Début du vote le 10 février en Israël en commission parlementaire sur l'incorporation des ultra-orthodoxes dans l'armée.
Jacques BENILLOUCHE
au micro
d'Eva SOTTO
LES JUIFS ORTHODOXES PERSISTENT À REFUSER LE SERVICE
MILITAIRE NATIONAL
Par Jacques BENILLOUCHE
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Yaacov Peri face à des soldats |
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Cette exception crée une dichotomie de fait entre deux classes de jeunes. Les jeunes religieux se voient encouragés dans leurs convictions par le silence coupable des deux Grands rabbins d'Israël. Seul, l'un des rabbins du parti Shass, Haïm Amsalem, ancien député, avait fait exception en se démarquant de ses collègues, en mai 2012, ce qui lui a valu d’être exclu de son parti : «Il y a un problème dans la société israélienne et notamment séfarade ; les séfarades ont toujours été sionistes mais le monde «haredi» (orthodoxe) a créé une mutation où il n’existe pas de solidarité avec Israël, pas de solidarité avec Tsahal. J’encourage également les étudiants en yéshivot à faire l’armée, à poursuivre des études universitaires et à travailler sinon, nous engendrerons des générations de nécessiteux. Nous devons subventionner uniquement les plus brillants destinés à être rabbins ou dayans (juges).»
La Haute Cour a tranché
Dans une décision spectaculaire du 4 février 2014, la Haute Cour de Justice composée de neuf juges a rendu une ordonnance provisoire, avec une majorité de huit contre un, interdisant au gouvernement de financer les étudiants de yéshivot dont la date d’incorporation a été retardée. La décision s'applique aux étudiants religieux âgés de 18 à 20 ans, qui ont reçu des ordres d'enrôlement à partir d’août 2013 et qui n’ont pas donné suite.
Moshe Gafni |
Cette décision est jugée par le député Moshe Gafni du parti Judaïsme Unifié de la Torah de «déclaration de guerre contre la population haredi en Israël et à l'étranger». Le Parti Shass a abondé dans le même sens : «Nous sommes désolés d'apprendre que la Haute Cour de Justice rejoint la persécution du monde de la Torah, par son intervention grossière dans la législation délicate qui est en cours de discussion au parlement».
Yeshiva |
Il est anormal sinon indécent que, dans un pays qui lutte en permanence pour sa survie face à des pays ennemis qui l’entourent, une partie de sa jeunesse refuse de participer à l’effort national de défense sous prétexte de prier ou d’étudier. Différentes façons existent pourtant pour aider Tsahal, sans forcément participer aux combats : aumônerie, infirmerie, intendance, administration, télécommunications, aide logistique dans les bases, cuisines, défense passive…
Sans oublier cependant que l’armée permet une intégration des jeunes dans la société multiple et diversifiée et qu’une des tâches des orthodoxes serait de profiter de leur présence à l'armée pour judaïser des pans entiers de jeunes issus de l’immigration russe laïque, sinon chrétienne.
Une loi permissive
La députée Ayelet Shaked |
Répartir les efforts |
La loi est enfin prête puisque le 10 février une commission de la Knesset se prononcera par un vote. La désignation de Ayelet Shaked, membre du parti des sionistes religieux, à la tête de la commission est un gage d'objectivité. Le but final est d’incorporer 3.800 jeunes religieux en 2014 (soit 47% des jeunes religieux en âge d’être incorporés), 4.500 en 2015 et 5.200 en 2016 (soit 65% des jeunes religieux). Ce projet prévoit cependant de permettre aux jeunes de différer leur incorporation jusqu’à l’âge de 24 ans pour terminer leurs études.
La lacune du projet réside dans l’absence de sanctions, financières ou pénales, contre ceux qui ne se présenteront pas aux bureaux d’incorporation. La commission Peri n'en avait pas prévu et Yaïr Lapid en fait un casus beli avec menace de quitter le gouvernement. C'est pourquoi la commission prévoit la suspension des prestations de sécurité sociale, la réduction de 25% des subventions, l'annulation des allègements fiscaux, la suspension des prestations du ministère du logement et des allocations hypothécaires et enfin la suspension des aides aux institutions ultra-orthodoxes.
La lacune du projet réside dans l’absence de sanctions, financières ou pénales, contre ceux qui ne se présenteront pas aux bureaux d’incorporation. La commission Peri n'en avait pas prévu et Yaïr Lapid en fait un casus beli avec menace de quitter le gouvernement. C'est pourquoi la commission prévoit la suspension des prestations de sécurité sociale, la réduction de 25% des subventions, l'annulation des allègements fiscaux, la suspension des prestations du ministère du logement et des allocations hypothécaires et enfin la suspension des aides aux institutions ultra-orthodoxes.
