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mardi 31 mars 2015

SOCIALISTES ET TRAVAILLISTES : OUT !



SOCIALISTES ET TRAVAILLISTES : OUT !

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps 



Un même symbole s’écroule simultanément  en France et en Israël, à quelques jours d’intervalle ; la gauche est en déroute  a priori parce qu’elle ne fait plus rêver. Ancrés sur une idéologie dépassée, refusant d’évoluer avec leur temps, les Travaillistes en Israël et le Parti Socialiste en France comptaient sur leur passé glorieux pour convaincre des électeurs lassés d’attendre une amélioration de leur sort. Alors que le Cac40 explose et que le Nasdaq des titres israéliens ne cesse de monter, le citoyen moyen ne voit rien venir dans son escarcelle.



Vote massif à droite


En France, la montée continue du chômage et la croissance en berne poussaient les électeurs à marquer le désaveu du régime. En Israël l’augmentation du coût de la vie et des logements, les risques sécuritaires et l’erreur de casting d’Isaac Herzog ont orienté les électeurs vers Benjamin Netanyahou. Dans les deux cas, et c’est le paradoxe, les citoyens ont voté à droite parce que la politique de gauche n’était pas suffisamment affirmée.  
Dessin de Pessin de Slate.fr

Alors certains en France, qui reconnaissent cependant la déroute socialiste, trouvent une satisfaction là où ils peuvent : le Front national a raté son second tour car malgré sa poussée, il n’a remporté que 31 cantons sur 2.054 et n’a gagné aucun département.  Le FN ne peut se prévaloir que du gain de 62 conseillers départementaux alors qu’il n’en n’avait qu’un.
Une constatation cependant, en France et en Israël, les partis populistes n’ont pas progressé parce que les électeurs, moins ignares en politique qu’on le croyait,  ont compris que les réformes sérieuses  sont plus efficaces que les recettes chimériques. On croyait Marine Le Pen conquérante et irrésistible mais la démocratie républicaine a gagné puisque son parti populiste a subi un coup d’arrêt. Les extrêmes ont été battus.
Marzel et Ben Ari

En Israël les sionistes religieux de Naftali Bennett se sont effondrés tandis que le parti d’extrême-droite raciste Yahad n’a pas obtenu le minimum de voix pour entrer à la Knesset. C’est en quelque sort une satisfaction, celle de voir les partis républicains réussir quel que soit le camp qui a notre préférence. Le Front national s’affichait déjà en premier parti de France mais il finit deuxième loin derrière l’UMP. Ce même échec a été constaté en Espagne où Podemos, le parti de la gauche radicale, a obtenu moins de 15% à l’occasion des élections en Andalousie. Aux Pays-Bas, le parti de l’islamophobe Geert Wilders a lui-aussi perdu des plumes. Dans le même ordre d’idée on attend le résultat des législatives britanniques pour jauger l’influence des souverainistes de UKIP.
Mais, pour être honnête dans les commentaires politiques, il faut relever que les populistes réalisent des scores auxquels ils ne pouvaient songer il y a quelques années encore. Contrairement aux craintes qui sont distillées çà et là,  les élections départementales ont montré que, si le FN pouvait atteindre des niveaux historiques pour devenir un parti charnière aux prochaines élections, il ne pourra pas gagner l’élection suprême. Il est solitaire et ne peut puiser dans aucune réserve au second tour, condition pour obtenir une majorité.

Gangrène d’extrême-droite

C’est le seul enseignement positif qui peut être tiré d’élections qui ont laminé le PS. Il y a des raisons d’être optimiste. La gangrène d’extrême-droite risque d’être stoppée avant qu’elle ne se propage dans d’autres pays. La population est consciente qu’il faut certes une autre politique mais elle balaye d’un revers de main les promesses chimériques qui conduisent souvent à une impasse. 
Par ailleurs, la politique du ni-ni n’a pas été suivie par les électeurs car les triangulaires n'ont pas profité au FN qui n'en a gagné que 5 et perdu 268. Dans plus de 300 cantons où avait lieu un duel PS-FN, plus de 90% ont été gagnés par le PS grâce à un report de 40% des voix de droite et du centre vers le candidat PS. Cela prouve que les électeurs sont majeurs et qu’ils n’obéissent plus aveuglément aux diktats de leurs partis. Ils votent selon leur conscience.
Le résultat final étonne car la gauche en France a été balayée parce qu’elle a mené une politique absurde alors qu’elle détenait tous les leviers du pouvoir : l’Assemblée, le Sénat, les Régions et les Départements. Les socialistes ont gâché leur temps et leur projet qui a été orienté vers des lois qui étaient décalées par rapport aux exigences et aux préoccupations des électeurs. Ils n’ont pas été à la hauteur de la confiance qui leur a été donnée en masse.  
Israël a connu les mêmes déceptions alors que les sondages laissaient miroiter le retour des Travaillistes au pouvoir après vingt années de gouvernement de droite. La gauche israélienne a elle-aussi connu son revers politique parce qu’elle s’est trop attachée au dogme et à la pensée magique. Elle n’a pas compris que les questions de sécurité étaient fondamentalement au cœur de la préoccupation israélienne et de ce fait, elle n’a inscrit sur sa liste aucun général en place éligible qui aurait pu donner une certaine crédibilité sécuritaire au parti. La gauche n’a pas su convaincre lorsqu’elle parlait de paix et de prospérité puisqu’elle a laissé croire qu’elle voulait le démantèlement de toutes les implantations si c’était la condition pour faire la paix.

