LES MARRANES : 400 ANS D'ANGOISSE ET DE TERREUR
Par Maryse CHOUKROUN
Historienne
copyright © Temps et Contretemps
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Cérémonie secrète de marranes - tableau de Moshe Maimon |
Le marranisme
est un phénomène unique par son ampleur et sa durée dans toute l'histoire du
judaïsme. Il est l'aboutissement d'une suite d'événements et de situations
inhérentes à l'histoire du judaïsme ibérique.
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Une histoire agitée depuis l’origine
Arrivés au 1er
siècle comme esclaves à la suite des armées romaines, après la chute de
Jérusalem, les juifs sont affranchis en l'an 212 par l'empereur Caracalla. Au
IVème siècle, les Wisigoths envahissent la région. Lors de la conversion de
leur Roi Recared au catholicisme, au VIIème siècle, toute la population est
sommée d'embrasser la foi chrétienne. Les juifs ayant refusé, ils connaissent
les premières grandes persécutions. Menacés d'avoir les deux yeux crevés,
(symbole de leur aveuglement devant la vérité de la croyance chrétienne), les
historiens estiment à 90.000 le nombre de ceux qui auraient accepté la
conversion. Les autres se réfugient dans les montagnes jusqu'à l'invasion des
Maures au VIIIème siècle.
À partir du
IXème siècle, l'Empereur Charlemagne, entreprend la conquête systématique de la
Péninsule. Les juifs se retrouvent à nouveau en pays chrétien. Durant les trois
siècles suivants, on peut dire que leur situation est vivable. La philosophie,
la poésie, les sciences s'épanouissent. C'est ce que certains historiens ont
qualifié «l'âge d'or du judaïsme espagnol». On retrouve tout
naturellement des juifs à des postes élevés dans des charges publiques et
honorifiques, ce qui ne va pas sans susciter des envies, et des jalousies
aigües.
Le concile de Latran impose le port de la rouelle |
Mais cette
situation va changer du tout au tout avec l'arrivée du nouveau pape Innocent
III. En 1215, il réunit un Concile à Latran et promulgue pour tout le monde
chrétien les plus virulents dogmes antijuifs :
1) Les juifs
devront vivre dans des quartiers séparés fermés par de hauts murs : ghetto,
juiveries, juderias ou calls suivant les pays.
2) Dès que les
juifs sortent de leur quartier, ils sont obligés de porter des signes
distinctifs qui les font reconnaitre des chrétiens : un chapeau pointu en
Europe de l'Est ou, en Espagne, une longue cape de bure appelée gramelle avec une
rouelle cousue sur la poitrine (rond jaune sur fond rouge, mélange du jaune
infamant et du rouge évoquant le sang de Jésus).
Port de la rouelle |
3) Et plus
grave, ce Concile décrète que les juifs sont un peuple déicide, phrase répétée
dans les églises régulièrement. Cette proclamation ne fut annulée que lors de
Vatican II en 1965.
Épidémies
Au milieu de
toutes ces brimades et humiliations, les juifs vivent et survivent. Au milieu
du XIVème siècle, trois épidémies de peste se déclarent à partir de 1348.
L'Europe entière est touchée. Les morts se comptent par dizaines et par
centaines de milliers. Les juifs, vivant dans des quartiers séparés avec leurs
propres puits, en observant les règles d'hygiène (mikvé, netilat Yadaim) et la
cacherout, furent moins atteints que les autres habitants. De là à penser
qu'ils avaient empoisonné les puits des chrétiens, il n'y eut qu'un seul pas
qui fut très vite franchi.
Les pestes
avaient fait de très nombreux morts et la démographie de la Péninsule était
tombée en chute libre, d'où un manque de bras dans toutes les branches
artisanales, et plus particulièrement dans l'agriculture. À ce problème se
surajouta des années de très grand froid qui détruisirent les récoltes entrainant
la famine en Espagne durant plus de dix ans. La révolte grondait dans les
campagnes. Des moines, tout spécialement formés, allaient de villages en
villages pour détourner le mécontentement des paysans contre le gouvernement,
et le diriger contre les juifs, ceux par qui tous leurs malheurs arrivaient. Il
fallait éradiquer l'Espagne de tous ses juifs, non pas en les tuant, mais en
les convertissant. Seul, un refus total devait provoquer leur mort.
