Négociations inter-syriennes |
Des négociations inter syriennes
reprennent sous l’égide de l’ONU pour trouver une issue politique à cette
guerre civile qui a fait des centaines de milliers de morts et de blessés. Une
guerre que Bachar El Assad n’aurait pu gagner sans le soutien militaire de ses
alliés, la Russie et l’Iran, et le peu d’empressement des Américains à le
combattre, que ce soit sous la présidence d’Obama ou de celle de Trump, qui,
lui, s’en est désintéressé, laissant aux Russes le soin de régler le problème. L’essentiel
était de se débarrasser du califat. Mission accomplie.
Assad et ses généraux |
Les négociations qui se tiendront à
Genève auront quelques chances d’aboutir dans la mesure où Daesh a été écrasé,
personne ne le regrettera, et que ce qu’il reste de l’armée syrienne libre, est
laminé. Les Russes font pression sur Bachar El Assad, leur protégé, et l’opposition
est contrainte de discuter avec le régime sans conditions préalables. Le
boucher de Damas, le bourreau de son
peuple restera en place, plus
personne ne réclame son départ. Les Russes
et les Iraniens s’y opposent à court terme. Les Américains, les Français, qui
ont quelque peu aidé les forces démocratiques d’opposition, se contentent de rappeler
les crimes du régime et d’assurer les uns, par la voix de leur ambassadrice à
l’ONU que Bachar El Assad ne peut incarner l’avenir de son peuple, les autres
par la voix d’Emmanuel Macron que Bachar El Assad devrait un jour répondre de
ses exactions.
Vae victis, malheur aux vaincus. Mais la situation ne va pas se
stabiliser pour autant. La Syrie ne se remettra pas si tôt des destructions et
des crimes qui y ont été commis.
Deux coalitions s’étaient formées, pour
combattre Daesh en Syrie et en Irak, l’une comprenant la Russie, l’Iran, ses
supplétifs et la Turquie, l’autre les Etats-Unis et les Occidentaux, l’Arabie
Saoudite, les Emirats Arabes Unis et les Kurdes. Les Russes dominent la
première coalition, ils avaient l’avantage d’avoir une base militaire en Syrie,
à Tartous, et un traité d’assistance avec la Syrie qui leur permettaient d’intervenir
sur le territoire syrien s’ils y étaient appelés. L’Iran a soutenu le régime
syrien en armant, en finançant, en entraînant des milices chiites, des
pasdarans issus de différents pays de la région et le hezbollah libanais, entre
cinq et dix mille combattants qui se sont substitués à l’armée syrienne
défaillante. Ils ont aussi apporté une aide précieuse à l’aviation russe en la
guidant à partir du sol dans ses bombardements.
C’est une coalition
gagnante ! Bachar El Assad se maintient au pouvoir, la Russie a
refait une entrée triomphante au Moyen Orient, elle est devenue incontournable,
elle pèsera dans tous les conflits de la région. L’Iran renforce sa position de puissance
régionale à travers les deux croissants chiites, et voudrait obtenir l’ouverture
d’une base en Syrie sur les bords de la
Méditerranée. Quant à la Turquie, troisième composante de cette coalition, son
principal objectif est d’empêcher, par tous les moyens, la création d’un Etat
kurde !
Pour
ce qui concerne la deuxième coalition, force est de constater que les
atermoiements des États-Unis ont mis ses participants dans une position difficile.
La coalition a laissé les mains libres à Vladimir Poutine. Elle est
pratiquement hors jeu. De plus, Donald
Trump en donnant l’impression de se
dégager du Moyen Orient, a semé le doute dans l’esprit de ses principaux alliés
arabes. «L’Amérique d’abord», cela peut signifier la fin des
alliances indéfectibles d’où la tentation pour le nouvel homme fort d’Arabie
Saoudite de nouer une alliance avec un pays voisin Israël qui n’est ni chiite
ni sunnite, mais qui présente l’avantage de partager le même ennemi. Il y a 70
ans, le 29 novembre, l’ONU votait le plan de partage de la Palestine et la
création de l’État d’Israël auquel s’opposait l’Arabie saoudite. Les temps
changeraient ils ?
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