LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

lundi 21 février 2022

Israël contraint de cautionner l'accord nucléaire avec l'Iran

ISRAËL CONTRAINT DE CAUTIONNER L’ACCORD NUCLÉAIRE AVEC L’IRAN


Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

Mitsutakis - Gantz

       À la suite d’informations de sources sécuritaires, il semble que les puissances mondiales soient à la veille de signer un accord nucléaire avec l’Iran.  Israël n’a aucun moyen de s’y opposer. Un haut responsable israélien a déclaré que, bien que les problèmes ne soient pas tous résolus, il est pratiquement acquis que les différentes parties s’orientent vers un compromis avec l’Iran. D’ailleurs le premier ministre Naftali Bennet se prépare à prendre la parole pour entériner cet accord avec l’espoir que la levée des sanctions sera progressive pour tester les réelles intentions des Iraniens.


Alon Ushpiz

 

Le ministre de la Défense Benny Gantz participe les 19 et 20 février à la conférence de Munich sur la sécurité. Lors de la conférence, il prononcera un discours et participera à un panel sur les accords abrahamiques dimanche 20 à 12h30. Benny Gantz a atterri à Munich avec le directeur général israélien du ministère des Affaires étrangères Alon Ushpiz. Il a rencontré le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsutakis, et le ministre grec de la Défense, Nicholas Pangiotopoulos.  Il s’est également entretenu avec le ministre de la Défense de Finlande, Antti Kaikkonen, avec le Premier ministre de Géorgie, Irakli Garibachvili, avec le président du Forum économique mondial, Burga Brenda et avec le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdullah ben Hamed al-Khalifa. Tous les ambassadeurs israéliens dans le monde ont reçu des instructions ainsi que les éléments de langage justifiant la politique d'Israël sur la question iranienne.  

Gantz rencontre les dirigeants américains


Un haut responsable de l'Union européenne a confirmé qu'un accord américano-iranien pour relancer l'accord nucléaire iranien de 2015 était proche mais que le succès dépendait de la volonté politique des personnes impliquées : «Je m'attends à un accord dans la semaine ou les deux semaines à venir. Je pense que nous avons maintenant sur la table des textes qui sont très, très proches de ce qui va être l'accord final». Déclarant que «des progrès substantiels ont été réalisés au cours de la semaine dernière», un porte-parole du département d'État a déclaré que «si l'Iran fait preuve de sérieux, nous pouvons et devons parvenir à un accord sur le retour mutuel à la pleine mise en œuvre du JCPOA en quelques jours».

En fait, il semble bien que le président Ebrahim Raïssi ait besoin d’un accord nucléaire plus que Joe Biden. D’ailleurs au sein des équipes de négociation à Vienne, circule un document de 20 pages comprenant trois annexes sur les sanctions, les engagements nucléaires et la mise en œuvre. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, souhaite une couverture politique à partir d’une déclaration du Congrès démontrant son engagement envers un accord.

Hossein Amir-Abdollahian


La première version de l'accord se concentre sur un «geste de bonne volonté», à savoir le dégel des fonds iraniens bloqués par les sanctions américaines, en échange de la libération par Téhéran de prisonniers occidentaux. Si l’Iran respecte l’accord, «conformité pour conformité», alors les États-Unis renonceront aux sanctions ainsi que celles réimposées par Trump en mai 2018, y compris celles visant les personnes non américaines. Si les États-Unis lèvent les sanctions, alors l'Iran pourrait être à nouveau ouvert aux affaires dans les secteurs de l'énergie, du transport maritime, des métaux, de l'automobile, des assurances et autres.

L'Iran devra suspendre les actions nucléaires entreprises depuis 2018 sachant qu’il est désormais capable de produire suffisamment de combustible nucléaire pour une bombe en moins d'un an. La question reste de savoir s’il est possible de revenir en arrière. Par ailleurs l’Iran devra supprimer les restrictions d'accès à ses installations nucléaires. L'AIEA avait noté que l'Iran enrichissait de l'uranium à 60%, bien au-dessus du plafond de 3,67% de l’accord de 2015 sachant que l'uranium hautement enrichi à 90% de pureté est nécessaire pour les armes nucléaires.

