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samedi 15 avril 2017

L'IRAN n'a toujours pas renoncé au terrorisme



L’IRAN N’A TOUJOURS PAS RENONCÉ AU TERRORISME

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps
           
           

          L’Iran continue à soutenir des milices étrangères partout dans le monde, en particulier au Liban, au Yémen, en Syrie, en Irak et même chez les Palestiniens. C’est un moyen d’influer sur la politique de ces pays. Cette ingérence dans les affaires internes s’explique par la rivalité existante entre l’Arabie saoudite, l’ennemi héréditaire, qui défend avec vigueur le wahhabisme, l’idéologie ultra-orthodoxe et conservatrice de l’islam sunnite et l’Iran, leader du monde chiite. Le conflit, au moins idéologique, perdure entre ces deux pays.

           
Hezbollan outil d'expansion

         Mais si les Saoudiens n’ont pas besoin de ce conflit pour exister, l’Iran en a besoin pour garantir sa survie et sa légitimité et il doit donc être présent sur tous les théâtres d’opérations s’il veut insuffler sa dynamique terroriste. Il y parvient d’ailleurs avec succès. Il étend sa mainmise là où il avait une longue histoire derrière lui, comme au Liban, mais il réussit à s’engager dans de nouvelles régions déstabilisées où il trouve un terreau facile pour son idéologie. Mais une constante lui permet de marquer des points, une cause lointaine qu’il s’est appropriée à défaut d’une autre plus crédible ; la cause palestinienne et sa lutte contre Israël lui assurent une base pour souder le régime théocratique.

Leader de Najbaa à Alep

            Face à la passivité occidentale, des villes qui ont fait les beaux jours du califat sunnite, Damas et Bagdad, sont tombées sous sa coupe. Depuis la révolution islamique de 1979, l’Iran soutient des milices non étatiques comme le mouvement chiite irakien Najbaa qui a fait allégeance en envoyant son chef à Téhéran. Il se justifie en expliquant «qu’il a un devoir religieux d’exporter sa révolution islamique et d’engager, par quelque moyen que ce soit, une lutte constante contre les États perçus comme étant oppressifs». Un doute subsiste cependant sur la finalité de ce soutien, idéologie ou intérêt national ?
            Mais les observateurs politiques sont convaincus que l’Iran n’agit pas par zèle idéologique ou par volonté d’exporter ses idéaux révolutionnaires mais à des fins de politique de sécurité nationale de son pays. Cela explique d’ailleurs le soutien au régime alaouite d’Assad qui n’a rien de chiite. Sa technique est éprouvée puisqu’il recrute les chiites les plus pauvres dans les régions qu’il veut investir, la Côte d’Ivoire, le Yémen, l’Afghanistan et le Pakistan. Des pauvres misérables, encadrés par les Gardiens de la Révolution islamique, combattent alors en son nom.
Nasrallah et le général Aoun

            Mais le ralliement des chiites n’est pas automatique. Le Hezbollah avait eu une controverse interne pour s’impliquer en Syrie parce qu’il était réticent à combattre aux côtés des ennemis de Dieu, s’agissant des Russes en particulier. Hassan Nasrallah n’avait donné son accord qu’après avoir eu un entretien téléphoné personnel avec le guide suprême Khamenei. On a tort de croire que le Hezbollah est uniquement une marionnette de l’Iran sous prétexte qu’il dépend de lui pour son financement. Il fait montre d’une certaine autonomie en poursuivant ses propres objectifs à l’intérieur du Liban pour accumuler des succès. Il a été de ceux qui ont «fait» l’élection du général Aoun comme président du Liban.
            L’Iran a de l’influence et de l’argent, mais il lui arrive de perdre le contrôle des monstres qu’il a engendrés. C’est ainsi le cas du Hamas qui avait été inféodé à l’Iran et à la Syrie et qui avait décidé de rompre unilatéralement en 2012 lorsque ses chefs ont quitté Damas avec comme conséquence immédiate une réduction des aides. L’Iran avait alors trouvé la parade en réorientant les financements vers d’autres groupes terroristes comme le djihad islamique.
Houthis au Yémen

