L'IRAN FRISE UNE
SITUATION RÉVOLUTIONNAIRE
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Contretemps
Gholamhossein Mohseni Ejei |
De nombreux signes ne trompent pas dans les régimes de terreur qui, pour se
défendre, n’ont qu’une seule ressource, l’usage de la peine de mort qui, au lieu
de dissuader, excite la contestation. Cela rappelle l'époque révolutionnaire en France où la guillotine fonctionnait à plein rendement. L’Iran panique puisqu’il invente des juridictions d'exception pour calmer l’ardeur révolutionnaire de la population. La télévision a annoncé que les tribunaux
spéciaux iraniens, mis en place pour lutter contre la criminalité financière,
ont condamné trois personnes à la peine de mort, en plein tollé général dû aux
conséquences des nouvelles sanctions américaines.
Des chauffeurs de
camions qui manifestaient pour leur salaire ont été prévenus qu’ils risquaient
des «peines sévères». Le Guide suprême, l'ayatollah Ali
Khamenei, avait appelé à des «actions judiciaires rapides et justes
pour affronter une guerre économique d'ennemis étrangers». Il a été
entendu puisque des tribunaux révolutionnaires islamiques spéciaux viennent
d’être mis en place pour juger sévèrement et rapidement les suspects.
Le porte-parole du
pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a annoncé que les tribunaux
avaient prononcé des condamnations à mort contre des citoyens reconnus
coupables d’avoir «répandu la corruption sur terre». 32 autres
accusés ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison pour
crimes économiques.
La situation est
effectivement critique puisque la monnaie locale, le rial, a perdu près de 70%
de sa valeur depuis avril à la suite d’une forte demande de dollars parmi les
Iraniens qui tentent de protéger leurs économies. Le coût de la vie a
également augmenté entraînant des manifestations contre les profits et la
corruption avec des slogans anti-gouvernementaux.
Face à la grogne
populaire qu’il doit combattre, le gouvernement iranien a créé 15 bataillons de
forces spéciales de police pour faire face aux manifestations qui ont lieu
généralement dans les stades, les seuls endroits où les réunions de masse sont
tolérées. L’annonce a été faite par le général Hassan Karmi, qui a précisé que «ces
bataillons contrôleront la sécurité dans les stades sportifs». Ils
viendront en renfort auprès des Basij, les milices de mobilisation populaire
composées de civils, créés par l'ayatollah Khomeiny, en novembre 1979, dans le
but d'assurer la sécurité intérieure et de participer à des guerres étrangères.
Depuis fin 2017, l'Iran a été témoin
d'une nouvelle vague de manifestations dans différentes régions ce qui pose la
question de savoir si l’Iran traverse une situation révolutionnaire.
Forces spéciales |
La situation
alimentaire est critique en Iran pour une population appauvrie qui n’a plus
rien à perdre et qui est prête à subir une répression brutale et des arrestations massives. Au contraire, la majorité silencieuse
s’oriente de plus en plus vers une culture de résistance face à une classe
dirigeante riche, embourbée dans la corruption qui génère des conflits internes.
Les pauvres n’ont plus peur et préparent une situation révolutionnaire au sein de la société.
Mais cette grogne généralisée risque
de s’estomper car il n’existe aucun mouvement populaire ni aucun dirigeant
charismatique capable de mettre en danger le régime des Mollahs ou de mener à
des réformes efficaces. Cela permet au gouvernement islamiste d’attenter aux libertés civiles et aux droits des citoyens, et de
détruire son économie pour pousser au suicide réel de nombreux Iraniens.
On en a peu parlé dans les médias
mais au début de l’année, les défavorisés se sont soulevés contre le régime
dans 100 villes malgré les risques encourus. La classe moyenne avait alors
boudé cette contestation mais la situation ayant empiré, elle a rejoint la
dissidence. L’été a donc été chaud. Le
peuple a fini par sortir dans la rue sans craindre d’affronter la police. Les
fonctionnaires, privilégiés jusqu’à présent, n’arrivent plus à boucler leurs
fins de mois. Certains n’hésitent plus à critiquer ouvertement «l’argent
dépensé en Syrie et en Irak».
Moudjahidine du peuple |
La répression brutale, qui est mise
en place sous l’alibi de «crimes économiques», montre que le
régime n’est plus capable de répondre aux légitimes demandes de la population.
Mais les Iraniens doivent s’organiser, avec une aide extérieure s’il le faut,
pour consolider la situation révolutionnaire grâce à un mouvement
d'opposition organisé et un leadership fort.
Certes existent déjà une coalition de
l'opposition, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), et l'Organisation iranienne des Moudjahidine du
peuple (MPOI / MEK). Ces organisations, redoutées par le
Guide suprême et par les responsables du régime, sont parvenues à
limiter la répression brutale des Gardiens de la révolution (CGR).
Mike Pompeo |
1 commentaire:
Cher monsieur Benillouche,
A tous vos lecteurs qui se demandent encore, à juste titre, quel est le rôle que l'administration américaine veut voir jouer à Israël dans sa politique au Moyen-Orient, je ne saurais trop leur conseiller de faire un petit tour sur les articles de géopolitique du site "Les Crises.fr".
https://www.les-crises.fr/
Très cordialement.
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