Dimanche
dernier, à l’issue du premier tour des élections départementales, les
responsables des trois principaux partis, en lice, semblaient tous satisfaits
de leurs résultats. Il n’y avait pourtant pas de quoi pavoiser, sauf pour le
Front National qui est arrivé en deuxième position derrière la coalition UMP-UDI et devant le PS en
troisième position. Nicolas Sarkozy se félicitait de sa première victoire en
tant que président de l’UMP et Manuel
Valls trouvait que les résultats du PS étaient moins catastrophiques que
prévus, une défaite en somme honorable.
Vote d’adhésion
Certes, le FN n’a pas été adoubé premier parti de France, l’objectif
de Marine Le Pen, mais il a obtenu un score de 25,2% supérieur à celui des Européennes de 2014 et il a étendu son influence, de manière
significative, dans des territoires, et auprès de couches sociales qu’il n’avait pas encore
réussi à séduire. Il n’est plus seulement, l’expression d’un vote contestataire, il est aussi celle d’un
vote d’adhésion à ses idées. Il a stabilisé un électorat, «de petits blancs» composé d’ouvriers et d’employés non qualifiés,
de petits fonctionnaires, de victimes de la crise de la ruralité et du chômage.
Il a gagné de nouveaux électeurs chez les jeunes et dans des couches plus
aisées qui rejettent la mondialisation, les réformes sociétales, le
multiculturalisme.
Marion Maréchal-Le Pen |
Marine
Le Pen, évite soigneusement les outrances et les dérapages verbaux de son père.
Elle n’est pas antisémite, elle est
anticapitaliste, elle n’est pas homophobe, elle n’a pas participé aux
manifestations contre le mariage pour
tous, mais elle n’est pas Charlie,
elle laisse à Marion Maréchal-Le Pen, sa
nièce, le soin de défendre les idées sulfureuses qui ont toujours cours au FN.
Elle a réussi à normaliser son parti, il ne fait plus peur, ses électeurs ne se cachent plus, ils affirment,
au contraire, haut et fort leur adhésion. Elle espère gagner jusqu’à quatre
départements à l’issue du deuxième tour de ces élections qui se tiendront
dimanche prochain. Ses adversaires peuvent ils l’arrêter dans son
ascension ?
Front
républicain
L’UMP et le PS s’opposent sur la
stratégie pour contrer le FN. Le PS éliminé dans le quart des cantons dés le
premier tour propose la stratégie du front républicain. Il appelle donc, en cas
de duel UMP-FN ou UDI-FN, ses électeurs à faire barrage au FN à qui il dénie le
qualificatif de républicain. Il a même choisi dans certaines triangulaires, où
son maintien pourrait permettre au FN de vaincre le candidat de la droite, de
se retirer de la compétition. Pour mémoire, faute de l’avoir fait aux
législatives de 2012, dans le Vaucluse, il avait permis l’élection de Marion
Marechal-Le Pen. Il attend de l’UMP la
réciproque. Mais ce ne sera pas le cas. Nicolas Sarkozy appliquera la stratégie
du Ni-Ni, «ni pour le FN avec qui nous n’avons rien en commun, ni
pour le PS dont nous ne partageons pas les choix» et il demande, de plus, à
tous ses candidats, encore présents dans des triangulaires, de se maintenir au
risque d’augmenter le nombre d’élus du FN.
La droite est déjà assurée d’être la
grande gagnante de cette élection, mais encore, certains de ses élus pourraient
l’être grâce à des voix de gauche ! En fait, Nicolas Sarkozy espère récupérer
des voix d’électeurs de droite qui se seraient dévoyés à l’extrême-droite, d’où ses déclarations répétées contre les repas de substitution dans les cantines scolaires de l’école
publique. Ces repas sont proposés aux enfants qui ne mangent pas de porc quand
cette viande est au menu. Sont concernés, vous l’aurez compris les enfants
juifs et musulmans. Nicolas Sarkozy a déclaré devant les députés de l’UMP: «nous vivons une crise républicaine grave,
la République, c’est la laïcité et la laïcité ne doit pas souffrir d’exception.
Autre déclaration sur RTL en réponse à la question, d’un parent musulman
pratiquant, sur ces repas «Je ne veux pas que les enfants juifs et
les enfants musulmans mangent à des tables séparées, il y a des écoles
confessionnelles pour organiser des menus liés à une appartenance
religieuse ».
Évidemment
les petits musulmans s’intégreront mieux à la République dans des écoles confessionnelles,
fussent elles sous contrats, que dans l’école publique. De qui se
moque-t-il ? Quand l’ancien
président comprendra t’il qu’entre l’original et la copie, les électeurs
influencés par les idées de Marine Le Pen choisiront l’original ? Sa stratégie du Ni-Ni va renforcer
l’enracinement local du FN, elle va lui
permettre d’élargir son implantation,
de former ses militants à la gestion des communes, des conseils généraux, peut-être
d’un département ou deux et de disposer, légalement, de moyens financiers plus
importants. Après les municipales et les européennes, ces départementales seront une nouvelle étape gagnante, pour Marine Le Pen, dans sa conquête du
pouvoir et Nicolas Sarkozy l’aura aidée à la franchir.
1 commentaire:
Il n'est pas sûre que nombre de candidats UMP obéissent au "ni-ni" de Nicolas Sarkosy. Beaucoup d'entre eux arrivés en troisième position se désisteront, comme par exemple dans le Gard où le maire UMP de Nîmes appelle à faire barrage au FN.
Cordialement
Véronique Allouche
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