            L’Iran profite des nouveaux conflits pour s’insérer dans un pays, souvent en décomposition. C’est le cas de la force iranienne Al-Qods qui arme les Houthis au Yémen depuis 2012. D’ailleurs un bateau avait été intercepté en 2013, rempli d’armes, d’explosifs et de missiles anti-aériens venus d’Iran. Il est vrai que l’implication de l’Iran en Irak découle de la guerre sanglante menée pendant huit ans par l’Iran contre l’Irak de Saddam Hussein. Mais l’Iran sait y faire puisque la chute de Bagdad étant imminente en 2014, il a proposé son aide au gouvernement central irakien.
            La montée en puissance de Daesh, violemment anti-chiite, a contribué à accroître la popularité nationale des Gardiens de la révolution considérés comme une protection contre Daesh. Ces Gardiens sont une force économique, une force politique et une force idéologique. L’Iran a été ajouté, par le département d’État le 19 janvier 1984, comme un État commanditaire du terrorisme en même temps que le Soudan et la Syrie. On estime que les dépenses iraniennes au profit des milices se situent entre 20 et 80 milliards de dollars. Ces sommes, extraites du budget public, ont été octroyées au chef des Gardiens de la Révolution pour lui permettre d’organiser de nombreux attentats dans les pays arabes contre des intérêts occidentaux. Ils s’en sont aussi pris à l’Azerbaïdjan, le voisin laïc, qui a fait immédiatement appel à Israël pour sa défense.
Président d'Azerbaïdjan

            L’Iran n’a cessé ses activités terroristes. En 2011, l’ambassadeur saoudien aux États-Unis, Adel al-Joubeir, avait survécu à une tentative d’assassinat, attribuée par Riyad aux agents iraniens de la force Al-Qods. Il a été aussi prouvé que huit des dix pirates de l’air du 11 septembre 2001 étaient passés par l’Iran. Ils n’avaient pas été détectés car le gouvernement iranien avait conclu un accord avec les membres d’Al-Qaeda selon lequel leurs passeports ne seraient pas tamponnés en Iran. D’ailleurs le leader d’Al-Qaeda en Irak, – Abou Moussab al-Zarqaoui, s’était réfugié en Iran en 2001 tandis que Téhéran avait refusé de l’extrader vers la Jordanie. Le Trésor américain avait imposé des sanctions contre trois hauts membres d’Al-Qaeda, installés en Iran. Faysal al-Khalidi, pourvoyeur d’armes, Yisra Bayumi, spécialiste des transferts de fonds et Abu Bakr Ghumayn, leader d’Al-Qaeda en Iran.
Leaders al-Qaeda

            La levée des sanctions financières avait permis à Barack Obama d’envoyer 400 millions de dollars en espèces à l’Iran en septembre 2016. Ces fonds libérés ont accru les dépenses militaires et le soutien financier apporté aux milices alliées : Hezbollah, Hamas, djihad islamique palestinien et milices houthies au Yémen. Obama avait été persuadé que cet argent devait financer des projets d’investissement locaux pour réduire le chômage, promouvoir la croissance de l’emploi et aborder les questions liées à l’inflation.  Il s'est lourdement trompé. 
          La politique de l’Iran est d’avoir un pied dans le monde arabe en attendant de le déstabiliser alors qu'on lui donne l'intention de travailler pour un éveil islamique. Le Hezbollah et l’Iran sont devenus des forces militaires soutenant les chiites dans la région. La nouvelle stratégie de l'Iran consiste dorénavant à soutenir les chiites arabes et non perses. Cela démontre que l’idéologie religieuse n’est plus de mise et que l'Iran ne cherche plus à répandre son islam mais à créer volontairement une rivalité avec ses voisins pour entretenir sa survie et sa légitimité. Encore faut-il que l’Occident soit conscient de la réalité de l’usage qui est fait du terrorisme par les Iraniens.

            

1 commentaire:

Georges KABI a dit…

Jacques, votre conclusion n'est pas contradictoire. La main-mise chiite sur le monde arabe sunnite assurerait a l'Iran une richesse demesuree et un succes du chiisme sur le sunnisme. D'autres pays n'ont pas ete cites, la Somalie, l'Erythree, la Libye, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Inde (oui, oui!!), le Bangla-Desh, les Philippines. Dans tous ces pays, les groupes armees chiites sont en plein travail.