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vendredi 29 mars 2013

CORÉE DU NORD ET IRAN : MÊME COMBAT



CORÉE DU NORD ET IRAN : MÊME COMBAT

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
             

Parade à Pyongyang
          
          La Corée du Nord et l’Iran se comportent en États voyous face à des pays occidentaux qui font preuve d’une passivité déconcertante par crainte d’attiser un feu qui mène aux excès. On se souvient qu’une corvette sud-coréenne avait été coulée, fin mars 2010, par une torpille nord-coréenne faisant 46 morts. Des condamnations internationales, chinoises exclues, avaient été adressées à un pays qui viole le droit de manière permanente mais sans conséquence tangible. Séoul avait menacé de «faire payer le prix» à la Corée du nord mais n’avait pas précisé les mesures de rétorsion qu’il avait prises. Les dirigeants politiques se sont bornés à priver le Nord de plusieurs sacs de riz et de quelques bidons d’huile. La Corée du nord a pu ainsi imposer sa loi à l’instar d’un Iran qui s’inspire des mêmes méthodes. 


Sauvegarder la paix

            Les américains avaient songé uniquement au maintien «crucial» de la stabilité dans la péninsule ce qui, en termes non diplomatiques, confirmait l’absence de conséquences militaires contre des dictateurs qui se jouent de tous. Ahmadinejad et Kim Jong Un, comme Hitler naguère, ont compris que la préoccupation des occidentaux consiste à sauvegarder la paix, quitte à accepter les volontés des tyrans car «le dialogue est préférable à la confrontation».
Missiles iraniens et coréens
 
            La complicité avec l'Iran est publique puisque la Corée du nord arme en missiles et en blindés les mollahs, sous le regard passif de l’occident qui croit, comme à l’époque de Munich, que des dictateurs peuvent entendre raison avec seulement un langage diplomatique. Déjà en juillet 2009, les dirigeants du G8 avaient fermement condamné l'essai nucléaire et les tirs de missiles effectués par la Corée du Nord, sans pour autant prendre les mesures directes qui s’imposaient face à un perturbateur international.
Corée du sud et Etats-Unis en manoeuvres
            Alors périodiquement et à tour de rôle, ces deux dictatures se rappellent à notre bon souvenir par des essais. Le 12 février 2013, la Corée du Nord a effectué son troisième essai nucléaire. Le 7 mars 2013, Washington et Séoul ayant maintenu leurs manœuvres militaires, la Corée du Nord a annoncé des frappes nucléaires préventives sur les bastions américains. Le 26 mars, elle a précisé que ses missiles et son artillerie de longue portée étaient prêts à frapper des cibles militaires sur le territoire américain. Quant à l’Iran, utilisant la méthodologie coréenne, il vient d’annoncer par un communiqué du commandant adjoint des forces terrestres, le général Heydrai, l'essai de trois nouveaux types de missiles iraniens : «Ces engins ont passé l'étape de l'essai et il faut qu'ils soient mis à l'épreuve sur le terrain et qu'ils deviennent opérationnels».

Réalités des menaces
Kim Jung Un et ses généraux

             Les observateurs militaires internationaux sont sceptiques sur la réalité des menaces coréennes car, en cas d’attaque contre les États-Unis ou contre la Corée du sud, alors la Corée du nord n’existera plus. Mais, comme l’Histoire l’a déjà démontré, les dictateurs ont tendance à rechercher la fuite en avant dans une guerre ou dans des menaces qui leurs permettent de résoudre leurs échecs internes en mobilisant la population contre un risque extérieur. Mais la vassalisation de l’occident face à des dictateurs, sans foi ni loi, augmente en fait les risques de conflit plutôt qu’elle ne les empêche. Il n’est pas sain que les occidentaux acceptent le chantage de l’Iran et de la Corée du Nord en toute impunité.
Inspection de Kim Jung Un
            Régulièrement la Corée du Nord met en garde les occidentaux contre une guerre nucléaire pour les amener à composer ou pour recevoir l’aide alimentaire dont ils ont besoin. Alors dans une mise en scène propre à son pays, le leader nord-coréen Kim Jong-Un a inspecté les derniers équipements techniques et de combat, fabriqués par l'unité 1501 de l'armée populaire, lors d'une visite le 24 mars 2013. L’État communiste a précisé qu’il coupait tout contact militaire avec son voisin du sud.
              Ce sont des décisions cycliques qui interviennent à chaque fois que la situation intérieure catastrophique l’exige. Mais un nouveau fait crée l’inquiétude ; la Corée du Nord a menacé de guerre, non seulement la Corée du Sud mais aussi les États-Unis sous prétexte «de mouvements de provocation par les États-Unis et les marionnettes sud-coréennes». En fait il semble que le nouveau jeune chef n’ait pas de crédibilité au sein de son régime. Ses généraux cherchent donc à prouver, par des gesticulations, que le peuple de Corée du nord se tient derrière Kim Jung-Un.
Défilé militaire en Corée du nord
             Nul ne croit sérieusement à la capacité de Pyongyang à cibler les États-Unis. La Corée du nord recherche plutôt, par ses menaces, à tirer un avantage diplomatique certes, mais surtout matériel car la disette sévit encore au nord. Les États-Unis ont réagi par des manifestations purement défensives, en survolant à plusieurs reprises la péninsule coréenne avec leurs bombardiers B-52. Deux bombardiers furtifs B-2 américains à capacité nucléaire ont effectué une mission d'entraînement au-dessus de la Corée du Sud dans un contexte de vives tensions avec le régime nord-coréen, a annoncé l'armée américaine. Les deux bombardiers B-2 Spirit partis de la base Whiteman de l'Air Force au Missouri (USA, centre) ont largué des munitions factices sur une cible sur le territoire sud-coréen.

Objectif iranien

Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi

               Dans cette chorégraphie militaire, les iraniens tentent d’exploiter à leur profit l’avancée technologique coréenne. Le responsable du programme nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi, était en Corée du nord pour assister au dernier test nucléaire. Il s’agit de la preuve que ces deux pays collaborent pour fabriquer des têtes nucléaires pouvant être placées sur des missiles longue portée. L'essai souterrain, d'une puissance de 6 à 7 kilotonnes a eu lieu vers trois heures le 12 février 2013 et a été confirmé par des sources occidentales. Des secousses ont été par ailleurs ressenties jusqu’en Chine, dans la province de Jilin.
              Des sources israéliennes ont confirmé aussi la présence en Corée du nord d’Abdelghadir Khan, le père du programme nucléaire pakistanais. Mohsen Fakhrizadeh Mahabadi, qui travaille, depuis des années, à la conception de la bombe atomique iranienne, était présent, au moment de l'essai nucléaire, à Pyongyang.  Ce savant atomiste vit en général à l'étranger par crainte d'être assassiné par le Mossad, comme plusieurs autres savants atomistes iraniens. Sa seule ambition est de doter les missiles iraniens d'ogive nucléaire.
              La connivence entre les deux dictatures d’Iran et de Corée du nord démontre le danger d’une passivité des occidentaux devant leur avancée technologique. Cela pourrait peut-être convaincre Barack Obama de mettre rapidement un terme au programme nucléaire iranien, autrement plus dangereux au Moyen-Orient. 

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