Début
des massacres
Le courroux grandissait,
s'enflait, et à la fin du mois de mars 1391, une vague incontrôlée de massacres
s'abattit sur la Péninsule, détruisant tout sur son passage, du sud vers le
nord. Admirablement orchestrée au départ par l'évêque de Séville, ces pogroms
avaient pour but soit, en ayant même recours à la force, de convertir les juifs,
soit de les supprimer. C'est donc aux cris de «à feu et à sang» et «la
conversion ou la mort» que la foule déchaînée envahit tous les quartiers
juifs. Dans la région de Séville, 4.000 juifs furent tués en quelques jours ;
à Cordoue, tout le quartier fut réduit en cendres. Les juiveries de Barcelone,
de Majorque, de Lérida, Saragosse et bien d'autres plus petites, furent rayées
de la carte. Les juifs qui refusaient d'embrasser la foi chrétienne furent
brulés sur des buchers improvisés ou passés au fil de l'épée.
Des témoignages
parlent du sang dévalant les ruelles, des hurlements d'hystérie de la populace
déchainée, des juifs tirés par les cheveux jusqu'à des fonts baptismaux dans
lesquels ils étaient plongés par la force, pour être convertis. Devant le
déchaînement de la foule en furie, nombreux furent les juifs qui pensèrent que
le seul moyen de s'en sortir et de survivre était d'accepter une conversion,
persuadés que l'ordre allait bientôt être rétabli, et qu'ils pourraient
reprendre le cours normal de leur vie d'ici quelque temps.
En l'espace de
cinq mois, temps durant lequel ces massacres firent rage, on estime à 50.000 le
nombre des juifs morts en Espagne, et à 250.000 celui des convertis. C'est un
phénomène unique dans toute l'histoire du judaïsme. Mais il ne s'arrêta pas
avec la fin de ces exactions.
Conversions
forcées
Les hauts
dignitaires de l'Église se montrèrent fort déçus par les résultats. Ils avaient
espéré une arrivée en masse, pour ne pas dire totale, des juifs dans le giron
du catholicisme. Voyant qu'ils n'avaient pas obtenu par la force les résultats
escomptés, ils décidèrent d'essayer la persuasion. Dès 1401, il fut décidé que
tous les juifs devaient être amenés dès l'âge de 7
ans, si besoin par la force, deux fois par semaine dans les églises pour
écouter les sermons virulents des Frères Prêcheurs, Dominicains et les
Franciscains. Le plus célèbre d'entre ces moines, mais aussi le plus fanatique,
fut le Frère Vincent Ferrier, qui, par des discours enflammés détruisait
systématiquement les arguments du Talmud. En 1411, il entra dans la grande
synagogue de Tolède, en plein office de Shabbat, brandissant une immense croix,
et la transforma immédiatement en église Santa Maria la Bianca.
Frère Vincent Ferrier |
Pour convaincre
un peu plus les hésitants, on interdit aux juifs la plupart des métiers. C’est
à partir de cette époque qu'ils furent réduits à pratiquer l'usure, alors qu'en
même temps on promettait monts et merveilles à ceux qui se convertissaient. Durant
tous ces événements, très nombreux furent les juifs qui virent dans la
conversion une échappatoire plus ou moins provisoire à tous leurs malheurs.
Mais la réalité, hélas, fut toute autre.
Les convertis se divisaient en trois groupes :
- Ceux qui
décidèrent de changer de vie totalement et qui, oubliant leurs origines
devinrent de bons et sincères chrétiens.
- Ceux qui,
craignant qu'on mette en doute leur nouvelle foi, ou, pour éviter des
représailles, firent du zèle et devinrent les plus grands et les plus dangereux
antijuifs.
- Enfin les
autres, les plus nombreux, qui, croyant que la crise n'était que passagère,
voulurent en cachette rester fidèles à la foi de leurs ancêtres, et continuer à
pratiquer le judaïsme.
