GAZA : LA
NÉGOCIATION OU LA FORCE
Par Jacques
BENILLOUCHE
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On parle toujours
de «roquettes» qui tombent sur Ashkelon, Sdérot, et Beersheva mais en
fait il s’agit de missiles de courte et moyenne portée Al Qods et de missiles
Sam de conception russe et iranienne avec une portée de 300 kms. Près de 800
missiles ont été lancés par le Djihad islamique et les pro iraniens depuis mars
2019 ce qui donne une image des moyens illimités des islamistes à Gaza et du gâchis financier qui en découle alors que la misère touche une bonne partie de la population, soumise au bon vouloir de ses leaders.
Frappe israélienne à Gaza et dégâts civils |
Mais un point
inquiétant doit être soulevé qu’Israël n’a jamais connu et qui découle du résidu des élections législatives. Pour la première fois, l’unanimité du pays a
été brisée. La fracture entre le nord et le sud s’affiche ouvertement au
détriment de la solidarité nationale parce que les villes du sud ont voté
majoritairement pour Netanyahou. C’est grave pour l’unité du pays au moment où la
guerre rôde aux portes d’Israël.
Il est vrai qu’au
sud, Ashdod a voté à 39% pour Netanyahou et 16% pour Gantz, Ashkelon
43% pour Netanyahou et 15% pour Gantz, Beersheva 43% pour Netanyahou et
17% pour Gantz et enfin Sdérot avec Netanyahu 44% et Gantz 10%. C'est effectivement paradoxal que ces populations, soumises en permanence aux attaques en tout genre du Hamas, restent fidèles au gouvernement qu'elles accusent d'être laxiste. Certains
Israéliens ont donc tendance à renvoyer ces populations du sud à leur choix de garder le même premier ministre et à ne plus les soutenir. Malgré cela, Netanyahou ne se déplace pas dans les zones sinistrées pour les soutenir et les
encourager. Il a été absent même dans les pires journées sans jamais expliquer sa retenue face aux tirs de plus en plus sanglants de roquettes. Le
président de l'État, Réouven Rivlin, qui n’a aucun pouvoir politique, s’est lui
déplacé dans la salle de réunion du Conseil régional d'Eshkol pour soutenir les
habitants et le leadership de la région.
Par ailleurs, dans les réseaux
sociaux on fustige la passivité de l’armée alors qu’il y a une grande mise au
point à faire. Comme dans tous les pays démocratiques, l’armée est au service
du pouvoir civil, sinon ce serait alors la dictature. Les militaires reçoivent
les ordres du gouvernement et du Cabinet de sécurité et les appliquent à la
lettre. La seule critique qui pourrait leur être opposée serait la mauvaise
conduite des opérations et leur éventuel échec.
D’ailleurs ces militaires sont partagés entre
ceux qui estiment que le calme ne pourra pas intervenir sans intervention
terrestre pour dénicher les rampes de lancement, pour rechercher les lieux de
stockage des fusées, pour éradiquer les usines de fabrication de roquettes, pour
détruire les tunnels et même, le cas échéant, pour neutraliser physiquement les
dirigeants cachés dans les sous-sols des hôpitaux.
En revanche, une
autre partie des généraux, et ils sont aussi nombreux, sont paradoxalement les
plus ardents défenseurs d’une solution pacifique, peut-être parce qu’ils
n’ignorent pas les conséquences du développement d’une guerre à Gaza avec son
lot de soldats juifs tués. L’armée est convaincue que l’amélioration de la
situation économique de la population reste la solution la plus efficace pour aider
les pragmatiques de Gaza. Ils prônent la construction d'une zone industrielle,
dans la zone de passage de Karni au nord-est de la bande de Gaza, qui
entraînerait immédiatement la création de 5.000 emplois pour les Palestiniens.
Bien sûr la situation est tellement grave qu'il s'agirait d'une goutte d’eau dans
l’océan de la misère. Mais ce serait un signal pour montrer la bonne volonté
israélienne, tester le Hamas et surtout pour couper l’herbe sous le pied de
Djihad islamique, soutenu par l’Iran, qui ne prospère que sur le terreau de la
violence.
On parle aussi
d’un accord secret conclu entre le Hamas et Israël, avec la médiation
égyptienne, à la veille des élections israéliennes. Cet accord, dont les
détails n’ont jamais été révélés, a permis effectivement un calme relatif à la frontière de
Gaza. Il est question d’une zone de pêche élargie et de l’autorisation de libre
circulation des produits agricoles et de certaines marchandises.
Or le Hamas
exploite ce qu’il croit être une faiblesse d’Israël en raison de la proximité
de Yom Hatzmaout et du festival de l'Eurovision. Il y voit une réelle occasion
de faire pression sur Israël ce qui explique que les tirs de roquettes aient été crescendo
près de la frontière de Gaza, puis au nord d’Ashdod, et ensuite Beersheva.
