CORÉE DU NORD ET IRAN : MÊME COMBAT
Par Jacques BENILLOUCHE
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Parade à Pyongyang |
La Corée du Nord et l’Iran se comportent en États voyous face à des pays occidentaux qui font preuve d’une passivité déconcertante par crainte d’attiser un feu qui mène aux excès. On se souvient qu’une corvette sud-coréenne avait été coulée, fin mars 2010, par une torpille nord-coréenne faisant 46 morts. Des condamnations internationales, chinoises exclues, avaient été adressées à un pays qui viole le droit de manière permanente mais sans conséquence tangible. Séoul avait menacé de «faire payer le prix» à la Corée du nord mais n’avait pas précisé les mesures de rétorsion qu’il avait prises. Les dirigeants politiques se sont bornés à priver le Nord de plusieurs sacs de riz et de quelques bidons d’huile. La Corée du nord a pu ainsi imposer sa loi à l’instar d’un Iran qui s’inspire des mêmes méthodes.
Sauvegarder la paix
Les américains avaient songé
uniquement au maintien «crucial» de
la stabilité dans la péninsule ce qui, en termes non diplomatiques, confirmait l’absence
de conséquences militaires contre des dictateurs qui se jouent de tous.
Ahmadinejad et Kim Jong Un, comme Hitler naguère, ont compris que la
préoccupation des occidentaux consiste à sauvegarder la paix, quitte à accepter
les volontés des tyrans car «le dialogue
est préférable à la confrontation».
Missiles iraniens et coréens |
La complicité avec l'Iran est publique puisque la Corée du nord arme en missiles et en blindés les mollahs,
sous le regard passif de l’occident qui croit, comme à l’époque de Munich, que
des dictateurs peuvent entendre raison avec seulement un langage diplomatique.
Déjà en juillet 2009, les dirigeants du G8 avaient
fermement condamné l'essai nucléaire et les tirs de missiles effectués par la
Corée du Nord, sans pour autant prendre les mesures directes qui s’imposaient
face à un perturbateur international.
Corée du sud et Etats-Unis en manoeuvres |
Alors périodiquement et à
tour de rôle, ces deux dictatures se rappellent à notre bon souvenir par des
essais. Le 12 février 2013, la Corée du Nord a effectué son troisième essai
nucléaire. Le 7 mars 2013, Washington et Séoul ayant maintenu leurs
manœuvres militaires, la Corée du Nord a annoncé des frappes nucléaires préventives sur les
bastions américains. Le 26 mars, elle a précisé que ses missiles et son
artillerie de longue portée étaient prêts à frapper des cibles militaires sur
le territoire américain. Quant à l’Iran, utilisant la méthodologie coréenne, il
vient d’annoncer par un communiqué du commandant adjoint des forces terrestres,
le général Heydrai, l'essai de trois nouveaux types de missiles iraniens :
«Ces engins ont passé l'étape de l'essai et il faut qu'ils soient mis à
l'épreuve sur le terrain et qu'ils deviennent opérationnels».
Réalités des menaces
Les observateurs militaires internationaux
sont sceptiques sur la réalité des menaces coréennes car, en cas d’attaque
contre les États-Unis ou contre la Corée du sud, alors la Corée du nord n’existera plus. Mais,
comme l’Histoire l’a déjà démontré, les dictateurs ont tendance à rechercher la
fuite en avant dans une guerre ou dans des menaces qui leurs permettent de
résoudre leurs échecs internes en mobilisant la population contre un risque
extérieur. Mais la vassalisation de l’occident face à des dictateurs, sans foi
ni loi, augmente en fait les risques de conflit plutôt qu’elle ne les empêche.
Il n’est pas sain que les occidentaux acceptent le chantage de l’Iran et de la
Corée du Nord en toute impunité.
Inspection de Kim Jung Un |
Régulièrement la Corée du Nord met en garde les
occidentaux contre une guerre nucléaire pour les amener à composer
ou pour recevoir l’aide alimentaire dont ils ont besoin. Alors dans une mise en
scène propre à son pays, le leader nord-coréen Kim Jong-Un a inspecté les
derniers équipements techniques et de combat, fabriqués par l'unité 1501 de
l'armée populaire, lors d'une visite le 24 mars 2013. L’État communiste a
précisé qu’il coupait tout contact militaire avec son voisin du sud.
Ce sont
des décisions cycliques qui interviennent à chaque fois que la situation
intérieure catastrophique l’exige. Mais un nouveau fait crée
l’inquiétude ; la Corée du Nord a menacé de guerre, non seulement la Corée
du Sud mais aussi les États-Unis sous prétexte «de mouvements de provocation
par les États-Unis et les marionnettes sud-coréennes». En fait il semble
que le nouveau jeune chef n’ait pas de crédibilité au sein de son régime. Ses généraux cherchent donc à prouver, par des gesticulations, que le peuple de Corée du nord se
tient derrière Kim Jung-Un.
Défilé militaire en Corée du nord |
Nul ne croit sérieusement à la capacité de Pyongyang à
cibler les États-Unis. La Corée du nord recherche plutôt, par ses menaces, à
tirer un avantage diplomatique certes, mais surtout matériel car la disette
sévit encore au nord. Les États-Unis ont réagi par des manifestations purement
défensives, en survolant à plusieurs reprises la péninsule coréenne avec leurs
bombardiers B-52. Deux bombardiers furtifs B-2 américains à capacité nucléaire ont effectué une mission d'entraînement au-dessus de la Corée du Sud dans un contexte de vives tensions avec le régime nord-coréen, a annoncé l'armée américaine. Les deux bombardiers B-2 Spirit partis de la base Whiteman de l'Air Force au Missouri (USA, centre) ont largué des munitions factices sur une cible sur le territoire sud-coréen.
Dans cette chorégraphie militaire, les iraniens
tentent d’exploiter à leur profit l’avancée technologique coréenne. Le
responsable du programme nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi, était
en Corée du nord pour assister au dernier test nucléaire. Il s’agit de la
preuve que ces deux pays collaborent pour fabriquer des têtes nucléaires
pouvant être placées sur des missiles longue portée. L'essai souterrain, d'une puissance de 6 à 7
kilotonnes a eu lieu vers trois heures le 12 février 2013 et a été confirmé par
des sources occidentales. Des secousses ont été par ailleurs ressenties jusqu’en
Chine, dans la province de Jilin.
Des sources israéliennes ont confirmé aussi la présence en
Corée du nord d’Abdelghadir Khan, le père du programme nucléaire pakistanais. Mohsen
Fakhrizadeh Mahabadi, qui travaille, depuis des années, à la conception de la
bombe atomique iranienne, était présent, au moment de l'essai nucléaire, à
Pyongyang. Ce savant atomiste vit en
général à l'étranger par crainte d'être assassiné par le Mossad, comme
plusieurs autres savants atomistes iraniens. Sa seule ambition est de doter les
missiles iraniens d'ogive nucléaire.
La connivence entre les deux dictatures d’Iran et de
Corée du nord démontre le danger d’une passivité des occidentaux devant leur
avancée technologique. Cela pourrait peut-être convaincre Barack Obama de
mettre rapidement un terme au programme nucléaire iranien, autrement plus
dangereux au Moyen-Orient.
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