Crypto-juifs
Ils furent
appelés les marranes, ou plutôt, comme on le dit maintenant, les
crypto-juifs (ceux qui pratiquent le judaïsme en secret). Le mot marrane est
très péjoratif. Il signifie, dans le patois castillan «porc» ou plutôt «cochon».
Il fut donné par les espagnols aux nouveaux convertis, d'une part en signe de
mépris, et d'autre part, parce que certains de ces nouveaux convertis mettaient
des morceaux de porc à sécher à leurs fenêtres pour montrer
qu'ils s'étaient bien intégrés.
En se convertissant, obligation leur était faite de changer d'identité :
- Soit ils
choisissaient la traduction de leur prénom hébreu : ainsi Haïm devint Vidal,
Mazel Tov se transforma en Astruc ou Bonastruc, Sitruk et Yom-Tov en Bonjorn.
- Soit ils
gardaient la première lettre symbolique pour préserver le souvenir de leur
prénom juif : Abraham donna Arnaud, Andres, Barouh, se transforma en Bendit,
Benedict. Isaac donna Ignace ou Isidore, et Jacob devint Jacques ou Jaime,
etc...
Comme nom de famille :
- Soit, ils
prenaient leur métier : nous connaissons tous les Sastre, les Herrero, les
Ferrer, ou Sapatero.
- Soit, ils se
contentaient de leurs origines géographiques: les Catala, les Zwili, les
Catalayud, les Gueron, Sarragosse, Rossellini etc....
- Parfois même,
obligés avant de se convertir à vivre dans des espaces restreints ou dans une
même rue, ils finirent par s'appeler, Delaporte, Sasporta (en Catalogne), De la
Calle, les Carrer ou les Carrera etc...
- Ceux qui
manquaient d'imagination dans ces moments d'épouvante, prenaient ce que le
religieux qui les convertissait leur suggérait, à savoir, le prénom du saint du
jour, mais surtout le nom du Roi. Combien sont devenus des Martinez, Sanchez,
Fernandez ou Perez.
- Enfin, les
derniers, ceux qui voulaient faire du zèle et choisissaient des noms de famille
tels que Santa Maria, Dos Santos, Iglésias, Santa Cruz, Delacruz, Delacroix
etc... Dès qu'ils étaient convertis, ces nouveaux chrétiens, étaient séparés de
leurs anciens coreligionnaires.
Alexandre de Rhodes prêtre jésuite d'origine marrane |
Enseignement
de masse
Durant une
période de deux ans, ils étaient pris en charge par les dominicains éduqués à
cette intention. Entassés dans des lieux isolés, nommés, à Barcelone, la place
des Renégats, ou dans d'autres villes simplement rue de la conversion
(comme à Perpignan par exemple), on leur enseignait leur nouvelle religion. Obligés
de suivre tous les offices quotidiens, d'écouter les leçons, les discours et
les sermons, d'aller à confesse régulièrement, la base de l'enseignement
consistait à leur inculquer la crainte du mensonge en les menaçant des affres
de l'enfer. Peu à peu, ces nouveaux convertis devinrent des fidèles comme les
autres ou du moins, la majorité d'entre eux paraissait l'être.
Admis alors
dans la société chrétienne, ils essayaient de s'intégrer et de se fondre pour
se faire oublier. Lorsque leur fortune, à nouveau refaite, le leur permettait,
ils essayaient de s'acheter une identité, c'est-à-dire de s'allier à des chrétiens
bien vus dans la société, mais sans ressource, ce qui était très fréquent dans
la petite noblesse. Ceux-ci n'hésitaient pas à se mésallier pour redorer leur
blason. Et c'est dans un de ces cas que le marranisme va être découvert.
Un ancien juif,
fort riche, converti, vivait depuis peu au milieu des chrétiens. Il avait une
jolie fille promise à un jeune noble espagnol. Or, un soir, alors que ce
dernier s'était rendu en cachette dans sa chambre, la mère frappa à la porte.
