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mardi 26 mars 2013

OBAMA : LA GRANDE DÉCEPTION PALESTINIENNE



OBAMA : LA GRANDE DÉCEPTION PALESTINIENNE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
         
         
        
         Les palestiniens tirent une grande déception du voyage de Barack Obama en Israël et dans les territoires car ils pensaient qu’il allait imposer une confrontation directe entre les deux protagonistes pour faire avancer le processus de paix. D'ailleurs aucune réunion tri-partite n'a été organisée. Or, le seul aspect positif de la visite est le côté historique du geste car Obama aura été le premier président des États-Unis à fouler le sol des territoires palestiniens. 




Aucun acte concret

Zaava Gal-on


            Le président américain, la révélation vient d’en être faite, avait fait savoir avant son déplacement qu’il ne venait pas avec un plan de paix précis et qu'il tenait uniquement à entendre les deux parties. Les palestiniens auraient souhaité que le président américain souligne que le nouveau gouvernement était «le plus extrémiste de l’histoire d’Israël» et ils relèvent les propos de Zahava Galon, leader de Meretz, qui a estimé qu’il «ferait beaucoup pour les colons et très peu pour le reste de la société israélienne».

            Ils craignent en effet que les constructions dans les implantations soient encore plus développées avec un ministère du logement confié au parti Habayit Hayehudi et un ministre de la défense, Moshé Yaalon, connu pour s’être opposé au démantèlement des implantations de Gaza. Par ailleurs, ils n’attendent rien de Yaïr Lapid car ses attributions couvrent la politique intérieure israélienne et peu la diplomatie. Ils souhaitaient que Benjamin Netanyahou profite du voyage pour faire des concessions publiques à Barack Obama sur la Cisjordanie.

Tous les espoirs palestiniens se sont plus portés que par Tsipi Livni qui a ouvertement affiché ses intentions de développer les relations avec l’Autorité et qui bénéficie d’une aura certaine auprès des américains. Mais ils notent que, minoritaire au sein du gouvernement, son influence sera strictement limitée. Ils ont apprécié certes que Barack Obama ait cru devoir refuser de s'adresser aux députés de la Knesset tout en critiquant son «offensive de charme» auprès des étudiants israéliens. 
Ils n’attendent plus rien des américains qui, selon eux, restent «inféodés» aux israéliens. Ils pointent en particulier le fait que les États-Unis ont refusé de participer au débat du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU sur «les colonies, formes d’annexion rampante de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est». De toutes façons ils ont compris qu’ils ne peuvent rien contre l’opinion américaine qui, selon un sondage de la télévision ABC, soutient Israël à 55% et les palestiniens à 9%. Ils ont intégré le principe que  «Obama vient d’abord faire des déclarations sur les liens américano-israéliens, et non sur l’occupation».



Accueil glacial

Obama à Bethlehem

Les palestiniens ont approuvé les manifestations à Bethlehem et à Ramallah contre les responsables américains chargés de préparer la visite d’Obama. Ils ont voulu montrer que le président américain n’était pas le bienvenu dans les territoires car il n'a rien fait pour s’opposer ouvertement aux constructions en Cisjordanie. Ils n’ont pas apprécié qu’il appuie la définition juive de l’État et ils pointent du doigt le fait que le nouveau gouvernement annonce déjà une nouvelle Loi fondamentale, prémice d’une prochaine Constitution, faisant définitivement référence «à l’aspect juif de l’État et non à ses aspects démocratiques». Ils craignent aussi que les nouveaux financements, pour le logement en particulier, aillent en priorité aux institutions juives et que des terrains de Cisjordanie deviennent des terrains à bâtir juifs. Par ailleurs, ils ont trouvé que la visite à Ramallah était trop brève par rapport aux trois jours passés en Israël et ils ont été jaloux  qu’Obama visite les tombes des fondateurs d'Israël en négligeant celle de Yasser Arafat.

Manifestation contre Obama
 

En bref, ceux qui attendaient de la visite d’Obama une relance du processus de paix moribond sont déçus.  Ils ont critiqué ses références au passé, en particulier celle au président Truman qui a signé la reconnaissance de l'Etat d'Israël avec une annotation manuscrite. Ils ont trouvé «démesurées» les louanges sur «l’énergie persistante d’Israël». Certains journalistes palestiniens n’ont pas hésité à donner dans l’invective ou l’insulte : «L’homme s’est simplement révélé n’être qu’un animal politique de plus, un politicien insignifiant avec une vision désespérément nombriliste, et peu ou pas d’inclination morale». Ils ont trouvé déplaisantes certaines envolées verbales consistant à mettre en garde Israël qui doit favoriser la création d’un État palestinien en raison «des réalités démographiques défavorables à l’ouest du Jourdain» et ont fustigé «l’engagement absolu pour la suprématie militaire israélienne». 

Ils estiment, enfin, que Barack Obama a fait preuve de provocation à l’encontre des «palestiniens, des arabes et des musulmans en les exhortant à reconnaître Israël en tant qu’État juif». Ils n’ont pas apprécié qu'il colle trop à la politique israélienne en faisant allusion au Hamas en prônant «qu’Israël ne doit pas négocier avec ceux qui se consacrent à sa destruction».

En conséquence, les palestiniens ne retirent aucun bénéfice du voyage de Barack Obama ce qui explique l’accueil froid et triste de Mahmoud Abbas. À son arrivée à Ramallah il n’y a eu qu’hymnes nationaux, présentation des personnalités palestiniennes auprès desquelles le président américain ne s’est pas attardé. Il n’y a pas eu de discours lors de la cérémonie d’accueil comme ce fut le cas à l’aéroport Ben Gourion avec les dirigeants israéliens. Les deux hommes se sont vite introduits à la Mouqata, siège de l’Autorité palestinienne pour masquer leurs divergences. C’est la preuve que tous les journalistes, qui avaient traité Barack Obama affublé de son deuxième prénom Hussein d’anti-israélien, se sont lourdement trompés.

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