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jeudi 2 août 2018

Réflexions sur les lacunes de la défense aérienne syrienne



RÉFLEXIONS SUR LES LACUNES DE LA DÉFENSE AÉRIENNE SYRIENNE

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps
            
Pantsir S1

          Il est difficile de croire que l’armée syrienne soit incompétente au point de laisser Tsahal naviguer en toute liberté et en toute impunité dans le ciel syrien. La défense aérienne est véritablement inopérante pour contrer l’aviation israélienne qui cible les infrastructures et les forces iraniennes en Syrie. Il semble qu’il y ait de véritables raisons à cela.


Base T4 en Syrie


Le 8 juillet 2018, lors de l’attaque de la base aérienne T-4, les systèmes de défense n’ont pas réussi à abattre l’un des avions israéliens tandis que tous les autres ont réintégré leur base sains et saufs. Il s’agissait de la quatrième attaque. Une exception cependant, les Syriens ont réussi à frapper à l’aide d’un missile russe S-200 un chasseur F-16 qui s’est écrasé sur le sol israélien.  Mais ce missile, connu sous le code SA-5 de l’Otan date de 1966, c’est dire la vétusté du système.

La question de l'état opérationnel des nouveaux systèmes modernes, Buk M2 et Pantsir S1, livrés par la Russie est légitime. Ils n’ont pas été utilisés contre Israël et encore moins contre les avions américains qui avaient bombardé les usines d'armes chimiques en avril 2018. Selon les services de renseignements, deux systèmes Pantsir S1, déployés sur la base aérienne T-4, sont en cause.  Les Russes ont volontairement neutralisé, avant de les livrer, certains composants pour limiter leurs performances et il semble qu’ils le fassent systématiquement pour toutes les commandes «export» pour éviter que les spécifications techniques soient dévoilées auprès de l'ennemi.
Les experts du CERS (Centre d'études et de recherches scientifiques syrien) ont analysé les systèmes livrés en Syrie pour déterminer leurs paramètres techniques et opérationnels. Ils ont constaté qu’ils ne correspondaient pas aux spécifications techniques des manuels livrés avec les contrats signés. Pour se défendre, les Russes ont soulevé la faible compétence des équipes syriennes en charge des systèmes et ont réfuté tout dysfonctionnement technique.  
Ce n’est pas la première fois que ce genre de réclamation intervient. Dans les années 1960/1970, les Égyptiens avaient fait la même constatation auprès des Soviétiques. Ils ont d’ailleurs reporté sur eux les échecs des forces armées égyptiennes et syriennes lors de la guerre des Six-Jours de 1967. Pour les Russes, c’était la même rengaine à l’époque et cela n’a pas changé : les équipes arabes n’étaient pas suffisamment qualifiées.

Tsahal vient de publier une vidéo dans laquelle on constate clairement que le Pantsir syrien n'était pas en mode opérationnel alors que trois militaires étaient à ses côtés. On n’explique pas la facilité avec laquelle le véhicule de défense antiaérienne Pantsir-S1, pas du tout camouflé, a été détruit. Les experts militaires expliquent que le véhicule antimissile n'était absolument pas paré au combat, et était en mode non-déployé. Les missiles et les canons n'étaient même pas orientés dans la direction des éventuels tirs. Il était incapable de repousser l'attaque israélienne en Syrie et il n’a pas répondu aux attentes. Pourtant, les missiles du Pantsir sont à même d'éliminer une cible de surface de l'ordre de 0,01 m², se déplaçant à 1.200 m/s. Le personnel qui le manipule n’a pas besoin d’une haute qualification et des spécialistes de niveau moyen peuvent accomplir cette tâche.

Moscou a fourni une quarantaine de systèmes antiaériens Pantsir-S1 à Damas. Ce système mobile comprend deux canons bitubes de 30 mm dont chacun a une cadence de tir de 40 coups par seconde, ainsi que 12 missiles sol-air d'une portée de 20 km. Le système est doté de radars de détection et de suivi des cibles et est capable de détruire n'importe quelle cible volante entre cinq mètres et 15 km d'altitude, qu'il s'agisse d'un avion ou d'une bombe guidée. Il peut se déplacer à une vitesse de 100 km/h et mener un tir de précision en mouvement, ce qui est normalement une mission impossible pour ses concurrents étrangers. Son rôle est de protéger les convois de matériels contre les raids aériens ennemis. 
Mais cela est la théorie. Des officiers syriens de haut niveau des forces de défense aérienne ont à nouveau participé aux tests du système Pantsir S1, en présence de Russes et de spécialistes du radar de l'institut CERS. Ils utilisaient un système de brouillage électronique TACAN de fabrication coréenne installé à bord d'un hélicoptère Mi-17 de la 59e Brigade aérienne. L’essai a été effectué à la base aérienne syrienne de Hmeimim qui accueille la force aérienne russe opérant en Syrie. Lorsque les équipes russes qui exploitaient les systèmes Pantsir S1 ont tenté de faire face au brouillage visant leurs systèmes, elles ont échoué dans leurs tentatives d'éviter le brouillage, bien que ces systèmes contiennent 30 circuits électroniques spéciaux destinés à traiter le brouillage. Les spécialistes russes ont alors ordonné à l'équipe à bord de l'hélicoptère de désactiver immédiatement le système de brouillage électronique. Le test a été négatif ce qui explique l'incapacité des systèmes déployés en Syrie à faire face aux attaques israéliennes. Certes, les missiles lancés remplissaient le ciel à chaque frappe, mais ils ressemblaient plus à un feu d'artifice qu'à l'effet des systèmes modernes de défense aérienne.
Le commandant adjoint des forces aériennes russes ne trouve qu’une seule explication à cette lacune : soit le système antimissile était désactivé et pas prêt au combat, soit les réserves de munitions du complexe étaient épuisées. Il n’a pas voulu aborder la troisième explication plus plausible, le système a été volontairement bridé. Il justifie par ailleurs le temps minimum de trois à cinq minutes pour activer le Pantsir alors que les avions de chasse israéliens ont un délai d’accès aérien proche de zéro. La solution de garder le système en état d’alerte permanent «n’est pas réaliste car il épuiserait les militaires». De là à dire qu’il y a une certaine complicité russo-israélienne, il n’y a qu’un pas.


1 commentaire:

André ZEP a dit…

il y a un facteur intéressant, dans l'allégation que la guerre des 6 jours aurait été perdue non pas à cause de l'immaturité égyptienne relevant donc du dictateur Nasser, mais de ces pauvres Russes !

☼ la Russie a besoin de tester en réel ses équipements face au monde Libre... Et elle se priverait de cette possibilité ?

☼ la Russie a besoin d'exporter son matériel, pour survivre économiquement, et quelle meilleure carte de visite que d'abattre les meilleurs éléments US ou Occidentaux !
Et elle se priverait de cette possibilité ?

☼ il y a une chose que je crois savoir, c'est la notion de "vital" et de "motivation" dans une armée.
Les armées arabes sont mauvaises parce que, probablement, ce ne sont pas les bonnes personnes qui sont mises au bon endroit !