ETATS-UNIS-ISRAËL :
RACCOMMODER LES RELATIONS
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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La visite de cinq jours de Moshe
Yaalon à Washington s’annonce sous l’ambitieux objectif du réchauffement des
relations avec les Américains. Il s’agit de la première visite du ministre
israélien de la défense depuis la fin de la guerre avec Gaza tandis que les
contentieux entre Israël et les États-Unis sont nombreux, au moins au nombre de
trois. Il débattra de ces problèmes avec son homologue Chuck Hagel à qui il a déjà
adressé ce message : «Les
relations entre les États-Unis et Israël sont fondées sur des intérêts communs
et des valeurs partagées et ceux-ci ne devraient pas être éclipsés par un
désaccord quel qu'il soit».
Chuck Hagel |
Le conflit de Gaza
Le
climat s’est en effet détérioré durant l’opération bordure protectrice
lorsqu’une livraison d’armes américaines a été bloquée pendant plusieurs
semaines en pleine guerre avec le Hamas alors que des centaines de missiles
étaient envoyés sur le sud du pays. Les
Américains avaient alors prétexté que la procédure administrative requise n’avait pas
été respectée pour l’envoi à Israël de munitions et de missiles. Benjamin
Netanyahou n’avait pas apprécié ce qui pouvait être considéré comme un embargo
déguisé. Cette décision était d’autant plus critique que l’Espagne et le
Royaume-Uni avaient annoncé en même temps la révision de leur politique
d’exportation d’armes vers Israël en raison du conflit à Gaza.
Cette propension des vendeurs
d’armes à avoir des scrupules, toujours au moment où elles doivent servir, ne
cesse d’étonner. Les armes sont destinées à la guerre et non uniquement pour la
parade. Déjà depuis l’embargo français de 1967, Israël a développé un complexe
militaro-industriel très performant, lui permettant d'être indépendant pour
tout ce qui concerne les équipements radars, le matériel pour le renseignement
et les puces électroniques. Israël est aussi à la pointe de la conception de
drones, à l’exception des moteurs qui sont achetés au Canada. Le pays est
cependant dépendant de l’étranger pour les avions de chasse, de transport et
les navires car c’est trop lourd et coûteux à construire pour un petit pays.
Cependant, en période de guerre, où les usines israéliennes travaillent à plein
rendement, la consommation de munitions et de missiles est telle que les stocks
doivent être rapidement réapprovisionnés.
Propos de John Kerry
Yaalon doit tenter de gommer le
tollé en Israël suite aux propos violents de John Kerry qui avait réclamé une reprise des discussions de paix
israélo-palestiniennes. Le chef de la diplomatie américaine avait estimé
que le conflit israélo-palestinien alimentait la colère de la rue dans le monde
arabe et que tous les dirigeants de la région avec lesquels les Américains
avaient discuté concernant la coalition contre l’État islamique avaient exprimé
la nécessité d'une paix entre
Palestiniens et Israéliens : «Les gens doivent comprendre le lien. Cela a
quelque chose à voir avec de l'humiliation, du déni et une absence de dignité».
Gilad Erdan |
Ce lien entre le conflit
palestinien et les djihadistes avait été condamné par le ministre des
communications Gilad Erdan : «Avec tout le respect que j'ai pour John Kerry
et pour ses efforts, il continue de battre de nouveaux records quand il s'agit
d'essayer de comprendre notre région et le sens de nos différends. Je crois que cette fois on a vraiment droit à
un nouveau record».
Pour sa part, le ministre
israélien de l'économie, Naftali Bennett avait été plus vif jusqu’à tourner en
ridicule le secrétaire d'État : «Même quand un musulman britannique
décapite un chrétien britannique, c'est aux Juifs qu'on envoie des reproches. Nous
ne justifions nullement le terrorisme, nous combattons contre lui. Je conseille à Kerry de bien croire à
l'existence du danger qu'est effectivement Daesh. Ces terroristes veulent
contrôler le Moyen-Orient, de la Syrie à
la Jordanie en passant par le Liban, ils veulent ressusciter le califat. Nous
devons ou bien nous battre contre eux ou bien les soutenir. C'est un choix que
le monde devra faire».
Marie Harf |
La porte-parole adjointe du
département d'État, Marie Harf, avait tenté de calmer le jeu face à une polémique
qui marque «un grave tournant dans la crise qui secoue les relations
israélo-américaines ». Elle a alors estimé que « les propos de
Kerry ont été mal interprétés. Ils ont été exploités politiquement. Kerry n'a
établi aucun lien entre Israël et Daesh. Tout ce qu'il a dit, ce sont les
propos de certains dirigeants de la coalition selon lesquels un compromis
israélo-palestinien pourrait tout simplement améliorer la situation au Moyen
Orient après des décennies de conflit ».
Nucléaire iranien
Le
dernier débat concerne l’Iran. Les négociations sur le nucléaire iranien ont
repris à Vienne avec l’espoir d’une conclusion avant le 24 novembre. Il est
probable que les diplomates affirmeront que les nombreux rendez-vous de Moshe
Yaalon se dérouleront dans une «ambiance franche et constructive», un
euphémisme pour caractériser en fait des turbulences dans le dialogue. À
Jérusalem on estime que les pourparlers entre les six puissances mondiales et
l'Iran sur son programme nucléaire devront se poursuivre au-delà de la date
limite du 24 novembre : «C'est le meilleur des cas car il est préférable
de ne pas signer un mauvais accord ».
En tout
état de cause l’amitié avec les États-Unis ne peut être hypothéquée dans la
situation grave que connaît le Moyen-Orient. Les diplomates, même militaires,
trouveront certainement un terrain d’entente.
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