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samedi 19 février 2022

Too much par Claude MEILLET

 

TOO MUCH


Par Claude MEILLET

 



Too much, c’est too much ! Mélangeant hardiment la langue de Shakespeare avec celle de Molière, le duo infernal venait de nouveau frapper. Elle, la longue avocate brune, pourfendeuse habituelle des atteintes humanitaires. Lui, le gynécologue rondouillard, et néanmoins contestataire obstiné du pouvoir politique. Visiblement soulevés par une indignation trop longtemps étouffée, ils proposèrent à Jonathan, leur chef d’orchestre, de substituer à l’échange normalement de mise dans leurs réunions, un exposé ex-cathedra du sujet de leur trop plein. Devant cette proposition carrément intimée, le chef d’orchestre comprit qu’il valait mieux acquiescer, avant explosion.


Religieux extrémistes


Ça commença mal. La connerie absolue qu’est pour eux ce qu’ils répugnaient à nommer notion, «le grand remplacement». Leur vocabulaire resta cependant pour la suite dans le registre de l’honnête. Un slogan, un titre, une accroche tout au plus, qui s’empare d’une peur plus ou moins diffuse, souvent inavouée. Tout heureuse de pouvoir s’expliciter ouvertement, coaguler derrière un drapeau, un homme, un mouvement. Le truc, étendre à une population entière, les Arabes, les dérives bien réelles, agressives, violentes, de catégories particulières de cette population, constitutivement diverse. Les extrémistes radicaux musulmans, les sans-emplois, la plupart du temps jeunes, les trafiquants de drogue, gros et petits. C’est-à-dire, pour bien nommer les choses, et pour commencer, un vrai racisme, pur et dur. Très conscient chez les initiateurs, plus ou moins assumé par la masse impressionnante des suiveurs.

Et pour continuer, une imbécilité absolue. Ignorante d’une réalité aveuglante. L’Occident, en gros, l’Amérique du Nord et l’Europe, longtemps roi du monde, ne représentent plus, toujours en gros, qu’un sixième de la population mondiale. La grande intégration, elle bien réelle, a déjà commencé. Inarrêtable. Facilitée par la multiplication des moyens de transport. Accentuée par la totale visibilité de l’écart de richesse entre cet Occident développé et fatigué et le reste du monde, en développement, plein d’énergie. La mixité est déjà là. Il suffit de le constater dans la vitrine que sont les grandes capitales. Le mélange de populations, d’ethnies, est déjà leur réalité vivante. Une imbécilité d’ailleurs, triplement absolue. Toutes les nations occidentales se sont historiquement constituées dans des rencontres, affrontements, mélanges de peuples divers. Et toutes ont vu leur déploiement énergisé, consolidé, par l’apport de nouvelles populations. Apportant leur envie, leur force, leur jeunesse.

settlers


La messe est dite, interrompue par une participante, soit convaincue, soit irritée. Interruption qui ne fit que relancer la fougue des deux impétrants. Car il y a un second scandale. Lui aussi, n’apparaissant qu’en fond de teint. Un substrat faiblement revendiqué mais socle majeur. La religion, puisque tu es folle de la messe, osa lancer le gynécologue, provocateur. Derrière le grand remplacement désigné, tente de s’infiltrer un autre remplacement. Dans le cas français, pour être précis, la tentation, sinon la tentative, d’annihiler la laïcité par une résurgence du christianisme. Tout simplement. Dans l’autre cas, dramatiquement plus ouvertement, le cas israélien. Les religieux juifs extrémistes, profitant de l’attentisme sinon du laxisme des autorités politiques, entreprennent par tous les moyens de faire partir de ce qu’ils revendiquent être leur grand territoire, les Arabes qui y vivent. Une entreprise d’implantation, d’éviction, souvent violente, appuyée par un double phénomène local. La vocation d’Israël comme nation pour les Juifs, et le conflit interminable israélo-palestinien, créateur du terrorisme palestinien et de la force occupante israélienne. Dans les deux cas, de façon et dans des contextes différents, l’obscurantisme religieux tente d’imposer sa loi. Face au principe de séparation de l’Église et de l’État. Face aux principes de la morale et de la démocratie. 

Devant le silence, lourd de réflexion, qui suivit leur péroraison, le duo orateur s’invita à une prolongation plus apaisée, au moins dans la forme. D’autres sujets d’indignation parcourent aussi le monde. La faim, les guerres, bien entendu, l’exploitation, la malnutrition d’enfants. On peut en passer, et bien des meilleures.

Il ne reste plus qu’à remettre le monde à l’endroit, lança à son tour Jonathan. Pour alléger l’atmosphère. Et pour, malgré tout, donner acte à l’avocate et au gynéco du caractère global de leur véhémente démonstration

 

 

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