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dimanche 24 décembre 2017

Et si les Palestiniens songeaient à leur avenir



ET SI LES PALESTINIENS SONGEAIENT À LEUR AVENIR

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Construction à Ramot

          La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par Donald Trump a pour effet de donner un signal pour l’expansion des implantations israéliennes et de favoriser les constructions de logements au-delà de la ligne verte. D’ailleurs au lendemain de l’annonce, Yoav Galant, ministre du logement, a annoncé un plan de construction de 14.000 unités : «Après la reconnaissance historique de Trump, j'ai décidé d'augmenter la construction dans un certain nombre de quartiers de Jérusalem». Les Palestiniens ont ainsi joué perdant-perdant.



Yohav Galant

            Les dirigeants de l’Autorité palestinienne n’ont pas réagi avec originalité à cette déclaration et se sont bornés à condamner la décision en considérant que les Etats-Unis «ne sont plus un médiateur honnête sur la question de la Palestine». Le vote «unanime» à l’Onu met en fait en évidence l’inconséquence des attitudes stériles palestiniennes. Il ne fait aucun doute que de nombreux régimes arabes se sont alignés sur le camp Trump, certes discrètement, et que moins nombreux sont ceux qui considèrent la cause palestinienne importante pour eux, à l’instar de la Tunisie et du Qatar. En fait, les Palestiniens donnent l’impression de ne pas évoluer ni de chercher à innover.
Tu es assis sur ma chaise

            Pour les Palestiniens, la décision de Trump met fin à l'illusion d’un processus de paix. Ils en sont à repenser la cause palestinienne et doutent à présent de la viabilité de la solution à deux États. Mais ils ne présentent aucune alternative crédible au statu quo. La réponse de l'Autorité à l'annonce de Trump était prévisible et n’a comporté que des déclarations d'indignation. La Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique (OCI), dirigée par Erdogan, ont tenu des sommets d'urgence pour animer trois «jours de rage» avec un vote de résolutions arabes appelant les États-Unis à changer de position. Seraient naïfs, ou prétentieux, ceux qui croient que Donald Trump acceptera de défaire sa déclaration. Les Arabes donnent l’impression de marcher sur des œufs puisqu’aucun gouvernement arabe n'a convoqué l’ambassadeur américain pour protester officiellement, laissant aux organisations internationales le soin de réagir à leur place.
Assemblée de l'Onu

            Mahmoud Abbas a décidé de «transférer l'ensemble du dossier du conflit aux Nations Unies» alors qu’il sait que l'ONU ne peut rien faire. Il a trouvé un bon moyen de transférer le problème à ceux qui se sentent le moins concernés. Même le discours audacieux du président Erdogan à l'OCI, n’a pas fait bouger les lignes. La Turquie aurait pu aider concrètement les Palestiniens, au moins en décidant de suspendre ses relations diplomatiques avec Israël. Seules des paroles stériles ont été entendues, et tant mieux pour Israël qui n’a rien à craindre d’une quelconque levée de boucliers arabes.
            Les diplomates palestiniens sont aux abonnés absents. Ils n’ont rien négocié avec les Etats-Unis pour contrebalancer la décision de Trump. Ils n’ont pas demandé aux Européens de reconnaître la Palestine. Ils auraient pu exiger de l’UE une déclaration similaire à celle de Trump reconnaissant aussi Jérusalem comme la capitale de la Palestine. Netanyahou, quant à lui, est tellement serein qu’il n’envisage toujours pas d’annexer la zone C de la Cisjordanie car il ne tient pas à envenimer la situation. 
            Les Palestiniens n’arrivent pas à combler leur lacune de l’absence d’une vision concrète de la nature de l’État qu’ils envisagent d’établir en Cisjordanie et à Gaza. Certains de leurs amis les poussent à rédiger et publier un plan actualisé de la solution à deux États, pouvant servir de base à des pourparlers constructifs avec Israël. L’existence d’un document arabe détaillé, même s’il comporte des clauses irréalistes, n'est pas nécessairement une mauvaise stratégie pour préciser sur quoi l’Autorité est prête à négocier. C’est aux Palestiniens, et à eux seuls, de prendre l'initiative de mener des pourparlers et non pas aux pays arabes d’exposer leurs propositions de paix car ils sont souvent peu conscients de la situation. 
Djihadistes à Gaza

