ISRAËL PEINE À JUGULER LE
TERRORISME DJIHADISTE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Les
trois attentats qui ont eu lieu le même jour en Israël, le 9 mars, reposent le
problème du terrorisme djihadiste qui ne représente pas un terrorisme classique
puisque les meurtriers ne craignent pas la mort. Les auteurs des attentats
savent qu’ils n’ont aucune chance de s’en tirer et qu’ils trouveront la mort
sur leur chemin. Il ne s’agit pas d’un phénomène passager, perpétré par des
loups solitaires, mais d’opérations concertées télécommandées par des leaders agissant
dans l’ombre.
Jo biden en Israël |
En
effet, il est étonnant que ces attentats coïncident avec le voyage en Israël du
vice-président américain Joe Biden. Mais pur hasard, l’une des victimes
est un touriste américain. Biden a critiqué les dirigeants palestiniens qui ne
condamnent pas la violence : «Le type de violence que nous avons vu
hier, l'échec à le condamner, la rhétorique qui incite la violence, le
châtiment qu'il génère, doivent cesser».
Victime américaine de Jaffa |
Les
attentats interviennent de manière sporadique mais régulière, espacés par une
pause volontaire pour forcer les Israéliens à baisser la garde. Les dirigeants
politiques semblent désarmés car les attentats, ne relevant ni de la
criminalité ordinaire et ni de la guerre génèrent une puissance idéologique incomparable
qui s’explique par le rapport des terroristes avec la mort. Rares sont ceux qui
échappent à leur sort au point qu’il est légitime de considérer ces attentats comme
des actes de suicide. Ce ne sont pas des combattants car les
véritables combattants sont prêts à donner la mort mais ils la craignent et font tout pour l'éviter. Il
est donc vain que les nationalistes juifs militent pour l’institution de la
peine de mort en Israël puisque les terroristes vont systématiquement au-devant d’elle.
Un
sentiment d’impuissance se dégage face à ces actions qui ne ressemblent plus à
l’image d’Épinal du combat du «faible» terroriste contre le «fort»
Tsahal. Les Israéliens ont finalement compris que les terroristes regardent la
mort comme une naissance qui leur donne le moyen d’accéder à l’éternité. Les
assassins refusent notre monde et en particulier la modernité politique qui s’y
rattache. Et ce n’est pas nouveau. On ne peut rien contre l’impossible et contre le bourrage de crane. Depuis
les guerres de religions du XVIIème siècle, la mort héroïque contre l’impie
permettait la rémission des pêchés. L’acte contre l’impie devenait une action
juste. Ces actes d’intoxiqués de la religion ont duré pendant un siècle. À
notre époque, l’État punit les criminels tandis que le rapport à Dieu devient
plus direct, sans intervention des institutions religieuses.
Or
aujourd’hui les terroristes sont à la recherche de la félicité dans l’au-delà ;
ils vivent leur mort comme un soulagement du poids de leurs fautes terrestres
et ils aspirent à rejoindre les soixante-dix vierges dans le ciel, une fois le
Paradis atteint. Ils pensent que tomber en martyrs est pour eux la plus belle
mort et que leurs actes survivront à leur mort physique dans la gloire
éternelle. On peut difficilement combattre ce genre de raisonnement. Rien ne
leur fait peur, ni la mort, ni les représailles contre leurs familles. Leur
cerveau ne raisonne plus, il s’est détraqué par le lavage de cerveau appliqué par leurs gourous.
La bande à Bader |
Cet
expérience est nouvelle pour les États occidentaux qui ont déjà subi d'une autre manière le
terrorisme avec les anarchistes, les fascistes, les nazis et les communistes, qui ont tous eu recours à la violence mais jamais à l’attentat suicide. Au
contraire, ils perpétraient leurs actes avec préparation et soin pour éviter
d’être repérés et capturés. En revanche, les djihadistes sont imprégnés d’une idéologie
violente et antimoderne. Ils ne sont pas tous des fous, ni des simples
d’esprit, ni des enfants perdus ; c’est pourquoi certains optimistes pensent qu'il faut les combattre sur
le terrain des idées pour empêcher qu’ils contaminent ceux qui considèrent leur monde désenchanté et qui sont séduits par les sirènes de l’islam
radical. Dès lors qu'ils ne recherchent pas le bien-être matériel, ils sont donc imperméables
à tout ce qui fait l’attrait du monde moderne.
Le terroriste de Jaffa Bashar Masalha |
Certes
ces islamistes aspirent à la vie éternelle qu’ils pensent pouvoir atteindre grâce
à un acte héroïque comme cela est écrit dans le Coran. Mais ils se trompent en
croyant qu’une autorité religieuse terrestre est habilitée à leur ouvrir les
portes du Paradis. Alors pour se frotter à l’héroïsme, ils ne s’attaquent qu’à
des anonymes et non pas à des symboles du monde politique ou économique. S’ils
obéissent à des mots d’ordre de leaders de l’ombre, ils sont très souvent peu
organisés, auto-radicalisés et solitaires. C’est ce qui fait la difficulté pour
les services de sécurité israéliens d’anticiper leurs actes. Ils réussissent
cependant à provoquer en Israël une psychose collective sans aucune dose de
sympathie puisque la réprobation de l’opinion, de la presse et de la classe
politique transcende les clivages.
Mais
rien n’y fait, ni les menaces et ni les représailles. Les démolitions des maisons
des terroristes semblent au contraire générer encore plus de haine et susciter
plus de candidats au suicide, peut-être parce que leur vie matérielle est déjà difficile.