Affolée, la jeune fille cacha son amoureux dans l'immense cheminée. Comme
presque partout dans les demeures, les cheminées étaient superposées, et le son
montait facilement. Or par malheur, c'était la veille de Pessah, et ce jeune
homme fut le témoin auditif d'une scène qui le laissa sans voix. Stupéfait, il
alla sur le champ tout rapporter à son confesseur.
Autodafé
Tribunal Inquisition |
La découverte
de la persistance de la religion juive chez les convertis, provoqua une émotion
intense au sein de l'Église. Il fallait extraire au plus tôt cette gangrène de
leur âme, et pour cela, il fallait découvrir les coupables, les faire avouer et
les châtier d'une façon exemplaire en public pour provoquer la peur et même
l'effroi chez ceux qui auraient voulu les imiter. Les évêques de tout le pays
persuadèrent les souverains d'installer l'Inquisition, tribunal religieux, qui cherchait, arrêtait, «questionnait»
(euphémisme pour ne pas dire torturait), condamnait et exécutait elle-même les
sentences. Cette institution était totalement indépendante du pouvoir royal. La
principale source de renseignements ne pouvait être que la délation provoquée
par la jalousie, ou la crainte de l'enfer. Tous les convertis furent
soupçonnés. Le moindre faux pas pouvait les mener aux buchers.
Ces bûchers ou autodafé
(du portugais acto da fé, acte de foi) dressés sur les places publiques et
allumés dans une mise en scène spectaculaire dont le but était de frapper les
esprits. «La terreur doit provoquer la dénonciation pour certains, et
pour les autres, le retour définitif et sincère au catholicisme». La
terreur régnait dans les villes et les villages, s'engouffrait dans les rues et
les ruelles, envahissait les demeures. Chaque voisin, chaque membre du
personnel, chaque jeune enfant pouvait sans le vouloir, à n'importe quel
moment, dénoncer ces crypto-judaïsant durant des séances de confesse qui
étaient régulièrement imposées. Lors de ces séances, les curés avaient une
liste de questions précises à poser, et il suffisait que quelqu'un hésite avant
de répondre pour envoyer en prison sans délai le suspect, ou plutôt le présumé
suspect, avec toutes les conséquences que cela impliquait, c'est-à-dire la «question»,
faible mot pour désigner la torture. La torture menait aux aveux, les aveux
condamnaient au bûcher.
Les marranes
devaient donc agir dans le plus grand secret. Ils se réunissaient la nuit, dans
des caves aménagées sous leurs demeures. Ils devaient se méfier de tout et de
tous. Ils attendaient que les fils aient 16 ans pour leur révéler leur secret
et les initier. Privés de livres religieux, coupés des pratiques, il ne leur restait,
pour rester fidèles à la foi de leurs ancêtres que l'étude plus approfondie de
l'Ancien Testament, éventuellement, la récitation du Shema, et les jeûnes. Les
jeûnes finirent par devenir la pratique la plus courante car la moins
dangereuse, ainsi que le respect des morts, même si l'enterrement avait été
catholique, ils jeûnaient pour les huit jours, ils jeûnaient pour le mois
etc...
Initiation
secrète
Les mères
initiaient leurs filles, juste avant leur mariage. Comptaient surtout, le
prélèvement de la Hala, l'allumage d'une bougie pour Shabbat, qu'elles
mettaient dans le fond d'une jarre que l'on fermait, et le respect, au maximum
de cette journée. Les prêtres avaient donc une liste très longue, établie par
le curé de Los Palacios, de questions précises sur les habitudes ou les détails
de la vie quotidienne qui pouvaient révéler une appartenance au judaïsme. Ces
questions étaient posées régulièrement lors des confessions. Cette liste avait
été réalisée au début pour trahir les judaïsant, or par effet de boomerang,
elle servit bien plus à initier des marranes qui auraient eu tendance à
méconnaître certaines coutumes. Et donc, involontairement, elle a servi à la
continuité du marranisme.
