LE TOURISME ET ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
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Eilat |
Nazareth |
Il en résulte qu’avec un shekel fort, les Israéliens ont
intérêt à éviter les séjours locaux souvent à des prix excessifs et profitent
donc de tarifs compétitifs à l’étranger. Par exemple, la centenaire et réputée «entrecôte
de Paris» avec sa salade aux noix, sa sauce exclusive et ses frites à
volonté ne coûte que 26 euros soit 100 shekels, service compris, défiant toute
concurrence avec les restaurants de bas de gamme à Tel-Aviv.
Les prix des
denrées alimentaires sont au moins 20% plus chers en Israël. Le gouvernement a pourtant
les moyens d’intervenir en jouant sur le taux de tva qui est de 10% en France
et de 17% en Israël pour tout ce qui concerne l’alimentation. Quant aux prix
dans les îles voisines de la Méditerranée, la comparaison est dramatique au
détriment d’Israël.
Ile de Santorin |
Il ne faut donc pas s’étonner qu’il y ait eu près de 7
millions d’Israéliens qui ont choisi cette année les vacances à l’étranger, en
hausse de 15% par rapport à 2015 et de 62% en 2012. Les prix des hôtels ont
fortement augmenté alors que les salaires israéliens ont stagné, loin des mêmes
proportions ; ils sont même inférieurs à la moyenne de l’OCDE. Les
exemples concrets sont dissuasifs. Une famille de quatre personnes en vacances
à Eilat paiera 3.000 dollars (11.000 shekels) pour cinq jours de séjour contre
1.000$ (3.600 shekels) dans un hôtel cinq étoiles à Chypre en pension complète. Cela explique aussi pourquoi, malgré le danger, de nombreux vacanciers israéliens prennent le risque de se rendre au Sinaï. Israël a dû fermer la frontière de Taba pour dissuader les récalcitrants qui se sont quand même rendus avec femmes et enfants.
Vidéo surveillance |
À la décharge
des hôteliers israéliens, il faut leur rendre justice car ils supportent des
frais dont leurs concurrents étrangers sont dispensés. D’abord les dépenses de
cacheroute et de surveillance rabbinique qui sont obligatoires en Israël et très élevés. Ensuite les charges sociales n’ont pas de
comparaison avec celles qui ont cours en Grèce et qui ne sont pas souvent dues.
Enfin, les hôteliers doivent garantir à leurs clients une sécurité totale qui
coûte d’autant plus chère qu’elle doit être discrète pour ne pas alarmer les
touristes. On ne place pas des tanks ou des militaires armés jusqu’aux dents dans
les hôtels, comme en Egypte, mais des appareils de surveillance sophistiqués avec des opérateurs
souvent issus des services de renseignements de l’armée, payés à prix d’or.
Bethléem |
Cela ne dissuade cependant pas les étrangers de visiter
Israël puisque leur nombre a augmenté de 22%. Il y a bien sûr l’attraction du
soleil et des belles plages, l’exotisme des villes historiques et l’envoûtement
des lieux de pèlerinages. Mais les statistiques démontrent que ces touristes
dépensent moins sur place, pénalisant ainsi les commerces, les magasins, les restaurants
et les souks. Cette augmentation de touristes a été facilitée par la libération du ciel libéralisation du trafic commercial aérien en
Israël qui a permis une concurrence rude entre compagnies aériennes.
Le tourisme est un élément important, une industrie qui
représente une part croissante dans l’économie israélienne, générant près de 10
milliards d’euros au produit intérieur brut et donnant des emplois à près de
200.000 personnes. Les radios locales ont été sensibilisées par ces
augmentations de coût et se sont faites les porte-paroles des touristes pour défendre
les tarifs prohibitifs, en vain.
Malgré cela, le record de 2013 de 3,54 millions de
touristes sera battu cette année. Ils n’étaient que 3 millions de touristes à
fouler le sol israélien en 2016. Ils ont déjà été 739.000 au premier trimestre
2017 en hausse de 24% par rapport à l’an dernier, ce qui a généré 5.000 nouveaux
emplois. Le tourisme religieux est lui-aussi en forte augmentation.
Mais ces résultats sont la conséquence d’une importante
action du ministère israélien du tourisme qui a lancé une grande campagne et trouvé un
moyen de réduire les coûts des voyages. Il a offert un bonus financier aux
compagnies qui atterrissaient à l'aéroport d'Ouvda dans le
Néguev, à une trentaine de kilomètres d’Eilat en attendant l’ouverture du
nouvel aéroport international Ramon à la fin de 2017, avec des vols de 40
minutes vers Tel-Aviv. Le nouvel aéroport Ramon est situé dans la vallée de
Timna, et en dehors de son bel emplacement, il promet d'être l'un des plus
beaux aéroports jamais vus, qui pourra absorber 2 millions de passagers par an
et soulager l’aéroport Ben Gourion, à certaines périodes saturées.
Antalya en Turquie |
Les îles grecques profitent du shekel fort qui leur
apporte des flots d’Israéliens, à longueur d’année. La Turquie, qui était une
destination recherchée en Israël, n’a pas retrouvé ses habitués juifs car seuls
les Arabes israéliens ont maintenu leurs voyages parce qu'ils se sentent mieux dans un pays musulman qui
respecte les règles du hallal.
1 commentaire:
Article intéressant.
Juste une remarque : à la place de "libération du ciel israélien" (heureusement libre),
il conviendrait d'écrire : "libéralisation du trafic commercial aérien en Israël).
Bien cordialement.
Etienne Gotschaux
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