LA TUNISIE VERS UNE DICTATURE CONSTITUTIONNELLE
Par Jacques BENILLOUCHE
Kais Saïed prête serment |
Document secret |
Les conseillers du
président l’ont exhorté à prendre le contrôle du pays pour vaincre la pandémie du covid-19 et surtout pour résoudre la crise
économique sur fond d’une dette croissante. Le plan prévoyait de convoquer au
palais présidentiel les opposants au régime, des politiciens et des hommes d’affaires
de haut niveau pour leur annoncer le coup d’État en les séquestrant, voire en
les emprisonnant.
Il ne s’agit pas de
rumeurs mais d’un plan étayé par un document «top secret» en arabe
dont un fac-similé est publié par ailleurs. La déception est grande aux États-Unis
qui ont financé la campagne électorale de Saïed pensant ainsi mettre
définitivement la Tunisie sur les rails démocratiques. Ce plan prévoyait la
promulgation d’un nouvel article de la Constitution instituant qu’en cas d’urgence
nationale, le président aurait le droit de prendre le contrôle complet de l’État.
Le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi |
Pour cela, Saïed avait
l’intention de convoquer le Conseil de sécurité nationale dans son palais de Carthage
sous prétexte de résoudre les questions de la pandémie, les problèmes
sécuritaires et la situation dramatique des finances. Pour l’occasion, il envisageait d'instituer une «dictature constitutionnelle» qui concentrerait tous
les pouvoirs entre les mains du président de la République. Le Premier ministre
Hichem Mechichi et le président du parlement Rached Ghannouchi, seraient mis
devant le fait accompli à l’occasion d’un discours télévisé en leur présence.
Général Khaled al-Yahyawi |
Il était prévu que le général, Khaled al-Yahyawi,
serait nommé ministre de l'Intérieur par intérim et que les forces armées
seraient déployées «aux entrées des villes, des institutions et des
installations vitales». Saïed prenait des risques sérieux car depuis la
tentative de coup d’État militaire de 1962 contre Bourguiba, l’armée avait été écartée de
la gouvernance et ses moyens matériels réduits au strict minimum. Faire entrer
le loup dans la bergerie pourrait donner des idées à un militaire ambitieux.
Il était prévu d’emprisonner les dirigeants d’Ennahda,
Nur Al-Din Al-Bahiri, Rafiq Abd Al-Salam, Karim Al-Haruni, Sayyid Al-Ferjani, les
députés du bloc Al-Karama, Ghazi Al-Qarawi, Sufian Tubal, des hommes d'affaires
et des conseillers à la Cour des Premiers ministres. Pour s’attirer les faveurs de la population, les
paiements de factures d'électricité, d'eau, de téléphone, d'Internet, de prêts
bancaires et de taxes seraient suspendus pendant 30 jours tandis que le prix
des produits de base et du carburant serait réduit de 20%. Les parlementaires auraient eu l’interdiction de quitter le pays et les gouverneurs membres d’un parti auraient été limogés.
Manifestation contre Israël |
On ignore les conséquences de la révélation de ce
document explosif mais cela n’arrangera pas la situation tendue en Tunisie, le
seul pays qui voue une haine féroce à Israël. Comme s’il fallait détourner l’attention
de la population des manœuvres politiques, le syndicat UGTT, les partis de
gauche et le mouvement islamiste Ennahda, ont manifesté le 19 mai aux cris de «Palestine
libre, et le sionisme dehors» pour exprimer leur soutien au peuple
palestinien, et réclamer une loi punissant les liens avec Israël. D’ailleurs,
une proposition de loi prévoyait des peines de prison pour les Tunisiens
entretenant des liens directs avec Israël, notamment sur le plan commercial,
culturel ou sportif. L’ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, membre d'Ennahda
a donné le ton en précisant : «La normalisation est un crime parce
qu'elle représente un soutien en faveur de l'occupant contre le peuple
palestinien». La Tunisie file un mauvais coton. Elle s'éloigne de ses nationaux juifs vivant à l'étranger et constituant une source de revenus. Le pays est divisé politiquement
mais, comme toujours, la cause palestinienne est le seul point d'accord. Pauvre
Tunisie qui n’arrive pas à sortir de son marasme et qui vise les Juifs comme la cause de leur malheur !
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