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lundi 25 mai 2015

NAJAT VALLAUD-BELKACEM : RACISME ET MAUVAISE FOI



NAJAT VALLAUD-BELKACEM : RACISME ET MAUVAISE FOI

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps



On ne peut se fier uniquement au Figaro pour analyser et prendre position en ce qui concerne la réforme de l’éducation proposée par Najat Vallaud-Belkacem car le débat y est biaisé parce que politisé. La mauvaise foi est de mise et les commentaires sont souvent racistes quand il s’agit d’une beurette, marocaine de surcroît, qui est à l’initiative du projet de l’éducation nationale. La France est ingouvernable quand il s’agit de proposer des réformes de l’éducation car si la droite les propose, elles sont rejetées au nom de principes purement politiciens, et l’inverse est bien sûr valable de la part de la gauche.



Lycée Buffon

Je pense avoir une certaine crédibilité à parler de l’enseignement pour avoir professé pendant cinq années dans un grand lycée de Paris, le lycée Buffon en l’occurrence. La comparaison de notre enseignement avec celui en vigueur en Israël et aux États-Unis où mes petits-enfants le suivent, ne laisse aucun doute sur la nécessité de secouer le cocotier en France si l’on ne veut pas laisser sur le carreau des générations d’élèves.
À l’étranger, les lycées ont un tronc commun unique qui donne le savoir et qui met en valeur les aptitudes particulières des élèves sur une ou plusieurs matières, et en particulier sur les matières d'éveil. Puis en fonction des compétences et des prédispositions personnelles, les jeunes reçoivent une formation complémentaire pour affiner le domaine où ils sont jugés les plus aptes à réussir. En Israël, des cours complémentaires de maths ou d’informatique sont données aux enfants brillants. Des professeurs de faculté préparent tôt les élèves à l’excellence dans les lycées pour les préparer à entrer dans l'enseignement supérieur . En France nous avons des multitudes de sections, normales ou professionnelles, des classifications, des filières, imposés dès le départ aux élèves et qui s’avèrent souvent des impasses car la sélection a été ratée. 

Les Grandes Écoles sont une invention purement française. Ailleurs, à l'étranger, les cours n’ont lieu que dans les universités où la sélection est sévère à l’entrée. Le bac n’y a aucune valeur. Beaucoup de jeunes trouvent leur voie, bien plus tard et se révèlent au terme d’un parcours d’échec. Il est difficile d’imposer une filière dès la classe de sixième avec le risque de se tromper alors que l’élève n'a pas atteint sa maturité. Il faut une formation diversifiée pour faire ressortir la voie définitive qu'il se choisira.
Il faut laisser aux professionnels le soin de dire si le projet actuel est un bon projet et s’il permettra de combler les lacunes de notre système qui forme plus de chômeurs que de professionnels. Il faut le tester, lui laisser une chance car il est inconcevable de croire que les fonctionnaires de l’État, qui l’ont concocté, l’ont fait en dépit du bon sens et dans un esprit purement partisan.
Ministère rue de Grenelle à Paris

Il ne revient pas aux politiques ou aux journalistes d’opinion de juger du contenu avec objectivité. C'est un travail de professionnels. Les titres violents des articles donnent volontairement une explication tendancieuse, souvent loin de la réalité car le but consiste à attaquer le gouvernement. Certains journaux considèrent qu’ils portent la vraie parole, attendue comme celle de Moïse sur le mont Sinaï. Alors, soit par mauvaise foi, soit par ignorance, le projet de réforme est mal interprété et souvent volontairement déformé pour des raisons politiques partisanes. Il faut s’en tenir au texte et éliminer tous les contre-sens qui entraînent des assertions fausses.

Le latin et le grec disparaissent : faux

Les langues anciennes sont désormais l’un des choix offerts dans les enseignements pratiques interdisciplinaires alors que l’option latin ne concerne que 18% des élèves. Un enseignement dédié à la langue latine et à la langue grecque continue à être proposé en complément aux élèves qui le souhaitent. Il faut laisser les élèves choisir et ne rien leur imposer. Je me souviens avoir souffert à enseigner la physique à des classes de philosophie alors que cette matière était sans intérêt pour leur formation. Il fallait faire de cette matière une option pour l’obtention de points supplémentaires pour entrer dans les classes d’excellence et non pas une matière de bac.