            Pour être crédible, l’Autorité doit définitivement écarter le problème religieux du conflit. L’islam ne doit plus influer sur les questions politiques alors qu’à l’heure actuelle il est au premier plan du combat palestinien, avec les islamistes du Hamas et du Hezbollah. Il est difficile aux Israéliens d’accepter une quelconque négociation si des manifestations sont organisées en Cisjordanie, souvent avec des conséquences sanglantes, et de supporter le tir de roquettes depuis Gaza. Tant que les Palestiniens n’auront pas assimilé l’idée que, pour l’instant, Israël est invulnérable, alors l'avenir de l'Autorité palestinienne devient plus incertain que jamais. Mais paradoxalement, son effondrement aurait un impact sur la population dont les moyens de subsistance en dépendent. Les activistes palestiniens devraient cesser de rechercher systématiquement des alliances visant à renforcer la solidarité internationale pour la lutte palestinienne. Ils devraient rejeter le mouvement mondial de boycott qui ne sert qu’à générer des situations conflictuelles.
            Mais pour cela, il faudrait que les Palestiniens refusent d’être passifs quant à leur avenir car plusieurs pays sont lassés par cette situation de guerre permanente et rejoignent les thèses israéliennes. D’ailleurs, Benjamin Netanyahu a précisé que plusieurs pays voudraient transférer leurs ambassades à Jérusalem : «Maintenant nous négocions avec plusieurs pays qui envisagent sérieusement de dire la même chose que les États-Unis et de transférer leurs ambassades à Jérusalem. Notre position sur Jérusalem est qu’elle doit rester une ville unique, sûre et protégée, où le principe de liberté de culte que nous garantissons est en vigueur. Soit dit en passant, nous sommes presque les seuls au Moyen-Orient à garantir cette liberté aux Juifs, aux Chrétiens et aux Musulmans».
            Le Premier ministre israélien estime lui-aussi que les Palestiniens devraient avoir une vision différente du statut de Jérusalem et qu’ils devraient revenir s’asseoir à la table des négociations : «C’est ma vision de Jérusalem. Les Palestiniens peuvent avoir une vision différente. Ils devraient recommencer à négocier. Ils disent qu’ils ne participeront pas aux négociations et ils se retirent du processus de négociation, une nouvelle fois».
            Il serait temps que les Palestiniens songent enfin à leur propre avenir en dehors de tout projet belliqueux. 

2 commentaires:

V. Jabeau a dit…

Les Arabes de Palestine ont leur Benett et encore plus avec le Hamas, la liste Arabe unie, et ils ont leur Bibi avec Abou Mazen. Les hommes politiques des deux bords sont nuls. Ils sont plus petits que la région Île de France et veulent croire qu’ils sont le centre et l’epicentre du monde, alors qu’ils sont le jouet de partie d’echecs Qui les dépassent. Oui Israël est un pays démocratique, libre, vivant, innovant, et assez tolérant. Très perfectible bien sûr. Oui l’AP et le Hamas sont dépassés, intolérants, pas intéressés au bien être de leur peuple et plus à une cause religieuse et suprématiste. Mais malgré l’admiration pour Israël, il y a de quoi être lassé et les dirigeants européens, eux aussi pas très courageux face aux grandes puissances et tétanisés par leurs musulmans, n’ont pas d’affection pour les Israéliens comme pour les Arabes de Palestine. Ce n’est pas un bon signe pour les juifs de diaspora.

2 nids a dit…

Chalom à tous,

Bonne analyse Mr. Benillouche ainsi que le commentaire de Mr. Jabeau,
Ce n'est pas un bon signe pour les Juifs de la diaspora, effectivement, en ce qui me concerne, je n'ai reçu aucune nouvelle de Mr Macron concernant une lettre lui demandant des explications sur l'arrestation de ma grand mère Alice Stiller Goldenberg le 2 février 1942 par la gendarmerie française sur la ligne de démarcation en Charente -Vendée...ainsi que mon arrière grand mère Fanny Stiller Goldenberg arrétée en tant que Juive étrangère en 1939 en France, et la spoliation de mon arriere grand père Hermann Stiller possédant un comptoir de diamands dans le 9 ièmes à Paris..
Mais aussi aucune nouvelle de la part de Yad Vashem à Paris, leur demandant ou avait été internée ma grand mère en Charente Vendée..et aucune réponse des archives de Charente..!!!
Bref, à part la visite de deux agents du Mossad il y a 2 ans de cela pour "humer l'atmosphère " à Catus dans le Lot (46), depuis plus rien...(suite à un courrier envoyé à Mr Netanyahu)
Je vais donc devoir, à nouveau réécrire à l'élysée encore et encore, je ne lacherais rien!!!
Voila comment la France traite sa resonsabilité face à la Shoah...c'est écoeurant