William Karel |
Comment transmettre la
réalité des camps ? La question n'a cessé de hanter les survivants, les
intellectuels. Et aujourd'hui, comment enseigner la Shoah alors que les témoins
disparaissent ? Le documentariste William Karel utilise un procédé inédit pour
créer une œuvre centrée sur le témoignage. Le réalisateur William Karel, né à
Bizerte (Tunisie) en 1940, reporter photographe et documentaliste, est arrivé en France
très jeune. Puis il a vécu une dizaine d’années en Israël. Il est revenu en France
en 1981, pour se consacrer depuis 1988 à la réalisation de documentaires,
principalement historiques et politiques, dont la rafle du Vel d’hiv et
l’histoire de l’extrême droite, entre autres.
Photo prise par William Karel |
La question de la
transmission se pose avec d’autant plus d’acuité et d’urgence, à l’heure où les
derniers survivants de la Shoah disparaissent, à l’heure où de nombreux pays,
des partis politiques, des politiciens extrémistes cherchent à réécrire le
récit national, à le déconstruire, à en gommer les aspects les plus sombres, à
l’heure où les réseaux sociaux servent fréquemment à diffuser le négationnisme,
la désinformation, où le concept de Shoah est galvaudé pour servir de référence
ou d’argument à des évènements graves, mais loin d’être aussi atroces et
barbares que l’aura été l’extermination
de six millions de victimes.
William Karel a trouvé
un moyen innovant et pertinent de rappeler et de transmettre ces événements non
par l’image, comme cela a été fait, mais par les témoignages d’auteurs connus
et d’autres d’inconnus ? Ce moyen inédit peut servir et doit servir à
transmettre cette horreur que fut et qui reste dans nos mémoires. Pour autant,
la mémoire est chose fragile qui s’estompe avec le temps et les générations. On
s’en aperçoit tous les jours.
Notre responsabilité
collective et individuelle est engagée, car on voit bien que le slogan plus
jamais ça ! qui aurait dû en inspirer plus d’un, ne s’est pas imposé.
L’antisémitisme existe toujours, il a même retrouvé force et vigueur dans
certains pays, peut-être à cause de la pandémie qui a aggravé les problèmes
sociaux et sociétaux. On n’en a donc pas fini de pointer le Juif du doigt
lorsqu’il s’agit de trouver un bouc émissaire, les vielles rancœurs, les
préjugés, le ressentiment ; très vite la question des inégalités se posent
et bien sûr, les Juifs y sont surement pour quelque chose ! Quand on pense
qu’en France, il s’agit aujourd’hui de la plus petite communauté au sens
confessionnel, moins d’un pourcent de la population, certains y voient toujours
le prédateur et le responsable de tous leurs maux. On savait que l’hydre a
plusieurs têtes mais on doit malheureusement constater qu’elle a aussi
plusieurs vies !
A défaut de se dresser
les armes à la main, le devoir de mémoire est le minimum que les générations
actuelles puissent s’imposer pour ne pas laisser les malheureuses victimes
tomber dans l’oubli et d’autres, aux quatre coins de la planète. Je vous invite
à écouter ces nombreux témoignages et à les partager avec ceux qui vous
entourent en cliquant sur le lien ci-dessous, une réalisation de France
Culture.
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