Quelques
exemples de questions : cuisinaient-ils le vendredi pour le samedi puis ensuite
mangeaient-ils ce qu'ils cuisaient le samedi ? La mère de famille jetait-elle
un peu de pâte dans le feu en pétrissant? Trempaient-ils la viande avant de la
faire cuire ? Changeaient-ils de linge de corps le samedi ou le dimanche ? Mangeaient-ils
du pain non levé à la période de Pâque ? Étouffaient-ils les volailles ou les
égorgeaient-ils avec un couteau spécial? Le père bénissait-il son fils en lui
mettant la main sur la tête ou en lui faisant le signe de croix sur le front ? Se
lavaient-ils le visage en rentrant de la messe ? (après qu'on leur eût fait le
signe de croix sur leur front).
Autant de faits
et gestes paraissant anodins mais qui pouvaient envoyer quelqu'un sur le
bûcher. La vie des marranes, au cours des siècles fut faite de craintes, de
peur, de suspicion. Il fallait que leur foi première soit profonde pour
résister au temps, à l'oubli, aux subterfuges et aux simulacres. Seule, et pour
cause, la circoncision n'était pas pratiquée. Mais s'il leur arrivait, un jour,
de pouvoir quitter la Péninsule ibérique si inhospitalière, leur premier acte
était de se faire circoncire ; et nombreux sont les témoignages des
XVIIème et XVIIIème siècles sur ce point, et particulièrement en Hollande ou
dans les îles des Caraïbes.
Baléares
sanglants
C'est aux
Baléares que le marranisme a été le plus fort. Là-bas, on ne les appelait pas
les marranes mais les Xuetes, terme peut-être plus infamant encore dans
le patois local. Le seul fait de vivre dans des îles rendait leur situation
intenable.
Après les
sanglants massacres de 1391, il ne resta plus aucun juif aux Baléares. Très peu
nombreux furent ceux qui purent s'enfuir vers Alger où ils fondèrent la
première communauté juive. Tous les autres, pris au piège, furent obligés de se
convertir et nombreux furent ceux qui se judaïsèrent en secret. L'Inquisition
majorquine se montra des plus implacables. Les descendants des nouveaux
chrétiens devaient vivre dans des rues spécifiques et actuellement, six siècles
plus tard, on nomme encore leurs descendants: «ceux de la rue», «los de la
calle ». Ils vivent encore entre eux, se marient entre eux, on les
montre encore du doigt. Jusqu'à ces dernières années, les descendants de ces
Xuetes, ceux que la populace appelle encore comme cela, racontent que le
vendredi soir, ils évitent de lever les yeux vers le ciel pour ne pas être
accusés de compter les trois étoiles qui leur permettraient de réciter un «Shema»,
ou le samedi de craquer une allumette!
Jusqu'à
l'arrivée du roi Juan-Carlos, ils étaient inscrits dans les registres d'État-civil,
comme «descendant de juif converti». À l'époque de Pessah, ces Xuertes cuisinaient
une pâte sans levain, qu'ils étalaient en la découpant en cercle qu'ils
farcissaient avec de l'agneau, des épices, des fruits secs et du persil. Le
tout était haché, le gâteau refermé et cuit au four. Ainsi, le cérémonial
entier de Pessah était respecté. Les mallorquinas judaïsant appelaient cela une
«coca».
Traditions
culinaires
Ce qui est
extraordinaire dans le marranisme, c'est cette fidélité naïve et sincère au
judaïsme, qui a traversé le temps, les générations et les espaces. Apprise dans
la crainte et le plus grand secret, passée de génération en génération, la
pratique d'une religion s'est transformée en traditions culinaires, en coutumes
familiales, en habitudes personnelles et parfois presque en superstitions.
Pourquoi
certaines espagnoles au-dessus de tout soupçon de judaïsme cuisinent-elles des
beignets une semaine avant Noël ? Pourquoi d'autres trempent-ils le doigt dans
du vin renversé sur une nappe le samedi soir, et pourquoi ajoutent-ils «cela
porte bonheur » ? Pourquoi certaines vieilles femmes ne
coudraient ou ne broderaient pour rien au monde le samedi ?
