TUNISIE-ISRAËL MÊME COMBAT POUR LE JOUR DE L’AN
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
copyright © Temps et Contretemps
Israël et la Tunisie se rejoignent dans l’interdiction de fêter le Jour de l’An, fête pourtant laïque. Qui est passé par New-York, ville juive par excellence, sait pourtant que, durant les fêtes de fin d’année, tous les immeubles privés et publics démontrent leur œcuménisme puisque les halls exposent à la fois la menorah de Hanouka et le sapin de Noël.
Empêcher les célébrations
La position
officielle du rabbinat est claire puisqu’elle consiste à empêcher les
célébrations de Noël et du Jour de l’An dans les bâtiments publics, ce qui peut
à la rigueur se concevoir, mais aussi dans les centaines d’hôtels du pays.
Selon Haaretz «le Rabbinat
interdit aux hôtels -sous peine de leur retirer leur licence de cacherout - de
décorer leurs halls avec du houx et d’installer, à Dieu ne plaise, le plus
petit arbre de Noël lumineux dans un coin de l’entrée». L’interdiction
vaut aussi pour l’interdiction des réveillons du Jour de l’An alors que depuis quelques années, les diners dansants s’étaient développés pour la nuit
de la Saint Sylvestre, une façon d’oublier la grisaille de la vie.
Yonah Yahav |
Une
lettre du Rabbinat vient d’être adressée à tous les hôtels leur rappelant de ne
pas héberger de groupes venant célébrer la Nouvelle Année sous peine de perdre
leur licence de cacherout : «Il est absolument interdit d’organiser
quelque soirée que ce soit à la fin de l’année qui ait quelque chose à voir
avec des célébrations non-juives». Après la publication de cette lettre, le
maire de Haïfa, Yona Yahav, qui héberge de nombreux Chrétiens et qui respecte la
mixité dans sa ville a désavoué le Conseil Rabbinique de la ville et spécifié
qu’il n’était pas question d’interdire les soirées de réveillon.
Mais il est difficile de savoir s’il a le pouvoir d’imposer sa décision aux autorités rabbiniques qui détiennent des moyens de pressions suffisants pour imposer leurs lois aux hôtels. C’est une atteinte à l’image de l’État juif démocratique qui, sur le plan économique, ne peut pas se priver des millions de touristes et pèlerins chrétiens voyageant en Israël tous les ans. Certes Israël est un État juif mais le judaïsme est multiple et non exclusivement religieux. Les laïcs y ont leur place et ils sont même majoritaires.
Mais il est difficile de savoir s’il a le pouvoir d’imposer sa décision aux autorités rabbiniques qui détiennent des moyens de pressions suffisants pour imposer leurs lois aux hôtels. C’est une atteinte à l’image de l’État juif démocratique qui, sur le plan économique, ne peut pas se priver des millions de touristes et pèlerins chrétiens voyageant en Israël tous les ans. Certes Israël est un État juif mais le judaïsme est multiple et non exclusivement religieux. Les laïcs y ont leur place et ils sont même majoritaires.
Djihadistes
Mais
les religieux de tous pays ont au moins l’avantage de se retrouver sur le même
terrain, avec le même état d’esprit étriqué et avec la même volonté d’intolérance.
Des extrémistes religieux tunisiens viennent d’interdire aux commerces la vente
des gâteaux pour le Nouvel An. En effet, plusieurs pâtissiers ont reçu des menaces de fermeture
de leurs magasins s’ils vendaient des gâteaux à l’occasion du Nouvel An, la «fête
des mécréants».
Patisserie tunisienne |
Selon un article de l’hebdomadaire Akher Khaba,r daté
du 24 décembre, des djihadistes salafistes sont intervenus auprès des pâtissiers
de certaines banlieues de Tunis, en particulier dans le gouvernorat de Siliana
pour les menacer de fermer leur commerce s’ils fabriquaient des gâteaux
destinés à la fête de Noël ou à celle du Nouvel An car ce sont des fêtes de «koffar»,
d’infidèles ou de mécréants.
