L’IRAN ENTRETIENT SA CAPACITÉ DE NUISANCE EN
SYRIE
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Qasem Soleimani |
La tension entre l’Iran
et les Etats-Unis a atteint son paroxysme avec la décision de Donald Trump
d’accentuer les sanctions. Au lieu de faire profil bas pour ne pas fermer la
porte à un éventuel dialogue, le commandant iranien de la Force Al Qods des Gardiens
de la révolution, Qasem Soleimani, a été envoyé au
feu pour menacer les États-Unis s'ils envisageaient une éventuelle action militaire contre
l’Iran.
Dans son envolée
prétentieuse lors de son discours prononcé dans la ville de Hamadān, il a
déclaré que le président Trump pouvait lancer la guerre, mais que «ce
sera l'Iran qui le conclura». En soulignant les échecs
américains en Irak, en Afghanistan et au Yémen, Soleimani a aussi averti les
Américains que leur présence en mer Rouge était risquée. Il est vrai qu’il ne
faisait que soutenir son président Hassan Rohani qui avait menacé de fermer le
détroit d'Hormuz si un embargo sur le pétrole était imposé à l'Iran.
Pour donner plus de poids à sa déclaration, Soleimani a mis en ligne une vidéo inédite le montrant
dans la région frontalière entre la Syrie et l’Irak. Par ailleurs, l'agence de
presse iranienne Tasnim a publié le 22 juillet une autre vidéo sur la capture
de la ville d'Abou Kamal en Syrie par les combattants de la brigade Fatemiyoun,
la milice afghane opérant sous le contrôle des Iraniens et des Gardiens de la
révolution. Il s’agit d’impressionner l’Occident sur les capacités réelles des
troupes de Qasem Soleimani.
Ces derniers mois, l’Iran a consolidé son emprise sur les zones
entourant le passage de la frontière d’Abou Kamal entre la Syrie et l’Irak, en
utilisant les milices chiites sous son contrôle. Cette traversée revêt une
grande importance stratégique, car la ligne de démarcation entre l’Iran,
l’Irak, la Syrie et le Liban la traverse. Les milices irako-chiites et le
Hezbollah libanais ont joué un rôle central dans la capture de cette ville en marquant
la fin de Daesh en tant qu'entité gouvernant le territoire. Le Hezbollah, la
milice chiite irakienne Harakat al-Nujabaa, une force de la brigade Fatemiyoun
et une force de la brigade pakistanaise Zeynabiyoun, ont tous participé à la
capture d'Abou Kamal. Toutes ces milices étaient commandées ou conseillées par
des officiers iraniens ce qui explique d’ailleurs que plusieurs d’entre eux ont
été tués dans des combats contre Daesh.
François Sénémaud |
La France a fait preuve
d’activisme dans cette affaire. François Sénémaud, ancien ambassadeur de France
à Téhéran, envoyé spécial du président français en Syrie, a rencontré Hossein
Jaberi Ansari, conseiller du ministre iranien des Affaires étrangères, pour s’entendre
dire que l’Iran soutenait une solution politique à la crise en Syrie et qu’il
n’existait pas de solution militaire. L’Iran, en revanche, œuvrait
pour l’éradication des groupes terroristes dans le pays. Naïfs, Quai d’Orsay en
tête, sont ceux qui croient à ces affirmations.
Le 31 juillet, des
délégations des trois États garants du processus d’Astana, l'Iran, la Turquie
et la Russie ont participé à une conférence à Sotchi, en Russie pour aborder un
éventuel règlement de la guerre. Le conseiller du ministre des Affaires
étrangères, Hossein Jaberi Ansari, conduisait la délégation iranienne. Le
résultat de cette réunion figure en toutes lettres dans la déclaration finale ;
il s’agit de préserver la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité
territoriale de la Syrie. Suite à cette réunion, l’envoyé de l’ONU en Syrie,
Staffan de Mistura, a planifié des discussions à Genève sur l’avenir de la
Syrie en septembre.
De son côté,
l'ambassadeur de Russie en Israël, Anatoly Victorov, a voulu minimiser le rôle
de la Russie. Il a précisé que la présence iranienne en Syrie était légitime et
que Moscou avait peu d’influence sur l'Iran. Il ne trouvait pas
réaliste d’exiger le retrait des «forces étrangères» du territoire
syrien. Il a ouvertement confirmé que l’aide des milices chiites et des conseillers militaires iraniens jouent un rôle indispensable dans la lutte commune contre
les terroristes en Syrie. La Russie n’a pas les moyens de contraindre l'Iran à
se retirer de Syrie, mais elle peut essayer de le convaincre de le faire. C’est
vraiment ne pas connaitre la Russie que de croire à ces affirmations d’impuissance
vis-à-vis de l’Iran.
Laverentiev |
L'envoyé spécial du
président russe en Syrie, Alexander
En revanche les media
sont très discrets sur ce qui se passe au sud de l’Irak où des émeutes ont lieu.
Les manifestants ont exprimé leur colère
contre l’Iran et surtout contre son implication en Irak. Les Irakiens affichent
de plus en plus leurs critiques mais paradoxalement les chiites irakiens se joignent à présent à la contestation ce qui pourrait miner la position de l’Iran dans le pays.
Le directeur du Centre
arabe des études iraniennes, Mohammad Saleh Sadaghian, explique que les
derniers développements en Irak avaient nui au soutien de l’Iran parmi le
public irakien. Pour lui, la principale raison de ces manifestations est la
corruption politique et économique. Il a critiqué les méthodes de l’Iran en
Irak consistant à couper l’électricité, voire l’eau. Téhéran a arrêté la fourniture de courant pour
faire pression sur les courants politiques en Irak.
Ainsi la situation
politique de l’Iran s’effrite à l’intérieur comme à l’extérieur de ses
frontières. L’application des nouvelles sanctions américaines ne pourra qu’aggraver
la situation au sein d’une population qui commence à être lasse de la politique
de son gouvernement.
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