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lundi 18 décembre 2017

Les Palestiniens sous le choc par Gérard AKOUN



LES PALESTINIENS SOUS LE CHOC

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
            
Jérusalem

          À la sortie de la prière du vendredi à la mosquée Al-Aqsa, des troubles ont éclaté à Jérusalem, des manifestations souvent violentes ont eu lieu en Cisjordanie, on compte des morts et de nombreux blessés et des roquettes ont été tirées à partir de Gaza sans faire de dégâts autres que matériels. La situation reste tendue mais on ne peut parler de nouvelle Intifada. Toutefois, un incident fut il mineur peut mettre le feu aux poudres.



Réunion de la Ligue Arabe décembre 2017

            Les Palestiniens sont sous le choc et plus isolés que jamais. Ils se rendent compte que la Ligue arabe donne la preuve de son impuissance, que les dirigeants des pays frères ne les soutiennent que du bout des lèvres car ils ne veulent pas se fâcher avec les Etats-Unis. Plus grave encore pour eux, jusqu’à présent, «la rue arabe» ne se manifeste pas beaucoup. 
          Des manifestations ont eu lieu en Jordanie, au Liban où le Hezbollah a réuni des milliers de ses partisans et aussi en Tunisie, en Algérie, au Maroc, des pays qui ne sont pas directement impliqués dans le conflit. Comme d’habitude, le conflit israélo-palestinien est utilisé dans le monde arabe et musulman pour servir d’exutoire aux populations, de dérivatifs aux maux intérieurs pour les en détourner momentanément.
Réunion OCI décembre 2017

            Ce conflit est, aussi, utilisé pour servir l’ambition des dirigeants. C’est le cas du président turc Erdogan qui assure en ce moment la présidence tournante de l’Organisation de la Conférence Islamique. Il en profite pour réunir à Istanbul un sommet extraordinaire de cette organisation pour apporter, dit-il «une réponse forte» à la décision de Donald Trump. Erdogan qui rêve de redonner à la Turquie le lustre de l’empire Ottoman, voudrait être le champion de la cause palestinienne, il ne mâche pas ses mots : «la Palestine est une victime innocente (…) Israël est un État terroriste. Nous n’abandonnerons pas Jérusalem …»  Erdogan voudrait être reconnu comme le leader du monde musulman sunnite, mais cette charge est déjà occupée par l’Arabie Saoudite et Erdogan souffre d’un handicap certain, il n’est pas arabe.
            Un autre défenseur de la cause palestinienne, qui n’est pas arabe non plus, il est chiite, mais qui ambitionne de dominer la région, participe à ce sommet ; il s’agit d’Hassan Rohani le président iranien. Il continue de tisser sa toile. Dans cette région, l’Iran est le pays qui sort gagnant de la guerre contre Daesh, il a aidé Bachar al Assad à reconquérir son territoire, il a conforté l’arc chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth.  Il prend pied en Syrie et il s’approche dangereusement de la frontière israélienne. L’Amérique est, en grande partie, responsable de cette situation.
Avi Gabbai

            Tous les Israéliens, de quelque bord qu’ils soient se félicitent que l’Amérique ait reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël. C’est l’union sacrée, aucune réserve, Avi Gabbai, le leader du parti travailliste, parti d’opposition, a déclaré : «Jérusalem doit être unie sous notre souveraineté et ça nous unit tous».  Donald Trump a offert aux Israéliens et à leurs dirigeants en particulier, un cadeau qui pourrait à terme provoquer plus de problème qu’il n’en solutionnerait. Il s’est bien gardé, en effet, de préciser les limites territoriales de la capitale d’Israël, il a laissé la porte ouverte à la revendication par les Palestiniens de Jérusalem-Est comme capitale d’un futur État palestinien, auquel il ne semble pas vouloir s’opposer.

            Trump est un businessman, de plus il s’est engagé comme ses prédécesseurs à trouver une solution au conflit israélo-palestinien. Il voudrait réussir là où les autres ont échoué, en particulier, son ennemi personnel Obama. Son gendre est en pleine négociation avec l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et sans doute des Palestiniens, ce qui expliquerait le calme relatif qui règne dans les territoires. Je l’imagine très bien disant à Benyamin Netanyahou d’ici quelque temps : «il ne faut pas nier la réalité, Jérusalem-Est est habitée majoritairement par des Arabes et cela fait longtemps que vous les Juifs israéliens vous n’y mettez plus les pieds alors je reconnais cette réalité…» Mais on n’en est pas encore là.

3 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

Exiger des Palestiniens la reconnaissance d'un État juif c'est - comme l'écrivait déjà Jacques Bénillouche en mai 2014, dans un article intitulé : "Israël État juif ou État des Juifs ?" - "un alibi pour bloquer toute avancée dans les discussions de paix."
Il faut reconnaître que de ce point de vue, c'est une véritable réussite

HAalg a dit…

Oui la rue dans ces pays islamo-arabophones n’a pas « fortement » bougé, contrairement aux scènes que nous avons vues dans le passé. Il y a quelques raisons à cela ; peut-être que cela est dû au fait que ces rues ont de moins en moins confiance en leurs dirigeants respectifs ; et qu’au vu des informations captées un peu partout grâce notamment aux chaînes satellitaires et à internet, ces rues voient en fait que ce conflit (israélo-arabo-palestinien) a cessé d’être une cause juste , à l’instar du soutien apporté aux Vietnamiens (même contre les USA) ou à Mandela et pourtant, s’agissant d’un leader, loin, très loin de chez soi en tout , distance, religion, langue….. En Algérie, peu de manifestations de cette « rue, mais quelques unes cependant loin des grandes concentrations urbaines … Par contre, il y a eu des manifestations fortes mais en Kabylie et/ou régions berbérophones pour revendiquer la langue amazigh (berbère)… il y a pas cet « engouement » de jadis sur ce volet israélo-arabo-palestinien…..l’on voit par ailleurs sur les réseaux sociaux de plus en plus d’internautes de cette sphère islamo-arabophone, affichant des positions de soutien ferme, des plus claires du monde, à ISRAEL

HBE a dit…

HBE a dit...
Dans le flou diplomatique voulue ou pas par l'attitude de l'administration américaine,
une opportunité semble cependant apparaitre. Celle en effet d'une initiative au terme d'une négociation de l'avenir de Jérusalem - Est comme capitale d'un État palestinien naissant.
Peut-être un point parmi d'autres, pour parvenir enfin à une paix tant désirée.

15 décembre 2017