Aucune menace de mort ne les décourage et les représailles ne retiennent pas
leurs actions car le djihadisme est une idéologie violente et antimoderne qui s’est
donnée comme mission de «ré-enchanter» le monde c'est à dire de faire croire à la promesse de la félicité dans
l’au-delà. La violence est leur
moteur ; la mort leur raison d’être.
8 commentaires:
oui, hélas ! notre discours de paix est bien vain face à cette haine.
Il faut éliminer les tétes pensantes de ces serpents, Hanié, Meshal et Cie, il faut agir très vite !
Ceux qui prétendent que le terrorisme djihadiste a pour cause essentielle le conflit israélo- palestinien et que la paix dans cette région mettra fin à la terreur qu'il suscite font une erreur d'appréciation. C'est la conquête de l'Occident qui mobilise les forces islamistes les plus actives et qui s'ouvrit en ce XXIeme siècle avec les attentats de New-York pour se poursuivre sous diverses formes de terreur à travers le monde. Que nous ayons enfanté ou pas les ingrédients d'une guerre de religion peut se discuter mais la réalité fait que nous sommes démunis devant ce phénomène qui nous dépasse. Pas plus Israël qu'un autre pays n'aura de politique suffisamment dissuasive pour stopper ce fléau. Quand l'instinct de survie inhérente à l'homme ne prime plus, les arguments, quels qu'ils soient, n'ont que peu de valeur.
Bien cordialement
Veronique Allouche
Malheureusement les choses ne peuvent qu'aller plus mal pour les raisons très justes que vous évoquez Jacques.
Nous avons en face de nous des robots jusqu'auboutistes. Les autorités sont complètement des armées. La première chose à faire bien sûr de les liquider sans aucune hésitation, n'en déplaise à certains esprits distingués.
Jusqu'à quand la population Israélienne qui se conduit de manière exemplaire, va conserver cette attitude.
Il y a fort à parier qu'à moyen terme la population arabe paiera les pots cassés à cause de ces écervelés nihilistes et haineux des Juifs et de la vie, qui sont aussi haissables que leurs compères Islamistes dans le monde.
Pas d accord avec l article. Ils cherchent la mort car ils n ont aucune perspective d avenir. Etre jeune palestinien en 2016 à Hébron, c est une punition divine...
Cher monsieur Benillouche,
Et vous ne dites rien sur cette "islamophobie" dont Kamel Daoud dit : "Le verdict d'islamophobie sert aujourd'hui d'inquisition". Il en est lui-même la victime pour avoir écrit un article dans "La Republica", traduit par "Le Monde", intitulé : "Cologne, lieu de fantasmes", où il écrivait, lui l'écrivain algérien qui a vécu de l'intérieur la guerre civile algérienne : "Le sexe est la plus grande misère dans le "monde d'Allah". A tel point qu'il a donné naissance à ce porno-islamisme dont font discours les prêcheurs islamistes pour recruter leurs fidèles : description d'un paradis plus proche du bordel que de la récompense pour gens pieux..."
Voilà que dix-neuf universitaires - sociologues, anthropologues, et autres politistes - se lèvent pour l'accuser de "recycler les clichés orientalistes les plus éculés" et de "banaliser le racisme", pour le faire taire. Le voilà donc, après la fatwa prononcée contre lui par un imam salafiste algérien en décembre 2014, victime aujourd'hui d'une de ces "fatwa médiatique" dont, au pays de Voltaire, nous avons le secret et où l'islamophobie a remplacé l'antiracisme, et le musulman d'aujourd'hui est le juif d'hier.
Ainsi Mohamed Sifaoui, en 2010, écrivait-il dans un ouvrage intitulé : "Pourquoi l'islamisme séduit-il ?" à propos de l'islamophobie : "Les idiots utiles de la gauche comme de la droite se sont appropriés un concept d'extrêmistes religieux pour empêcher ( ) la critique et la discussion de dogmes fanatiques." Et Elisabeth Badinter explique : "On ferme le bec de toute discussion sur l'islam avec la condamnation absolue que personne ne supporte : "Vous êtes raciste ou vous êtes islamophobe, taisez-vous !"
Très cordialement.
"Mon peuple n’a pas écouté ma voix, Israël a refusé de m’obéir. Je les ai donc abandonnés à l’entraînement de leur cœur, ils suivirent leurs propres inspirations. Ah! si mon peuple voulait m’écouter, Israël marcher dans mes voies, bien vite, je dompterais leurs ennemis, je ferais peser ma main sur leurs adversaires. Ceux qui haïssent l’Eternel ramperaient devant lui, mais leur bonheur, à eux, durerait toujours. Il les nourrirait de la moœlle du froment, et les rassasierait avec le miel des rochers."
L'auteur de ces lignes a été l'un des dirigeants du peuple juif.
Il s'est colleté plusieurs fois avec les Palestiniens de son époque.
Et très souvent avec succès.
Ce qu'il nous livre ici, c'est sa compréhension des événements.
En souhaitant à tous un excellent (second) mois de Adar
Yaakov NEEMAN
Dire que le conflit est seulement entre Israéliens et palestinien serait de la naïveté alors que tout le monde se mêle ou intervient..les attaques au couteau sont déclenchés ou mises en veilleuse selon un agenda politique qui joue aussi sur la misère. La séparation des populations provoquerait une plus grande migration arabe vers Israël pour du travail, des services sociaux, médicaux ou sécuritaires.
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