Enseignement du christianisme facultatif : faux

            Le projet de programme d’histoire prévoit l’étude de la naissance du judaïsme et du christianisme en 6°, de l’islam en 5°. Ce projet est toujours en discussion par le Conseil supérieur des programmes et soumis aux enseignants du 11 mai au 12 juin. Certains voient dans l’enseignement de l’islam un danger. Or, il vaut mieux que les enfants soient informés par l’école de la République plutôt que par des gourous qui risquent de les pervertir. L’islam et la langue arabe ne sont pas coupables des dérives islamiques. Ils l'ont compris dans le lycée juif qui forme mon petit-fils à New-York; il apprend l’hébreu et le français ses langues natales, l’anglais sa langue d’adoption et l’arabe littéraire comme option personnelle. Les Américains sont ainsi plus pragmatiques et il ne faut donc pas s’étonner qu’ils dominent le monde politique et économique.
Salanter Akiba Riverdale High School 


L’allemand est supprimé : faux

            Pour la première langue LV1, les élèves pourront choisir l’allemand dès le CP et ils pourront commencer l’anglais dès la 6°. La deuxième langue LV2 est avancée en 5°. En tout, les élèves auront  54 heures d’enseignement de langue en plus. Il était temps qu’on songe à l’enseignement des langues en France quand on voit nos jeunes incapables de pratiquer une langue internationale comme l’anglais.

La réforme s’attaque aux fondamentaux : faux

            La réforme maintient l’ensemble des horaires disciplinaires et prévoit des temps d’accompagnement personnalisé pour s’assurer que chaque élève maîtrise les savoirs fondamentaux, 3 heures en 6°, et au moins une heure en 5°, 4° et 3°. 

Les nouveaux programmes ont été adoptés : faux

            La loi prévoit que les programmes sont élaborés par le Conseil supérieur des programmes composé d’experts et de parlementaires de droite comme de gauche. Ils sont ensuite soumis aux enseignants qui amendent les programmes. Les programmes ne sont soumis à la ratification de la ministre qu’une fois ces deux étapes achevées. Pour l’école élémentaire et le collège, ces nouveaux programmes entreront en vigueur en 2016.

Cette réforme n’a pas été concertée : faux

            La réforme a été présentée en Conseil des ministres le 11 mars et a été débattue pendant un mois avec l’ensemble des partenaires de l’école : les syndicats, les fédérations de parents d’élèves et les associations.  Le Conseil supérieur de l’éducation a voté à une large majorité pour la réforme (51 voix pour, 25 voix contre et une abstention).


            Le projet est encore en discussion et il est porté par une ministre de la diversité dont les diplômes de droit et de Sciences Po sont des références reconnues de la République. Ses origines et sa religion sont exploitées à des fins politiques pour la discréditer parce que les arguments crédibles manquent à ses adversaires. Le racisme transpire dans certaines critiques et il fait honte au pays qui a su intégrer Blancs et Noirs, Juifs et Musulmans, et qui refuse de voir une Arabe au sommet de l’éducation alors qu'elle a au moins la légitimité.

Sources : Ministère de l'éducation nationale



13 commentaires:

coaching littéraire a dit…

me voilà rassurée ....!
merci.

on M avait dit qu elle travaillait pour le arrivée du calife .... L installation de l islam en France et touchait du Qatar....
comme beaucoup d autres

דוב קרבי dov kravi a dit…

Je suis vraiment déçu de vous voir reprendre les mauvais argument de ce gouvernement. Il ne s'agit pas de controverse droite/gauche et encore moins de racisme, argument imparable censé cloué le bec aux opposants.
La liste serait longue des contradictions à apporter votre article, sur tous les points. Renseignez-vous un peu plus en allant lire les avis des opposants de tous les bords politiques, à commencer par des universitaires et des enseignants peu suspects ni de racisme, ni de droitisme.

Véronique ALLOUCHE a dit…

Cette réforme:" assurer un même niveau d’exigence pour que tous les élèves acquièrent le socle commun de connaissances, de compétences et de culture".
Comme à son habitude la gauche met le principe d'égalité au service de la médiocrité.
Pour se faire elle entretient l'idée du préjugé social selon lequel l'élite culturelle ferait partie des nantis et donc des dominants au détriment des "dominés", exemple: éliminer les notations pour ne pas "stigmatiser". Il est tellement plus simple, sous prétexte d'égalité, d'abaisser le niveau plutôt que de l'élever.
Les 10 premières universités mondiales sont américaines et anglaises. La Sorbonne est au 227eme rang.
Véronique Allouche

Corto le Vrai a dit…

Vous voila devenu porte-parole du gouvernement Français ?

crisfi a dit…

C'est sûr, ce plaidoyer est une émanation pure de ce gouvernement qui, décidément, trouve des défenseurs inconditionnels... incroyable, mais vrai ! Et le coup du racisme, on en a soupé !