Bureau de recrutement |
La Knesset s’est appuyée sur les résultats des travaux de Yaakov Peri, ministre Yesh Atid de la Science, de la Technologie et de l’Espace, qui ont été adoptés en première lecture en juillet 2013. Ce projet a été amendé par une commission de la Knesset dirigée par la députée Ayelet Shaked du parti sioniste religieux de Naftali Bennett, Habayit Hayehudi, qui devrait être soumis au vote en deuxième et troisième lecture. Le projet inclut des procédures sur la façon dont les orthodoxes devront s'enrôler pour le service militaire ou national avec des objectifs de recrutement et de stimuli pour encourager l'enrôlement. Par ailleurs, le service pour les hommes serait réduit de 36 mois à 32 mois tandis que la durée pour les femmes serait allongée de 24 mois à 28 mois.
Mais rien n’est toujours prévu en cas de refus de répondre aux convocations de l’armée. Ayelet Shaked pense que des poursuites pénales risquent d’encourager la résistance des religieux: «La police ne sera pas en mesure d’arrêter des centaines et des milliers de Harédim qui refusent de s’enrôler, alors pourquoi aller dans le sens de la provocation?» Des indiscrétions révèlent que quatre membres importants de la commission, représentant Habayit Hayehudi de Naftali Bennett, Hatnoua de Tsipi Livni et les travaillistes d’Yitzhak Herzog auraient secrètement conclu un accord sur la nature des sanctions criminelles qui seraient appliquées contre les ultra-orthodoxes qui refuseraient d’appliquer la loi.
Contestation violente
Des milliers d’hommes en noir ont protesté violemment, à l’échelle nationale, contre ce projet, en particulier à Jérusalem, à Ashdod, à Modiin et à Bnei-Brak. Mais fort de la décision de la Cour Suprême, le ministre des finances Yaïr Lapid a décidé le 6 février de geler tous les fonds destinés aux yéshivot. Cette décision est jugée plus radicale car tous les étudiants sont frappés par cette mesure qui ne se limite pas aux étudiants de 18 à 20 ans obligés de s’enrôler. La loi définitive remplaçant la loi Tal sera votée entre le 10 et le 12 mars à la Knesset au terme des trois lectures.
Les rabbins orthodoxes donnent le la et sont en
première ligne pour s’attaquer à la police dont le rôle est de faire respecter
l’ordre. Si des religieux réfractaires à l'armée sont capables de s’attaquer avec autant de violence à
la police israélienne, ils pourraient être plus efficaces à combattre
militairement les ennemis d’Israël. Ils n’ont pas brandi leur Torah contre les
forces de l’ordre mais des bouteilles, des pétards et des objets contondants
pour blesser volontairement. Ils ont prouvé leur indécence en faisant référence
aux Nazis : «Nous avons réussi à surmonter les inquisitions, nous avons
surmonté Hitler, et nous allons maintenant surmonter l'État».
David Zicherman |
Certes les manifestants sont téléguidés par les
groupes orthodoxes lituaniens, et de nombreux militants du Shass qui les
singent, tous antisionistes. Mais ils ne peuvent à la fois combattre et
contester un État qu’ils ne reconnaissent pas et exiger de sa part des
financements à partir de fonds publics auxquels ils ne participent pas. Le rabbin David Zicherman, l'un des
organisateurs des manifestations de Jérusalem, a appelé le public ultra-orthodoxe à lancer un
mouvement de désobéissance civile et à cesser de payer les impôts sans
préciser à quoi il faisait allusion puisqu’il n’en paie pas dans la mesure où
les orthodoxes vivent de dons : «Vous nous poussez dans nos retranchements. Nous
allons commencer une guerre contre l'État d'Israël pour le brûler comme une
traînée de poudre».
Religieux dans l'armée |
Leur seul argument est que l’armée empêchera les jeunes
orthodoxes à appliquer la loi juive de manière stricte et que la mixité avec
les laïcs risque d’attenter à la spiritualité de leurs jeunes. La Knesset se
dévaloriserait en accordant une quelconque exception à ces antisionistes alors
que les sionistes religieux participent en première ligne à l’effort de guerre
israélien.
1 commentaire:
Sans connaitre la réalité d'Israel au quotidien, je trouve consternant de lire qu'un "israélien" (le Rav Zicherman) promette de brûler l'État d'Israël "comme une traînée de poudre".
Cela rappelle plus les "Brigades Rouges" qu'un imprégné des paroles de D.ieu, sur Terre.
Israel (Terre d'épanouissement des Sionistes du Monde entier) a réussi à réduire ses ennemis (palestiniens) en neutralisant les chefs terroristes les plus sanguinaires.
J'assume l'idée que les Juifs (leaders) religieux les plus anti-sionistes devraient être placés dans un avion à destination de New York en aller simple.
Après des dizaines d'expulsions de Chefs Religieux Antisionistes... les jeunes religieux comprendraient -peut être- que leur place en Israel passe (aussi) par une défense de la Terre de Sion, pays de leurs ancêtres... et donc par le passage par l'armée -service actif ou service civil-, ou vers New York sans ticket retour... pour plusieurs années.
Ou alors ... Israel trouverait-il son intérêt à les garder sous la main plutôt que de les savoir bombes à retardement, ailleurs ?
Faudra alors prendre "son mal" en patience....
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