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lundi 4 juillet 2022

Ukraine, l'Occident contre le reste du monde par Francis MORITZ

 

UKRAINE, L’OCCIDENT CONTRE LE RESTE DU MONDE 

Par Francis MORITZ

 

 

G7

          Les effets exponentiels du conflit engagé depuis quatre mois n’ont pas fini de se faire sentir. Les sept pays membres du G7, Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume Uni se sont réunis ce week-end sous présidence allemande, pour définir de nouvelles sanctions contre la Russie et envoyer un «message d’unité et de détermination».  À cette occasion le président Biden tentera d’obtenir des participants leur élargissement. Il tentera aussi de les persuader que l’invasion russe et ses conséquences sont la source unique de tous les maux qui accablent la planète.




Le président américain a pour objectif de poursuivre sa lutte avec la Chine par tous les moyens en interposant d’autres intervenants régionaux. L’Europe, désormais grand voisin de la Russie et sa sphère, est en première ligne. L’inflation galope en Amérique bien que ce pays dispose de pétrole, de gaz et de blé. Le pire est à venir. Le président américain est inquiet trois mois avant les élections de mi-mandat, qui pourraient lui faire perdre sa majorité au Sénat. On comprend d’autant mieux sa hâte de les convaincre et qu’ensuite il enchainera en juillet une visite en Arabie Saoudite, puis en Israël. Il a entretemps «gommé» ses propos antérieurs qualifiant le prince MbS de paria et de criminel. Le but serait d’obtenir des Saoudiens une substantielle augmentation de la production de pétrole pour faire baisser son prix international et, cerise sur le gâteau, une formalisation des liens avec Israël, prochaines élections de novembre à la clé.  

Biden au G7


Ce n’est pas le seul paradoxe que nous propose la plus grande démocratie du monde dans sa posture éternelle de donneur de leçons. On apprend que son président va se rendre a Canossa, ici Ryad, mais qu’il est impuissant devant l’annulation de la loi fédérale autorisant l’avortement, qui vient d’obtenir très laborieusement une loi bipartisane sur un certain contrôle des armes, qui est loin de permettre un contrôle réel de la vente des armes.

A la réunion des BRICS,  Poutine annonce la livraison de 50 millions de tonnes de céréales


Dans le même temps, il faut être conscient que seul un quart de tous les pays de la planète a accepté d’appliquer les sanctions. Cinq pays non-membres du G7 ont été invités afin d’essayer de les persuader de se joindre aux sanctions, dont le Sénégal et l’Indonésie, qui appellent ouvertement à leur levée. L’Inde et l’Afrique du Sud membres de l’alliance BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) sont également invités ainsi que l’Argentine qui compte adhérer à ce groupe. Le président sénégalais a déjà annoncé qu’il rencontrera Poutine  à Sotchi ; celui d’Indonésie se rendra à Moscou après le G7, pendant que l’Inde a massivement augmenté  ses importations de pétrole russe.

Les BRICS se sont réunis à l’invitation de la Chine quelques jours jours plus tôt. Un des effets du forcing américain a été un très net rapprochement sino-indien qui prend tout son sens dans l’objectif chinois de briser l’hégémonie occidentale sous conduite américaine. L’Occident, États-Unis en tête, minimise l’impact des sanctions, notamment sur les produits alimentaires. L’interruption des livraisons est vitale pour des populations entières dont le niveau de vie ne supportera pas les pénuries ainsi provoquées. Ce qui avait déjà provoqué dans le passé, des émeutes de la faim dans plusieurs pays du tiers et du quart monde. Tout cela ne semble pas être une préoccupation majeure dans les prises de décisions. En Europe, même si la France peut se prévaloir d’un approvisionnement énergétique diversifié, son partenaire allemand, dans la tourmente qui s’annonce, sera très fortement pénalisé par le renforcement des sanctions. La France le sera aussi diversement, par solidarité européenne.

L’alliance des BRICS a également organisé de son côté un sommet BRICS-Plus avec des invites. Outre l'Argentine, les invités actuels du G7, le Sénégal et l'Indonésie, étaient également représentés, ainsi que le Nigeria et l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, le Kazakhstan et la Thaïlande. Les BRICS représentent plus de 2/5 de la population mondiale et entre-temps un quart de la production économique mondiale. Ils se rapprochent lentement mais sûrement de la production économique du G7. Toute expansion des BRICS accélérerait le processus. D'autres réunions au format BRICS-Plus ont été annoncées.

Le président chinois Xi Jinping, dont le gouvernement a accueilli le sommet en format vidéo, a appelé à «rejeter la mentalité de guerre froide et la confrontation des blocs et à ne pas former de petits cercles autour d’objectifs hégémoniques» - un rejet clair des politiques occidentales actuelles, comme on peut également l'observer lors du prochain sommet du G7. En particulier, Xi s'est également opposé à la politique de sanctions occidentales. Des demandes ouvertes pour enfin «briser l'hégémonie occidentale» se font entendre en Inde. Les pays d’Amérique du Sud, pour certains, se tournent désormais vers l’axe sino-indo-russe qu’ils considèrent comme plus porteur d’avenir. Ce qui explique la position de l’Argentine.

Le président Zelenski a pris la peine d’annoncer que son pays recense au moins cent victimes par jour et trois fois plus de blessés. Combien de temps la population supportera-t-elle ce sacrifice pour payer le prix d’une victoire incertaine ? Le geste hautement symbolique de considérer l’Ukraine comme candidat a l’entrée dans l’UE ne résoudra rien à court terme, car la route est longue avant de disposer d’un siège à Bruxelles. Les Balkans en savent quelque chose. Et l’Iran ? apparemment le dossier est suspendu, alors que le danger iranien demeure. L’UE et l’Otan ont déjà beaucoup de mal à gérer le conflit à ses portes. Les complications naissantes des sanctions imposées par la Lituanie à l’enclave russe de Kaliningrad constituent un nouvel abcès de fixation. Les dirigeants européens doivent désormais aussi se poser la double question, si les citoyens européens sont prêts à subir des sacrifices pour aider l’Ukraine et jusqu’où. Sont-ils prêts à mourir pour le Donbass ?

Poutine-Lukaschenko, la Biélorussie réintègre l’Urss


Les peuples européens qui ont vécu en paix depuis 1945 (sauf bien sur la guerre de l’ex Yougoslavie) sont-ils en situation d’entrer en conflit avec la Russie et va-t-on leur demander leur avis ? Alors que la Russie et la Biélorussie concluent un accord pour augmenter significativement la capacité militaire et l’équiper de têtes nucléaires. Désormais de voisin, ce pays devient une base russe avancée. Minsk a réintégré l’URSS. C’est le moment où la diplomatie doit absolument agir, n’en déplaisent aux va-t’en guerre de tous bords ou attendent ils un nombre de morts plus importants pour changer de stratégie ? Elle ne l’avait pas fait depuis 2015 sérieusement. Il n’y a plus de temps, si on veut éviter une nouvelle catastrophe dont les civils seront encore les victimes.

Saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, s’exclamait, mort où est ta victoire ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Monsieur pour cette analyse claire, aussi impartiale que faire se peut. Malheureusement en France et dans la sphère états-unienne, on pense être dans le camp du bien quoique décide ou fasse les USA l'opinion publique est aveuglée par des médias soumis à la même idéologie .