
Israël d’être indirectement responsable. Mais à l'occasion de ces nouvelles frappes, le gouvernement syrien n’a pas mis en cause les Israéliens, certainement pour éviter de mettre les Russes dans
l’embarras.
Ces frappes constituent aussi un avertissement au Liban
qui prend de plus en plus de risques. En effet la compagnie aérienne iranienne,
affiliée aux Gardiens de la révolution, a transféré au Hezbollah des systèmes
d’armes perfectionnés et des GPS destinés à convertir des projectiles imprécis en
missiles à guidage de précision. Un Boeing 747 de la compagnie iranienne Fars Air Qeshm, a été affrété par les
Gardiens pour transporter des armes de contrebande à destination des alliés de
Téhéran, en utilisant un vol civil direct le 29 novembre 2018, reliant Téhéran
à Beyrouth. Le biréacteur Jumbo, immatriculé EP-FAB, a décollé sur le vol QFZ9964 et a atterri au Liban. Le Liban collabore donc avec l’Iran pour faire passer des armes perfectionnées au
Hezbollah. Il risque d’en payer les conséquences car il a décidé de sortir de sa
neutralité.
Amos Yadlin |
Selon le général Amos Yadlin, directeur de l'Institut
national d'études sur la sécurité nationale : «Le Liban permet à
l’Iran de changer de tactique en réduisant sa présence en Syrie en faveur du
Liban et de l’Irak. En dehors de la colère des Russes envers nous, je suppose
qu'ils ont également transmis des messages sévères aux Iraniens. La stratégie
de la Russie est de stabiliser la Syrie alors que l'Iran le désorganisait en
développant ses installations de missiles de précision. Un conflit entre l'Iran
et Israël sur le territoire syrien ne serait pas bénéfique pour la Russie. Un
changement dans l'activité iranienne est déjà perceptible en Syrie».
Le Hezbollah a senti le danger et a réagi immédiatement en publiant une vidéo avec sous-titres en hébreu. Hassan Nasrallah a menacé Israël des pires représailles en cas d'attaque contre le Liban : "Vous allez vous mordre les doigts si jamais vous vous en prenez au Liban". La vidéo met également en scène des hommes du Hezbollah attaquant d'importantes cibles israéliennes, dont les raffineries, les bases de l'armée de l'air, le siège de la centrale nucléaire de Dimona et le QG de l'armée israélienne à Tel-Aviv. Chacun a le droit à ses rêves.
Les citoyens libanais sont aussi exaspérés par cette situation qui les transforme en victimes. Un groupe d’activistes, d’avocats, de journalistes et de professeurs d’université ont annoncé la mise sur pied du comité constitutif d’un nouveau rassemblement ayant pour objectif de réhabiliter la souveraineté de l’État libanais en contrant le Hezbollah et ses ambitions au Liban par des moyens pacifiques.
Les citoyens libanais sont aussi exaspérés par cette situation qui les transforme en victimes. Un groupe d’activistes, d’avocats, de journalistes et de professeurs d’université ont annoncé la mise sur pied du comité constitutif d’un nouveau rassemblement ayant pour objectif de réhabiliter la souveraineté de l’État libanais en contrant le Hezbollah et ses ambitions au Liban par des moyens pacifiques.
4 commentaires:
Comme d habitude des informations exceptionnelles .
Mais que peut faire israIs face au menaces au nord qui prennent de l empleur.
On voit les avions iraniens arriver à Beyrouth et après ils déchargent tranquillement leur matériel.
C est étonnant en plus Israël à donné les détails des lieux de stockage, donc on doit avoir peur des représailles du Hezbollah ?
Papier très complet.
La grande question est: Est-ce qu'il y a eu coopération avec les russes qui ont laissé faire ou bien les ingénieurs de Tsahal ont-ils réussi à casser les codes des S300 et S400 (comme certaines sources l'affirment) ?
La réponse à cette question est déterminante pour la liberté d'action d'Israël dans la région.
Cher monsieur Benillouche,
Nous vivons des temps difficiles où les Archiducs-héritiers, susceptibles de se faire assassiner, ne courent plus les rues. Il est donc devenu pratiquement impossible de déclarer une bonne guerre à l'ancienne ! Et voilà qu'on est contraint de se contenter de la tester avec des frappes plus ou moins bien ajustées, en espérant que finalement le résultat soit le même, tout en étant évidemment beaucoup plus "trendy", comme il se doit dans notre nouveau monde !
Très cordialement.
Très... très bien !!! Son juste droit de nation libre, qu'ISRAEL se défende face à ses ennemis.
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