Il est fort probable que les Palestiniens se
préparent aussi, dans la foulée, au jour de la Nakba, la «catastrophe» de
la création de l’État d’Israël.
La clé pour calmer la situation actuelle, se trouve
comme toujours, en Égypte. Au Caire, les chefs du Hamas et du Djihad islamique
se sont entretenus avec des officiers des services de renseignements égyptiens
sur un cessez-le-feu à long-terme. La principale revendication dans les
discussions au Caire est financière ; Israël doit autoriser le transfert
en cours des millions de dollars du Qatar en échange du calme et des
concessions en cours. Cet argent peut compenser l'absence de versements de l'Autorité et soulager la population. Mais Netanyahou est bloqué par l’extrême-droite qui
s’oppose à ce transfert de fonds. Le Hamas a compris qu’il devait obtenir ces
largesses avant la constitution du nouveau gouvernement qui doit intervenir avant fin mai.
En attendant, devant les morts juifs des villes du Sud, Netanyahou a changé de tactique en reprenant les éliminations ciblées et en donnant ordre à l'armée de positionner ses tanks à la frontière après avoir envoyé une nouvelle brigade combattante pour renforcer les troupes sur place. Il ne s'agit plus pour l'armée de faire de la figuration mais éventuellement de combattre le Hamas. Netanyahou ne peut plus compter sur l'argent qatari, sur l'usure du temps ou sur des promesses vides pour pacifier Gaza. Mais il n'est pas certain que la guerre éclate car elle n'est ni dans l'intérêt de Netanyahou qui veut garder cet abcès de fixation contre Mahmoud Abbas ni dans celle du Hamas qui sait que la guerre lui fera perdre son pouvoir à Gaza.
Renforts israéliens à Gaza |
En attendant, devant les morts juifs des villes du Sud, Netanyahou a changé de tactique en reprenant les éliminations ciblées et en donnant ordre à l'armée de positionner ses tanks à la frontière après avoir envoyé une nouvelle brigade combattante pour renforcer les troupes sur place. Il ne s'agit plus pour l'armée de faire de la figuration mais éventuellement de combattre le Hamas. Netanyahou ne peut plus compter sur l'argent qatari, sur l'usure du temps ou sur des promesses vides pour pacifier Gaza. Mais il n'est pas certain que la guerre éclate car elle n'est ni dans l'intérêt de Netanyahou qui veut garder cet abcès de fixation contre Mahmoud Abbas ni dans celle du Hamas qui sait que la guerre lui fera perdre son pouvoir à Gaza.
2 commentaires:
Quelques remarques :Sauf erreur, Israel en quittant Gaza a laissé des infrastructures agricoles qui auraient permis aux Gazaouis une exploitation fructueuse. Le Hamas en a immédiatement fait un territoire militaire apres les avoir réduites à néant. Ce fait meritait d'etre souligné .Le Hamas n'est pas non plus intéressé à un quelconque développement économique et industriel , encore moins avec l'aide d'Israel qui est un pays à detruire -c'est la vocation du Hamas- telle que mentionnée sans ambigueté dans sa charte et mis en pratique par le harcélement par missiles certes mais aussi par l'éducation islamique diffusée dans les mosquées, les écoles et autres camps de "vacances" pour "jeunes", euphémisme pour dire militaire..La fracture évoquée entre le Nord et le Sud existe depuis les précédents faits de guerre du Hamas.Mais elle ne s'est pas traduite électoralement car au delà de cet affrontement la population se méfie d'une extension du conflit au Liban contre le Hezbollah , et egalement des penchants de Gantz-Lapid soupconnés à tort ou à raison d'abandonner la population de Judée-Samarie dans le cadre d'un Oslo 2 avec à la clé un Etat palestinen susceptible de se transformer en gaza bis mettant en danger Israel.
De plus la population israélienne ne veut pas de deux états palestiniens en jonction menaçant son territoire si étroit,.Gantz-Lapid n'ayant pas convaincu sur ce point siNon ils auraient à mon humbble avis pu remporter les élections.
De ce fait-mais pour combien de temps-? pourra t'elle supporter cette guerre renouvellée sachant qu'elle ne veut pas non plus envoyer dans ce bourbier inutilement ses soldats?
Pour ma part je pense que Natanyahou frappera plus fort par necessité mais sans risquer de modifier son sacro-saint statu quo.
Cela ne ramenera pas le pouvoir de dissuasion d'Israel car les demi mesures seront insuffisantes eu égard le type d'ennemi que nous avons en face et que nous refusons de détruire au nom d'un équilibre régional sous l'oeuil malveillant de la "communauté internationale".
Comme bliahphilippe, je pense que le Hamas n'est pas intéressé par un développement économique qui pourrait améliorer la situation de son peuple et ne se donne pour vocation que la destruction d'Îsraël. Le vote des habitants du sud me paraît également "paradoxal"
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