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jeudi 12 janvier 2017

France et Palestine par Alain PIERRET



FRANCE  ET  PALESTINE

Par Alain PIERRET
Ancien Ambassadeur de France 

           
Siège du Monde au Boulevard Auguste Blanqui à Paris
          Toutes mes félicitations à la rédaction du Monde pour ses deux articles, l’un sur le terrorisme anti-israélien, l’autre sur la reconnaissance d’un État de Palestine publiés dans son édition datée du 10 janvier :
- «A Jérusalem, une attaque au camion tue quatre soldats»,
- «La France doit reconnaître l’Etat palestinien».




            On ne pouvait pas mieux faire pour torpiller –s’il en était besoin – la conférence que nos dirigeants vont réunir dimanche prochain à Paris. Je l’avais envisagé dès le début de 2016 en vous donnant mon sentiment dans des papiers que je vous avais adressés («Le pschitt de Laurent Fabius» et quelques autres).
            Sur le premier article, une seule remarque. Peu importe que le propos de Nétanyahou repose sur une mise en cause de l’État islamique ; lien hâtif, allégué, est-il rapporté. Ce qui compte est la manière dont l’attentat a été perpétré et la comparaison justifiée établie avec ceux de Nice et de Berlin.
            Je m’attarderai davantage sur le second. Comment peut-on stigmatiser Israël à raison de l’occupation des territoires et ignorer les victimes israéliennes dues à des Palestiniens que certains responsables viennent encore d’approuver. Même s’ils n’étaient pas encore informés de l’attentat de Jérusalem, à aucun moment mes anciens collègues n’évoquent ces agressions meurtrières. Je n’ose croire que leur silence, comme l’abstention dont nous fîmes preuve à l’Unesco, puisse ressembler à un acquiescement.
Caricature arabe sur l'attentat au bélier

            Reprochant aux Occidentaux leur «paralysie de l’Histoire», ils font preuve dans leur argumentation d’une ignorance stupéfiante. Sans doute aimeraient-ils faire croire à vos lecteurs que la proclamation du nouvel État d’Israël par David Ben Gourion conformément aux résolutions des Nations Unies valut et vaut toujours déclaration de guerre aux pays arabes. Non le contraire. Perdu par eux, et en conséquence par les Palestiniens, ce conflit est cause de tous les maux qui ensanglantent la Terre sainte depuis bientôt sept décennies. S’appuyant sur les «États occidentaux majeurs», on attendra avec intérêt la position de notre partenaire fondamental que devrait être l’Allemagne. Emboîte-t-elle le pas à cet engagement français. Sans vouloir faire de peine à l’immense majorité des 137 pays qui ont déjà reconnu l’Etat palestinien, je ne pense pas davantage qu’ils puissent peser autant que ce couple franco-allemand qu’une telle proposition ne pourra que davantage fragiliser.


            La France elle-même n’est d’ailleurs pas la mieux placée. L’Histoire devrait remettre en mémoire la réception d’Arafat à l’Élysée au jour de commémoration de la Shoah, le défilé de nos responsables politiques à Tunis au début de la guerre du Golfe, venus saluer celui qui se proclamait dans la tranchée avec Saddam Hussein. Au demeurant, reconnaître un État de Palestine ne saura pour autant permettre son admission au sein des Nations Unies et, par voie de conséquence, affaiblira notre position au sein de l’institution.

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