Ahmed DJEBALI a dit…

Je ne pense pas que Jacques soit devenu subitement un suppôt du gouvernement, ni d’aucun autre d’ailleurs.
Comme il le précise si bien, il a connu de l’intérieur ce milieu si décrié de l’enseignement et des enseignants.
La droite et, une large partie de la presse, comme à son habitude, se sont engouffrés à fond dans cette brèche qu’est la réforme du collège !
Deux moteurs les animent : Courir plus vite que la Bleue Marine et, Conquérir le pouvoir coûte que coûte ! Le reste ils s’en contre fichent !
A force de vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, ils n’auront peut être ni l’un ni l’autre !
Je souscris entièrement aux argumentations de Jacques, j’ajouterai aussi que la droite comme la gauche, traversent depuis un moment des zones à grosses turbulences, l’une comme l’autres manquent de visions à long terme et manquent surtout de projets politiques dignes de ce nom.
La politique à la petite semaine est devenue leur menu quotidien et, à ce rythme là ils ont depuis belle lurette lassé tout le monde et leur crédibilité est proche de zéro !
Quant à ce vieil instinct qui demeure bien ancré, chez bon nombre de nos politiciens (entre autres), Najet la beurette comme Taubira, çà ne passe pas malgré les apparences ! Les vieux réflexes ont la vie dure !
Espérons que le temps fera le nécessaire pour que nos hommes et femmes politiques acquièrent la maturité nécessaire pour devenir dignes de ceux qui les ont élus !

Simone CHARRIER a dit…

Très bien dit et démontré . C' est ce qu' il me semble depuis le début . Sans parler des opposants de la gauche qui s' en régalent du matin au soir . Moche .

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Finalement votre article aura "rassuré" une lectrice, "convaincu" une autre qui sans doute n'en avait pas besoin pour être convaincue.
Mais ce que tout le monde aura compris, c'est que jamais au grand jamais, il n'existera moindre chance que votre petit-fils ne se retrouve dans une école française.

Très cordialement.

Marianne ARNAUD a dit…

Chère Marianne,

Alors que mes enfants ont fait les Grandes Ecoles en France, le cadet a choisi depuis longtemps les Etats-Unis qui selon lui permettent mieux aux jeunes de mieux s'affirmer.

Quant à l'aîné et ses trois enfants, il est en mission temporaire à New-York mais il est pratiquement certain qu'il préfère la vie en Israël pour ses enfants, plus conforme à ses convictions juives et sionistes. Mais le retour en France est compromis.

Véronique ALLOUCHE a dit…

Conclusion, pour monsieur Benillouche la réforme est une bonne réforme puisque socialiste.... Il en démontre tout de même ses limites puisque ses petits-enfants sont scolarisés à l'étranger.
Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

Norbert L. a dit…

Jacques
Dans ton excellente analyse sur le système d’enseignement, tu déclares :
« Il faut laisser aux professionnels le soin de dire si le projet actuel est un bon projet et s’il permettra de combler les lacunes de notre système qui forme plus de chômeurs que de professionnels. Il faut le tester, lui laisser une chance car il est inconcevable de croire que les fonctionnaires de l’État, qui l’ont concocté, l’ont fait en dépit du bon sens et dans un esprit purement partisan. »

C’est là où tu te trompes. J’ai un excellent ami, maintenant vivant en Israël, ancien élève de Normale Sup, d’où viennent la plupart des cadres supérieurs du ministère. Il a fait une étude approfondie sur cette « mafia » des normaliens à l’éducation nationale, qui, depuis Deleuze, n’ont de cesse de démolir le système scolaire français, pour supprimer la culture traditionnelle, basée sur une identité forgée par la langue et la culture traditionnelle. Ils naviguent tous dans l’extrême gauche à la Ligue Ouvrière ou à la Besancenot, selon lui dans cette étude. Il y a donc beaucoup d’idéologie dans la démarche et pas du tout la volonté de mieux servir les enfants. J’ai vraiment tendance à le croire au vu de ce que contient la réforme, même si l’introduction de la multi-disciplinarité est indispensable pour atteindre ce que tu dis, la faculté de permettre aux enfants de choisir là où ils excellent.
C’est triste, mais c’est comme ça.
Amitiés

Jean SMIA a dit…

Si, 1.400.000 fonctionnaires à l'éducation nationale ( plus nombreux que l'armée chinoise !!) réussissent à faire baisser le niveau des élèves c'est qu'il y a probablement un problème concernant le niveau pédagogique des enseignants. Les contenus à enseigner auront beau changer, il n'y aura toujours personne pour les transmettre convenablement. Cette réforme de la formation des enseignants prendrait plus de 10 ans avant d'en constater les résultat sur les élèves. En attendant, il faut bien trouver un faux semblant sur lequel polémiquer avant les prochaines élections, n'est-ce pas ?

Véronique ALLOUCHE a dit…

@ Jean Smia

Monsieur Smia c'est le niveau général qui a baissé et votre profession est loin d'être épargnée. Phrases mal tournées régulièrement accompagnées de fautes d'orthographe dans les journaux et média les plus connus. L'expression orale des journalistes et hommes politiques est désastreuse. Il est à la mode de mettre deux sujets pour un même verbe et l'exemple vient de nos plus hauts responsables politiques. Les enseignants font ce qu'ils peuvent dans ce siècle de l'image et leur tâche est lourde face à l'inculture ambiante.
Cordialement
Véronique Allouche