Usine nucléaire de Natanz


Le nouvel accord prévoit deux dates. En octobre 2023, après que l'AIEA aura signalé «que toutes les matières nucléaires en Iran restent dans des activités pacifiques», l'ONU mettra fin aux restrictions sur les transferts de missiles vers l'Iran. En octobre 2025, l'ONU fermerait le dossier nucléaire iranien.

Raïssi, contrairement aux Américains, est plus intéressé par un accord nucléaire. Il l'avait déjà laissé entendre lors de son investiture : «Les sanctions contre l'Iran doivent être levées, et nous soutiendrons  tout plan diplomatique qui atteindra cet objectif». Le président iranien est soumis à des impératifs économiques et politiques. L’économie iranienne est sur le point de s’effondrer, à peine 2% de croissance cette année. Le fardeau de la dette, de l'inflation et d'autres défis structurels ne peut être résolu que par l'allégement des sanctions. Avec des prix du pétrole approchant les 100 dollars le baril, Raïssi s'attend à une aubaine en cas d'accord. Les exportations de pétrole sont passées de 1,3 million de barils par jour en 2015, à 500.000 en 2021. Par ailleurs les investissements ont été pratiquement stoppés.

La justification politique est évidente sachant que l’accord nucléaire de 2015 était très populaire en Iran.  Or Raïssi a besoin d’un gouvernement fort. Joe Biden estime de son côté que le programme nucléaire iranien est mieux contenu avec l’accord JCPOA en place. Il pense que cela améliorera ses résultats des élections de novembre. En cas de non-accord, la Russie et la Chine chercheront à exploiter leurs relations avec l'Iran pour leurs propres intérêts et à défier les intérêts américains dans la région. À noter par ailleurs que Moscou et Pékin s'opposent à une arme nucléaire iranienne mais soutiendront l’Iran si aucun accord n’est trouvé.

      Israël n’a pas d’autre choix que de tirer le meilleur du pire. Il pourrait bénéficier de fournitures supplémentaires d’armement, tenter de se rapprocher de l’OTAN, et développer les relations avec les États du Golfe. De son côté, l’Iran sera tenu de calmer les ardeurs du Hezbollah. Une nouvelle histoire s’écrit au Moyen-Orient. 

3 commentaires:

bliahphilippe a dit…

Merci pour votre article trés factuel Mais pourquoi dois-je faire toujours le parrallèle entre un accord des grandes puissances avec l;Iran et les traités de démilitarisation de l'Allemagne?
Mais non tout va bien, Israéliens dormez tranquilles, vous qui savez toujours tirer le "meilleur du pire".

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,



En effet, les Israéliens peuvent dormir tranquilles, car on me dit dans l’oreillette que dès que le Président Macron aura résolu les affaires de Poutine avec l’Ukraine il s’occupera d’Israël et de ses problèmes avec le nucléaire iranien.



Très cordialement.

Anonyme a dit…

Bonsoir,

Madame Arnaud, votre oreillette grésille de cynisme, et j'entend, avec vous, la voie des impuissants dire "oui, mais, oui, mais, oui, mais, oui... ah, bah, oui!".

Cautériser une plaie, why not, mais affirmer publiquement que la maladie, la plaie est soignée... telle est l'imposteur politique moderne: faire semblant afin qu'un petit monde continue de parler, de jouir sans limite et sans considération des autres, de tous les autres.

Si l'occident s'abaisse à accepter ç\a de gouvernements pourris alors c'est qu'il est lui mm pourri jusqu'à l'os.

Que des pourris s'accordent, why not, mais que l'on ne dise pas que c'est bien, normal, historique, et surtout que l'on ne dise pas que c'est intelligent.


Cordialement