« Nous construisons et nous continuerons à
construire » a écrit, mardi, sur son compte Twitter, Benyamin
Netanyahou après l’annonce de la construction de 2.500 nouveaux logements en
Cisjordanie. Lundi dernier, le maire de Jérusalem, Nir Barkat avait annoncé la
construction de 566 logements à Jérusalem-Est. Des logements qui ne risqueront
pas d’être détruits, comme ceux que les habitants arabes de Jérusalem construisent
illégalement, faute d’obtenir des permis de construire demandés en bonne et due
forme.
Pendant le second mandat
de Barack Obama, malgré son opposition aux constructions dans les territoires, il
n’y avait pas eu de gel réel de la construction, tout au plus un
ralentissement. On continuait à ouvrir des chantiers mais en faisant preuve de
discrétion. Mais depuis l’élection de Donald Trump, cette retenue n’est plus de
mise : « La vie reprend son
cours normal en Judée et en Samarie » a déclaré Avigdor Lieberman le
ministre de la défense.
Les dirigeants
israéliens et Netanyahou en particulier, dont on a encore en mémoire les
relations personnelles exécrables avec Barack Obama, se sentent idéologiquement
plus proches des Républicains. Ils partagent les mêmes valeurs politiques,
économiques. Ils se méfiaient, en général, des Démocrates, même si ceux-ci ne leur
ont jamais fait défaut dans les situations difficiles. La victoire de Donald
Trump les a soulagés, ils considèrent qu’un véritable ami d’Israël a été élu à
la tête des États-Unis. Le nouveau président va recevoir très rapidement, en
février, le Premier ministre israélien, et le téléphone fonctionne bien entre
les deux hommes. Donald Trump n’est pas opposé aux constructions dans les
territoires, il en a fourni la preuve en ne réagissant pas à leur annonce,
contrairement à l’Union européenne qui les a jugées « regrettables, dans la mesure où elles compromettent encore plus sérieusement,
la perspective d’une solution viable
à deux États ».
David M. Friedman |
Donald Trump s’est
engagé, pendant la campagne électorale à transférer l’Ambassade américaine de
Tel Aviv à Jérusalem, une proposition votée par le Congrès des États-Unis en
1995, présente dans les programmes de tous les candidats à la présidence, mais
jamais mise en application une fois élus. Pourquoi ne pas le croire, dans la mesure
où celui qu’il a choisi pour être le nouvel ambassadeur des États-Unis en
Israël, David Friedman, est un fervent partisan de la colonisation, qui veut habiter
Jérusalem et non Herzliya comme ses prédécesseurs.
Donald Trump est d’accord avec les Israéliens pour des négociations
bilatérales entre Israéliens et Palestiniens, sans conditions préalables, et
pour une remise en cause de l’accord sur le nucléaire iranien ou du moins, pour
un renforcement des conditions de son application. Tout semble aller pour le
mieux pour les Israéliens, mais cela n’est pas suffisant pour Naftali Bennet et
ses amis ; la droite nationale religieuse voudrait battre le fer tant
qu’il est chaud et imposer des faits accomplis auxquels Benyamin Netanyahou
s’oppose, tactiquement, pour ne pas froisser le nouveau président dont on connait
le côté imprévisible.
Maale Adoumim |
Le premier
ministre a ainsi bloqué, à la Knesset, un projet de loi d’annexion de Maale
Adoumim dont le rattachement à Jérusalem priverait le futur État palestinien de
toute continuité territoriale et remettrait en cause son existence. C’est le
but que poursuivent les ultras de son gouvernement qui le pressent, aussi, de renoncer
publiquement à la solution des deux États, à laquelle il s’était engagé dans le
fameux discours de Bar Ilan en 2009. Dans
cette coalition de la droite et de l’extrême-droite, Netanyahou, c’est un
comble, apparait comme un modéré, non parce qu’il serait en profond désaccord
avec ses extrémistes, il ne veut offrir aux Palestiniens, s’il y était obligé,
qu’un « État croupion »,
mais parce qu’il est prudent.
Il attend que la
nouvelle administration trouve ses marques. Il attend beaucoup de sa rencontre
avec le nouveau président mais il reste sur ses gardes. Il sait que Donald
Trump prendra toutes ses décisions en fonction, d’abord, des intérêts de l’Amérique
et que son jugement peut fluctuer. Un exemple : lorsqu’il n’était que
candidat, Donald Trump avait dit, vouloir jouer un rôle dans la résolution du
conflit israélo-palestinien et que pour cela, il lui fallait rester neutre. Devant
les réactions indignées de l’APAIC, le lobby sioniste, il avait, sous les
conseils de son gendre, renversé la vapeur et s’était aligné sur des positions
pro-israéliennes. Donald Trump donne
l’impression, aujourd’hui, d’être sur la même ligne que les Israéliens, mais qu’en
sera-t-il demain ?
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