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lundi 10 juin 2013

LES RELIGIONS ET SECTES DE L’ISLAM



LES RELIGIONS ET SECTES DE L’ISLAM

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
             
         
Mahomet
Les révolutions arabes et les guerres au Moyen-Orient ont mis en évidence les deux principales religions fondatrices de l’islam. Les chiites et les sunnites sont issus de la même racine. La majorité des pays arabes, regroupés au sein de la Ligue Arabe, font partie de la composante sunnite tandis que l’Iran personnifie le monde chiite. La guerre de Syrie a mis en lumière l’existence de la secte alaouite dont fait partie Bachar Al-Assad.  On ne peut comprendre l'antagonisme entre musulmans qu'en se penchant sur leur histoire, souvent sanglante.





Prophète Mahomet



            Jusqu’en 632, tant que le prophète Mahomet était en vie, l’islam ne comportait qu’un seul courant. À sa mort, les ambitions personnelles exacerbées se sont exprimées lorsqu’il a fallu désigner un successeur au prophète. Il ne s’agissait plus de divergences de dogmes religieux mais de combat de personnes, à l’instar de tout combat politique humain qui caractérise notre temps. 
Les califats au temps des prophètes
       Ali, gendre du prophète, s’estimait désigné pour prendre la succession en raison de sa filiation. Abou Bakr, qui avait été le compagnon de route de Mahomet, ne l’entendit pas ainsi et sa proximité avec le prophète le rendait légitime selon lui. Il fut le premier homme à embrasser l'islam (selon la tradition sunnite) après la première femme de Mahomet, Khadija, et les deux fils adoptifs du Prophète, alors qu'il était marchand à La Mecque. La scission eu donc lieu en 632 avec la création des chiites reconnaissant Ali comme successeur et les sunnites avec Abou Bakr comme chef de file qui devint dirigeant religieux, politique et militaire et premier calife de l'islam, de 632 à 634. 
Le Coran

            Contrairement au sunnites, les chiites refusent d'attribuer au Coran un caractère divin, le jugeant comme une œuvre humaine avec ses qualités et ses faiblesses ; c’est pourquoi ils donnent une grande importance à la liberté individuelle. Les sunnites calquent leur vie sur celle du prophète en cherchant à l’imiter à travers ses faits et gestes regroupés sous la dénomination de Sunna qui signifie «pratiques».  La sunna, selon le Coran, englobe les lois de Dieu prescrites à tous les prophètes, y compris le prophète Mahomet. Elle appartient exclusivement à Dieu, n’est pas interchangeable avec une quelconque autre loi et est unique et immuable à tous les humains et tous les êtres.



Clergé hiérarchisé


Tu votes et Dieu décide


            Ali a tenu à réorganiser l’islam en le structurant par la création d’un clergé hiérarchisé, les ayatollahs, dont le pouvoir s’impose souvent au pouvoir politique distinct. Les sunnites acceptent en revanche qu’une même personne détienne à la fois le pouvoir politique et religieux. De ce point de vue, c’est le cas du roi du Maroc qui est aussi Commandeur des croyants.

            Les sunnites sont très majoritaires dans le monde puisqu’ils représentent 85% des musulmans. Les chiites sont en revanche une dominante dans trois pays : l’Iran, l’Irak, le Bahreïn et tout récemment le Liban où ils dépassent, en nombre, les chrétiens et les sunnites. Ils ont progressé au Pakistan pour atteindre à présent 20% et en Turquie où ils représentent le quart de la population.



Sectes antogonistes


            La rupture de 632 a entrainé la création de sectes antagonistes moins importantes mais tout aussi dynamiques. Le kharidjisme, constitué en 660, s’identifie à une pratique puritaine de l’islam, à la morale rigoriste, condamnant tout luxe. Les califes doivent mener une vie exemplaire et doivent être choisis par voie élective parmi les meilleurs musulmans, sans distinction de race et de tribu. 
          Ils se divisent sur le problème de la foi et de l’attitude à adopter à l’égard des autres musulmans ; les Azraqites sont des radicaux faisant usage de la violence politique et n’admettent pas la dissimulation de la foi ; les Najadat, moins durs à l’égard des attentistes, sont partisans de la prise du pouvoir par les armes ; les Sufrites condamnent le meurtre politique et admettent la dissimulation de la foi par prudence ; les Ibadites, pacifistes mais intransigeants dans les domaines politique et moral, se montrent plus souples à l’égard des autres musulmans. Pour le kharidjisme, tous les hommes sont égaux. Certains kharidjites font du djihâd un sixième pilier de l'islam.
Berbère kharidjite

Les kharidjites ont décidé de se séparer dans une branche distincte car ils ont reproché à Ali de s'en remettre à une décision humaine et non divine pour décider qui allait diriger la communauté. C'est d'ailleurs un kharidjite qui a assassiné Ali. Cette tradition du kharidjisme est présente chez les berbères du Maghreb.

Enfin les alaouites, dont la traduction signifie «partisans d’Ali», auxquels appartient Bachar Al Assad est une branche dissidente des chiites. Ils considèrent Ali comme l’incarnation de Dieu sur terre. Ils sont beaucoup moins rigoristes puisqu’ils prient chez eux et boivent de l’alcool. Ils ne se retrouvent qu’en Syrie. 

Druzes

Safouan, colonel druze dans sa base en Galilée

Ils ont le même comportement que les druzes qui ont l’habitude de garder leurs rites sacrés et qui, au nombre de 500.000, se répartissent entre le nord d’Israël, le Liban et la Syrie. Ils ne pratiquent pas une religion prosélyte puisque l’on ne peut être druze que par naissance. Ils forment une branche «hérétique» du chiisme, à forte dimension ésotérique puisqu’ils  croient que Dieu se manifeste périodiquement sous une forme humaine. 
Ils ont toujours été combattus dans le sang par les musulmans d’où leur habitude de créer leurs villages sur des collines ou au sommet des montagnes pour mieux se protéger. Les druzes n’ont aucune revendication territoriale et ne disposent d’aucun lieu saint ni de lieux de culte. Ils sont très nationalistes dans le pays où ils vivent, le défendant jusqu’au dernier souffle de leur vie. C’est ainsi qu’ils participent à la vie politique et militaire d’Israël avec tous les droits reconnus aux israéliens.   


3 commentaires:

Pat Quartier a dit…

merci pour cet article instructif et interessant.

邓大平 עמנואל דובשק Emmanuel Doubchak a dit…

Il faut quand même dire que le kharidjisme est aujourd'hui et depuis bien longtemps extrêmement marginal.

messager a dit…

Bjr et merci de votre article qui s’avère des plus juste jusqu'à présent que j'ai lu
Auriez vous l'amabilité de me donner l'autorisation de copier et de faire un pps que je diffuserais !
bien entendu votre nom sera !
merci bonne jnée