Cette vie
d'angoisse, de peur, de crainte, a duré des générations, s'est étendue sur des
siècles. L'inquisition réussissait à détecter des dizaines d'années, des
siècles après le départ des juifs, des lambeaux de judaïsme ancrés dans la
mémoire de certains. L'inquisition cessa effectivement de s’appliquer en 1834. Près
400 ans d'angoisse et de terreur, 400 ans durant lesquels ces hommes et ces
femmes risquèrent quotidiennement leur vie pour que perdure la fidélité de
l'appartenance de leurs ancêtres au judaïsme.
http://www.parolevolee.com/index.php/accueil/articles/item/165-les-marranes-400-ans-d-angoisse-et-de-terreur
http://www.parolevolee.com/index.php/accueil/articles/item/165-les-marranes-400-ans-d-angoisse-et-de-terreur
6 commentaires:
vraiment très interressant, merci.
je m'appelle soria je suis catholique d'origine espagnole et originaire d'algerie.je pense être un descandant de marranes ou du moins de conversos (convertis). j'aurais aimé savoir si avant l'inquisition il existait des soria ou si ce nom de ville a était attribué à cette époque au conversos. je n'arrive pas a savoir. si tel était le cas cela voudrait dire que je suis automatiquement un de leur descandant.merci
Ma grand mère maternelle s'appelait Sanchez cela veut il dire qu'elle est descendante de juifs converti ?
Bonsoir,
Je fais des recherches sur les crypto juifs dont je fais parti
Pour les Soria,je vous invite à commander le livre Sangre Judia,de Pere Bonnin, des listes de noms de convertis sont publiées.
Pour les Sanchez, je vous invite à vous munir du Livre vert d'Aragon, vous aurez des réponses à vos questions
Au musé JUIF de GERONA en Espagne, il y a une librairie.
Bonjour,
Je viens d’avoir une conversation avec mon mari d’origine espagnole dont le patronyme est Sánchez, il pense que son nom est d’origine juive. Il m’a dit que le suffixe « ez » serait une déformation ou une dérivation du suffixe « etz » qui serait celui-ci juif. Je précise que cette personne est née dans une famille catholique. J’ai donc cherché à savoir mais n’ai trouvé aucune information sur cela. La seule explication trouvée sur le suffixe ez dans les patronymes espagnols est qu’il signifie « fils de » Sánchez signifierait donc fils de Sancho prénom qui dériverait du latin sanctus = saint. Mais je suis intriguée par la ressemblance entre ez et etz. Auriez-vous une indication? Mon mari est professeur d’espagnol et s’est toujours intéressé à la période historique du moyen-âge espagnol. Ce qui se comprend! Actuellement à la retraite, il fait des études de linguistique en suisse par passion. Par ailleurs je suis allée sur le site espagnol qui donne la liste officielle des noms de famille permettant aux juifs d’origine sepharade portant un de ces patronymes de recouvrer la nationalité espagnole. Effectivement le patronyme Sánchez figure sur la liste. Mais aucune explication n’est donnée sur son origine ni sa construction. Je vais tout de même chercher le livre vert dont vous faites mention dans un post précédent. Merci pour votre réponse. Véronique.
Bonjour
Ma famille maternelle est originaire de Murcia en Espagne et se nomme PAGAN .
Je cherche des information sur ce nom qui à priorie est juif marane.
Il y a prés de Murcia un village nommé Los Paganos avec des habitats troglodytes.
Merci pour votre aide.
marie claude.bourret@live.fr
Bonjour,
De confession catholique et vivant en France j'ai toute ma vie ressenti comme des origines juives par ma famille d'origine espagnole.
Mes recherches généalogiques m'amènent -jusqu'en 1680- dans 100% des cas à des nom de famille inscrit sur la liste des noms de famille d'origine juive reconnue par le Gouvernement espagnol. Toutes ces personnes de ma famille étaient de confession catholique. Elles habitaient toutes dans la montagne. Je suis convaincue que leur localisation géographique correspondait à une fuite liée à l'Inquisition.
Cependant : il ressort de toutes mes lectures que l'on ne peut pas être certain à 100% que ce type de nom de famille (se terminant en -ez) soit obligatoirement d'origine juive.
Le mystère a malheureusement une probabilité non nulle pour rester entier...
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