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mardi 11 novembre 2014

GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN : JAMAIS DEUX SANS TROIS



GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN : JAMAIS DEUX SANS TROIS
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Amir Peretz

          Le gouvernement israélien donne vraiment l’impression d’une alliance hétéroclite, d’un mariage entre la carpe et le lapin tant cette union anormale crée une situation anormale. Après les élections de 2013, l’extension du spectre politique de la coalition, de l’extrême-droite au centre-gauche, pouvait constituer une dynamique politique si les intérêts personnels ne primaient pas sur l’intérêt du pays. Mais le poids important du premier ministre a découragé les tentatives de changement. 


Faiblesse du premier ministre

Conseil des ministres

          Pour la troisième fois, nous voyons le signe d’un éclatement de la coalition avec une reprise en main du gouvernement par le premier ministre. Surfant sur la faiblesse de Benjamin Netanyahou, certains ministres se sont lancés dans des déclarations intempestives pour critiquer sa politique, en menaçant même de quitter leur poste si certaines conditions n’étaient pas remplies. On se souvient qu’un ministre français avait affirmé : «un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne».
Danny Danon et netanyahou

          La première incartade a été immédiatement sanctionnée par le premier ministre pour mettre fin à la cacophonie. Il a choisi un deuxième couteau pour servir d’exemple aux autres leaders des grands partis. Danny Danon, ministre adjoint de la défense, avait été démis de ses fonctions le 15 juillet pour avoir fait des «déclarations irresponsables». Il avait déclaré à l'occasion d'une interview à Ynet que «le premier ministre était directement responsable de la faiblesse de l'opération contre le Hamas. Il a géré l'opération comme un membre du parti d'extrême-gauche Meretz». Ce limogeage avait indisposé la branche nationaliste du Likoud à laquelle appartenait Danny Danon.
Saar et Netanyahou

          La démission surprise du ministre de l’intérieur, au 1er novembre,  Guideon Saar, avait ensuite entériné la rupture des deux plus hauts personnages politiques. L’homme, qui était l’alter ego et le confident de Netanyahou, n’a pas résisté à l’appel du large. Il avait été profondément vexé d’avoir été mis à l’écart du saint des saints, le cabinet de sécurité, où sont débattues les questions essentielles du pays. Son concurrent Guilad Erdan avait été choisi à sa place. Mais sa motivation était d’ordre économique. 
          Saar avait rejoint les inquiétudes de l’aile gauche du Likoud qui souhaitait un infléchissement de la politique économique du gouvernement : «nous devons élever la bannière sociale ... il ne faut pas blesser les classes les plus faibles ... nous ne devons pas voler les brebis du pauvre homme ...» Ses préoccupations étaient certes aussi dans le projet électoral du centriste Yaïr Lapid mais ce dernier a été phagocyté en acceptant un poste ministériel où il a eu les bras liés pour envisager toute possibilité de réformes.

L’homme du Dôme de fer

Peretz, Livni et Mitzna

          Après la démission de Guideon Sar et la révocation de Dany Danon, le gouvernement est à présent ébranlé pour l’attaque frontale d’Amir Peretz, numéro-2 du parti Hatnouah de Tsipi Livni. Son nom était réapparu à l’occasion de la guerre de Gaza car il avait été le ministre de la défense, seul contre tous, qui avait réussi à imposer la construction du système de missiles anti-missiles Dôme de fer dont la réussite n’est plus à prouver. 
          Interrogé à la chaîne 2 de télévision israélienne, il a lancé une attaque en règle contre le premier ministre, attaque qui anticipait sa décision de démissionner. Le ministre de la Protection de l'Environnement n’a pas arrondi les angles et a été percutant : «quand tout flambe aux alentours, le premier ministre embrase le terrain au lieu de calmer le jeu ... Il a raté toutes les occasions qu'il avait et il a préféré rester paralysé, captif aux mains des extrémistes. Netanyahou n'est pas la solution, il est le problème».
          Nous ne connaissons pas encore les intentions de Tsipi Livni, responsable du processus de paix avec les Palestiniens. Elle pourrait choisir de combattre le gouvernement de l’intérieur. Mais il est certain qu’en raison de ces départs, se profilent à l’horizon de nouvelles élections anticipées. Deux des anciens ministres, de sensibilité sociale, pourraient organiser une stratégie de reconquête d’un espace en friche à gauche. Il n’est pas impossible que les deux anciens ministres, Saar et Peretz, se trouvent des points communs avec Moshé Kahlon, autre transfuge du Likoud, pour se présenter devant les électeurs avec un programme de mesures sociales, non seulement pour les classes défavorisées mais aussi pour les classes moyennes.

          Le gouvernement se rapproche de l’heure de vérité. Il ne peut pas laisser s’étioler sa base politique sans prendre des mesures draconiennes passant par l’appel au peuple qui seul pourra trancher. Mais sauf à voir la gauche et le centre s’unir dans un combat contre Netanyahou, le résultat des élections ne changera pas grand-chose à la situation politique du pays en raison d’un système électoral sclérosé, à la proportionnelle intégrale, qui fige les frontières politiques.


3 commentaires:

Jean Corcos a dit…

Merci pour ton article, Jacques ...
Oui, les jours de ce gouvernement sont comptés, et c'est heureux !
Les meilleurs numéros d'équilibriste ont une fin, et la chute approche.
Quand à Peretz, considéré naguère comme un crétin des Alpes, les Israéliens lucide devraient lui ériger des statues partout, car grâce au "dôme de fer" qu'il a eu le courage de promouvoir contre vents et marées, le pays a évité des désastres cet été : alors, écoutons ses avertissements !

Avraham NATAF a dit…

Si le gouvernement Nathanyaou sautait, les successeurs seront assez affaiblis pour faire des concessions dangereuses pour Israël.
Certes les pauvres sont de plus en plus démunis à la décharge de ce gouvernement.

Anonyme a dit…

On ne change pas de capitaine quand le bateau affronte une tempête.(YN)