L’IRAN ÉVACUE LA SYRIE MAIS SE MAINTIENT AU GOLAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Soldats iraniens |
L’Iran
profite de l’opportunité qui lui est donnée par l’entrée en guerre des Russes
pour se désengager de Syrie. La décision était depuis longtemps dans les tuyaux
mais les mollahs ne voulaient pas donner l’impression de fuir le combat.
Selon les medias arabes, une certaine panique s’était emparée des Gardiens de la révolution combattant en Syrie. Le corps
d’élite iranien a été touché par une vague de démissions car ses membres
refusaient ouvertement d’aller combattre en Syrie. L’agence de presse iranienne
Fars a confirmé la mort de 160 militaires de la Garde révolutionnaire. Plus de
300 d’entre eux ont été blessés.
Défilé iranien |
Ces
chiffres semblent en dessous de la réalité car ne sont pas inclus les
mercenaires étrangers envoyés par les Iraniens. Des chefs militaires de haut
rang sont tombés au combat à l’instar du colonel Mostafa Ezzatollah, du général
de division Farshad Hasoonizadeh, du général de brigade Hamid Mokhtarband et du
général Hossein Hamedani, tous tués à Alep. Les dirigeants iraniens hésitaient
à maintenir leur participation militaire au régime de Bachar Al-Assad et
n’attendaient que l’occasion pour quitter les combats.
Plus
de 2.500 gardes révolutionnaires participaient au combat contre les rebelles
syriens. L’Iran vient de décider de réduire ce nombre à 700 conseillers
militaires dans la zone de combat. La
Russie a exigé la présence de troupes iraniennes au sol pour superviser et
aider les opérations de son aviation. Ce départ anticipé des troupes a été
confirmé par John Kerry au Congrès : «Le CGR a effectivement retiré ses
troupes de Syrie. L'ayatollah Khamenei a retiré un nombre important de troupes.
Leur présence est effectivement réduite en Syrie». Ils sont remplacés par
des conseillers chargés d’organiser les mercenaires venus d’Iran, d’Irak et
d’Afghanistan et les transferts d’armes aux combattants. Le Hezbollah, malgré
ses pertes estimées à 1.300 hommes, continue en revanche d’aider les forces
chargées de consolider le régime syrien contre les forces rebelles locales.
Sigle Al-Sabirin |
Mais
sous couvert de désengagement, les Iraniens ont déplacé des centaines de
combattants palestiniens vers la frontière israélienne, au Golan. Parmi ces
combattants figurent des membres d’une nouvelle organisation chiite créée à
Gaza au premier trimestre 2014, Al-Sabirin (les Persévérants), dont le logo
ressemble à quelques détails près au logo du Hezbollah.
Le groupe Al-Sabirin parle de combattre Israël, mais ses slogans comportent des connotations qui poussent à le considérer comme un mouvement confessionnel chargé d’occuper un espace entre le Hamas et le Fatah. Al-Sabirin vise, selon ses objectifs, à libérer toute la Palestine et ne croit pas à «des accords négociés, ni même à des trêves à long terme avec Israël». Il veut continuer le combat jusqu’à l’éradication de l’État juif.
Le groupe Al-Sabirin parle de combattre Israël, mais ses slogans comportent des connotations qui poussent à le considérer comme un mouvement confessionnel chargé d’occuper un espace entre le Hamas et le Fatah. Al-Sabirin vise, selon ses objectifs, à libérer toute la Palestine et ne croit pas à «des accords négociés, ni même à des trêves à long terme avec Israël». Il veut continuer le combat jusqu’à l’éradication de l’État juif.
Al Sabirin |
Le porte-parole officiel
de Al-Sabirin a soulevé le problème de sa relation avec le Hezbollah : « Il
n'y a pas de lien entre nous et le Hezbollah. C'est une organisation libanaise
et nous sommes un mouvement palestinien. Nous sommes d'accord avec nos frères
du Hezbollah parce que nous avons choisi la même voie, qui est la voie de la
résistance, nous appartenons au même axe, nous sommes confrontés au même ennemi
et nous nous retrouvons sur la voie de la libération de la Palestine». Il
s’agit en fait d’une émanation du Hezbollah qui a cherché à s’implanter à Gaza.
Des
sources sécuritaires précisent que des efforts de coordination n’ont pas abouti
pour régler la question du statut entre Al-Sabirin et le Hamas qui tient à contrôler seul la situation sécuritaire dans la bande de Gaza. Les Palestiniens d’Al-Sabirin ont été progressivement mis à l’écart puis
neutralisés à Gaza. Ils se sont alors orientés vers les camps de réfugiés du
Liban qui ont reçu de nombreux réfugiés palestiniens fuyant la Syrie. Le Hezbollah et
l’Iran leur ont alors donné pour instruction d’organiser leur implantation à la
frontière du Golan afin de créer un point de fixation pour Tsahal au nord
d’Israël.
Israéliens au Golan |
Mais
Israël avait déjà pris des mesures militaires pour consolider sa défense au
Golan en créant une division nouvelle, constituée de régiments de choc, chargée
d’intervenir avec des commandos expérimentés. Il a anticipé les combats en
éliminant d’entrée de jeu deux officiers supérieurs, le général iranien
Allah-Dadou et Jihad Moughnié du Hezbollah. Le rouge était mis. Il a
contrecarré la stratégie des Iraniens qui voulaient exploiter l’annonce de la
trêve syrienne pour avancer leurs nouveaux pions. L’État-major israélien semble
avoir obtenu le feu vert russe pour écarter ou neutraliser les miliciens
d’Al-Sabirin du Golan syrien. L’Iran comptait créer une poche de nuisance pour
semer le trouble à la frontière nord. Son objectif risque d’être compromis.
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