Pourtant dans notre mémoire
lointaine de Tunisiens, ces fêtes ont toujours été célébrées avec ferveur parce
que l’aspect religieux était loin d’être la motivation première mais plutôt le
plaisir de la fête, de la joie et de la rencontre. Les autorités tunisiennes
ont fait part de risques d’attentats terroristes à l’occasion du Jour de l’An
et ont été contraintes de prendre des dispositions pour assurer la protection des
hôtels, restaurants et autres lieux de fête lors de la célébration des
festivités de Noël et du Jour de l’An.
Nous n’en sommes pas là en Israël
mais la liberté individuelle en prend un bon coup alors que les orthodoxes juifs
ne participent plus au gouvernement.
5 commentaires:
Bravo pour cet article, Jacques ... les interdictions dans les grands hôtels d'Israël sont en effet scandaleuses, mais surtout néfastes pour l'image de marque du pays, alors que beaucoup de touristes viennent à cette saison !
Dur !... Dur...!
On voudrait détruire le tourisme, on ne ferait pas mieux
Quelques remarques sur la signification symbolique du Premier janvier du calendrier grégorien, ou « vulgaire », ou usuel .
Pour rappel, jusqu’en 1968 en France, et certainement ailleurs aussi, à la place du 1er janvier, ou la st Sylvestre, était mentionné « le saint sang » ou le « sang du christ », en référence à la circoncision de Jésus, huit jours après Noël. Et ce sont les syndicats français qui avaient obtenu à ce que ce jour soit « laïcisé ». Pour autant, est-ce que le 1er janvier ne garde pas, de manière sous-jacente, son sens ?
Que d’aucuns fassent la fête, « recherche le plaisir de la fête, de la joie et de la rencontre » ce qui n’est pas la même que de fêter ce jour pour ce qu’il symbolise, ce n’est pas la même chose et cela appartient à la conscience de chacun.
Sur la question de « l’œcuménisme », je me méfie par expérience de ce type d’argument qui tient davantage de la « chakchouka tunisienne » que cherche à nous servir J. Benillouche, où les Juifs risquent plus que d’autres de se perdre dans leur identité.
La position officielle du rabbinat : il fait son travail de « gardien » du sens des choses. Charge à chacun de faire le choix de s’égarer ou de la cohérence, d’adhérer à cette directive ou de la contester.
Dire que « le judaïsme est multiple et non exclusivement religieux », depuis quand existe au fait le concept de laïcité ? C’est revisiter le concept de laïcité qui, originellement, signifiait la séparation, mais aussi le respect du sacré dans la sphère privée, et l’espace public. Aujourd’hui, certains réinterprète la laïcité et le fait d’être laïc pour en faire autre chose anti-religieux, voire d’« anti-déiste ». C’est pourquoi venir clamer que « les laïcs y ont leur place et ils sont même majoritaires » est un non-sens. Comme si tous les « laïcs » authentiques avaient renoncé à leur référence juive, et comme si tous les pratiquants tournaient le dos à la laïcité !
De même, établir des équivalences entre les « religieux de tous pays qui se retrouveraient sur le même terrain, avec le même état d’esprit étriqué et avec la même volonté d’intolérance », c’est soit le résultat d’une grande ignorance de la nature de chacune des religions, soit faire acte de stupidité, et dans tous les cas faire preuve de confusion intellectuelle.
Et ben... nous voilà sur la voie du progrès... Les religieux de tous bords n'ont pas de limite à leurs exigences. A quand une majorité qui ne s'appuie pas sur ces partis religieux qui empêchent la société d'avancer. Ils le disent eux-mêmes avec leur taux de fécondité il submergeront les autres... »
C'est tout simplement ridicule et révoltant.
Cela n'améliorera pas l'image d’Israël et du monde Juif.
Les religieux c'est bien mais faut trop pousser.
Enregistrer un commentaire