Dans les deux pays, la gauche devra trouver un leader charismatique qui sortira des sentiers battus, qui insufflera des idées nouvelles loin du dogme socialiste de l’après-guerre, qui renouvellera la classe politique et qui aura un programme ambitieux et pragmatique pour redonner espoir aux classes moyennes et défavorisées.

6 commentaires:

Pat Quartier a dit…

Je relève une contradiction avec la réalité des faits portant sur votre phrase :" c’est le paradoxe, les citoyens ont voté à droite parce que la politique de gauche n’était pas suffisamment affirmée."
En Israel on peut oser affirmer sans conteste le contraire; c'est parce que la politique de gauche fut trop affirmé que les citoyens ont voté à droite.
En effet, rien de plus à gauche que l'idée avancée par Herzog de balancer les territoires sur l'autel d'une paix que le bon sens populaire sait impossible du fait d'Abou Mazen et des partis arabes israéliens étant ce qu'ils sont, dirigés ou influencés par la clique Zoabi-Tibi. On ne gagne pas les élections contre son peuple.D'ailleurs vous expliquez vous même que cette idee de gauche tambourinée à souhait haineusement par l'extreme gauche de 'liquider" les implantations rentre dans le cadre de "l'erreur de casting."
Par ailleurs je ne pense pas necessairement que le choix d'un general en place éligible aurait accordé un crédit sécuritaire à la gauche...surtout lorsqu'on sait que la plupart des généraux y compris dans un gouvernement de droite étaient à gauche dans leur comportement militaire et politique comme Lipkin CHAHAK ou Mofaz ou Barak par exemple. C'est d'ailleurs une manie ou une fâcheuse habitude des généraux israéliens embourgeoises de se positionner a gauche... ce qui contrairement à ce que vous pensez, ne rassure pas à mon humble avis le bon peuple

Elizabeth GARREAULT a dit…

Tu es très sévère pour la gauche française Jacques Benillouche mais compte tenu de la dette publique abyssale, je ne suis pas certaine que la droite aurait appliqué une recette très différente. Le climat social aurait été plus tendu, ce qui a été épargné a la gauche. On peut quand même admettre ces deux arguments. »

jean Smia a dit…

Oui, dans les deux cas, les extrêmes se sont effondrés.
Cependant, ceux de l’extrême droite ont de bons scores.
Si l'on doit poursuivre le parallèle entre les votes Français et Israéliens: Ne serait-ce pas parce que les électeurs pressentent que d'une part, sur le plan intérieur, les perspectives sociales et économiques ne dépendent plus des programmes des candidats ni de leurs idéologies, mais de facteurs extérieurs ( mondialisation oblige) et que d'autre part, sur le plan international, l'inquiétude issue d'une menace terroriste qui prolifère n'exclut pas d'envisager des solutions radicales et nationalistes?

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Pour être tout à fait honnête, il faudrait reconnaître que pour le FN, passer de, un élu cantonal à soixante-deux élus départementaux, est une progression considérable !
Alors que le FN vient de réussir un maillage territorial qui a surpris tout le monde, il est peut-être prématuré d'écrire "qu'il a subi un coup d'arrêt", au seul motif qu'il n'a pas été en mesure de remporter une présidence départementale, sachant que le mode de scrutin des départementales a été spécialement conçu à cet effet.
La Droite a donc remporté une belle victoire, et je m'en réjouis. Mais elle devra être bien consciente qu'elle a plus gagné sur le rejet de la Gauche que sur son programme, puisqu'elle n'en a pas. Son avenir dépendra du projet qu'elle présentera aux Français.
Quant au PS, après son échec aux municipales, aux européennes, aux sénatoriales, il s'est fracassé, comme prévu, sur ces départementales. S'il n'obtient aucune amélioration économique, il se pourrait qu'il puisse mourir comme l'avait prédit Valls.

Très cordialement.

Véronique ALLOUCHE a dit…

A la différence de la gauche en France, Netanyahou a été plébiscité pour sa politique. Le pragmatisme l'a emporté.

En France et comme à son habitude, on élit la gauche à la présidentielle puis la droite aux élections qui la suivent. Le même phénomène inverse a eu lieu avec en 2011 une vague rose aux cantonales alors que Nicolas Sarkosy était président. Les français plus que les israéliens sont dans le déni de la réalité, ont soif d'idéal d'où qu'il vienne, ce qui amène à l'alternance à chaque élection. Le problème est que "les lendemains qui chantent" ne sont plus l'apanage de la gauche mais celui du front national. Et je ne suis pas sûre que les français "balayent d'un revers de main" les promesses chimériques de ce parti. Le FN se prive de départements mais alors que le scrutin à la proportionnel n'a jamais été en sa faveur, il bénéficie tout de même de 25% des suffrages au premier tour.... Qu'en sera-t-il à la prochaine présidentielle? Ce parti est loin d'être "laminé".
Cordialement
Véronique Allouche

Michèle Braff a dit…

Il faut savoir que la gauche a obtenu un score majoritaire à Tel aviv et environ . La droite de Netanyahou n'a gagné que pour des raisons sécuritaires ,principalement dans des zones à risques ....
Cela n'a rien a voir avec la situation en France. .