Jérusalem |
À la sortie de la
prière du vendredi à la mosquée Al-Aqsa, des troubles ont éclaté à Jérusalem, des
manifestations souvent violentes ont eu lieu en Cisjordanie, on compte des
morts et de nombreux blessés et des roquettes ont été tirées à partir de Gaza
sans faire de dégâts autres que matériels. La situation reste tendue mais on ne
peut parler de nouvelle Intifada. Toutefois, un incident fut il mineur peut
mettre le feu aux poudres.
Réunion de la Ligue Arabe décembre 2017 |
Les Palestiniens
sont sous le choc et plus isolés que jamais. Ils se rendent compte que la Ligue
arabe donne la preuve de son impuissance, que les dirigeants des pays frères ne
les soutiennent que du bout des lèvres car ils ne veulent pas se fâcher avec
les Etats-Unis. Plus grave encore pour eux, jusqu’à présent, «la rue arabe» ne se manifeste pas
beaucoup.
Des manifestations ont eu lieu en Jordanie, au Liban où le Hezbollah
a réuni des milliers de ses partisans et aussi en Tunisie, en Algérie, au Maroc,
des pays qui ne sont pas directement impliqués dans le conflit. Comme
d’habitude, le conflit israélo-palestinien est utilisé dans le monde arabe et
musulman pour servir d’exutoire aux populations, de dérivatifs aux maux intérieurs
pour les en détourner momentanément.
Réunion OCI décembre 2017 |
Ce conflit est,
aussi, utilisé pour servir l’ambition des dirigeants. C’est le cas du président
turc Erdogan qui assure en ce moment la présidence tournante de l’Organisation
de la Conférence Islamique. Il en profite pour réunir à Istanbul un sommet
extraordinaire de cette organisation pour apporter, dit-il «une réponse
forte» à la décision de Donald Trump. Erdogan qui rêve de redonner à la
Turquie le lustre de l’empire Ottoman, voudrait être le champion de la cause
palestinienne, il ne mâche pas ses mots : «la Palestine est une victime innocente (…) Israël est un État
terroriste. Nous n’abandonnerons pas Jérusalem …» Erdogan
voudrait être reconnu comme le leader du monde musulman sunnite, mais cette
charge est déjà occupée par l’Arabie Saoudite et Erdogan souffre d’un handicap
certain, il n’est pas arabe.
Un autre défenseur
de la cause palestinienne, qui n’est pas arabe non plus, il est chiite, mais
qui ambitionne de dominer la région, participe à ce sommet ; il s’agit d’Hassan
Rohani le président iranien. Il continue de tisser sa toile. Dans cette région,
l’Iran est le pays qui sort gagnant de la guerre contre Daesh, il a aidé Bachar
al Assad à reconquérir son territoire, il a conforté l’arc chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth.
Il prend pied en Syrie et il s’approche
dangereusement de la frontière israélienne. L’Amérique est, en grande partie, responsable
de cette situation.
Avi Gabbai |
Tous les Israéliens,
de quelque bord qu’ils soient se félicitent que l’Amérique ait reconnu
Jérusalem comme la capitale d’Israël. C’est l’union sacrée, aucune réserve, Avi
Gabbai, le leader du parti travailliste, parti d’opposition, a déclaré : «Jérusalem doit être unie sous notre
souveraineté et ça nous unit tous». Donald Trump a offert aux
Israéliens et à leurs dirigeants en particulier, un cadeau qui pourrait à terme
provoquer plus de problème qu’il n’en solutionnerait. Il s’est bien gardé, en
effet, de préciser les limites territoriales de la capitale d’Israël, il a
laissé la porte ouverte à la revendication par les Palestiniens de Jérusalem-Est
comme capitale d’un futur État palestinien, auquel il ne semble pas vouloir
s’opposer.
Trump est un
businessman, de plus il s’est engagé comme ses prédécesseurs à trouver une
solution au conflit israélo-palestinien. Il voudrait réussir là où les autres
ont échoué, en particulier, son ennemi personnel Obama. Son gendre est en
pleine négociation avec l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et sans doute
des Palestiniens, ce qui expliquerait le calme relatif qui règne dans les
territoires. Je l’imagine très bien disant à Benyamin Netanyahou d’ici quelque
temps : «il ne faut pas
nier la réalité, Jérusalem-Est est habitée majoritairement par des Arabes et
cela fait longtemps que vous les Juifs israéliens vous n’y mettez plus les
pieds alors je reconnais cette réalité…» Mais on n’en est pas encore
là.
3 commentaires:
Exiger des Palestiniens la reconnaissance d'un État juif c'est - comme l'écrivait déjà Jacques Bénillouche en mai 2014, dans un article intitulé : "Israël État juif ou État des Juifs ?" - "un alibi pour bloquer toute avancée dans les discussions de paix."
Il faut reconnaître que de ce point de vue, c'est une véritable réussite
Oui la rue dans ces pays islamo-arabophones n’a pas « fortement » bougé, contrairement aux scènes que nous avons vues dans le passé. Il y a quelques raisons à cela ; peut-être que cela est dû au fait que ces rues ont de moins en moins confiance en leurs dirigeants respectifs ; et qu’au vu des informations captées un peu partout grâce notamment aux chaînes satellitaires et à internet, ces rues voient en fait que ce conflit (israélo-arabo-palestinien) a cessé d’être une cause juste , à l’instar du soutien apporté aux Vietnamiens (même contre les USA) ou à Mandela et pourtant, s’agissant d’un leader, loin, très loin de chez soi en tout , distance, religion, langue….. En Algérie, peu de manifestations de cette « rue, mais quelques unes cependant loin des grandes concentrations urbaines … Par contre, il y a eu des manifestations fortes mais en Kabylie et/ou régions berbérophones pour revendiquer la langue amazigh (berbère)… il y a pas cet « engouement » de jadis sur ce volet israélo-arabo-palestinien…..l’on voit par ailleurs sur les réseaux sociaux de plus en plus d’internautes de cette sphère islamo-arabophone, affichant des positions de soutien ferme, des plus claires du monde, à ISRAEL
HBE a dit...
Dans le flou diplomatique voulue ou pas par l'attitude de l'administration américaine,
une opportunité semble cependant apparaitre. Celle en effet d'une initiative au terme d'une négociation de l'avenir de Jérusalem - Est comme capitale d'un État palestinien naissant.
Peut-être un point parmi d'autres, pour parvenir enfin à une paix tant désirée.
15 décembre 2017
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