Camp d'été Bekhol Lashon dans la diversité |
La mort tragique de Georges Floyd a été un révélateur dans
nombre de communautés juives libérales et progressistes. Diverses enquêtes récentes,
s’accordent au moins sur deux chiffres pour évaluer ce groupe mal connu, de
450.000 au moins à 1.125.000 au plus, soit du simple au double sur la
population juive évaluée à environ 7.500.000. Cet écart s’explique par le fait
que tous ceux qui ne sont pas ethniquement blancs entrent dans ce groupe qui
comporte aussi bien des Juifs noirs, des latinos que ceux originaires du Moyen
Orient, d’Afrique du Nord, d’Afrique noire, des métis et ceux issus de mariages
mixtes en augmentation. On est longtemps resté aux appellations d’après-guerre,
entre ceux originaires d’Europe centrale, les ashkénazes et tous les autres classés
séfarades. Or le monde a beaucoup changé depuis.
Le rabbin Gershom Sizomo est le chef spirituel des Juifs Abayudayo de l'Ouganda et ex membre du parlement, premier Juif élu. |
Il n’y a pas eu d’enquêtes faites en France car elles sont
interdites, mais il est clair qu’au sein d’une communauté qui ne représente
plus qu’environ 550.000 membres, on retrouvera une large similitude. Que dire
sur ce qui se passe en Israël entre la communauté d’origine éthiopienne et le
reste de la population ?
La vague Back lives Mater a eu un impact
variable dont on observe ses effets plus précisément chez les libéraux et
réformistes, qui sont les plus ouverts aux évolutions et réalités de la société
considérant que 95% des Juifs américains sont nés sur place. Qu’ils soient
orthodoxes ou réformistes, ils sont très intégrés voire très assimilés. Leur
judéité est à géométrie variable. Elle s’exprime selon des critères tels qu’ethnicité,
filiation, héritage, culture, intérêt pour les émissions télé ou radio dont le
thème est lié au judaïsme ou à Israël, par affinités avec Israël, par un parent
juif. Autant de variantes que le judaïsme orthodoxe rejette mais que les réformistes
prennent en compte.
Enfants de la diversité |
Une prise de conscience au sein des communautés déjà
confrontées à l’antisémitisme endémique et plus récemment à la multiplication
des actes racistes par les suprémacistes blancs.
Ce qui était
auparavant considéré comme un problème externe est devenu un problème interne
qu’on a eu du mal à reconnaitre. Les plus progressistes des dirigeants veulent
en tirer les leçons. Certaines communautés ont pris l’initiative de contacter
individuellement ces Juifs noirs. Elles ont aussi créé des groupes d’affinités
pour permettre aux diverses origines de se retrouver sans subir de vexations,
ce qu’on doit bien appeler une forme de sélection, qu’on peut aussi assimiler à
du racisme. La prise de conscience et de responsabilité est telle, que des
formations pour les équipes dirigeantes, les conseils d’administration ont été
organisées.
Marcella White Campbell est la directrice exécutrice de Bé'chol Lashon |
De plus en plus de congrégations, ont franchi le pas, en
recrutant des Juifs noirs pour intégrer leur conseil d’administration. A San
Francisco, la congrégation Emanu-El a coopté dans son conseil une jeune femme
noire. Cette année un camp de jeunes dénommé Camp Tawonga a lancé un programme axé
sur 3 thèmes : Justice, Équité, Diversité pour tous les participants, afin
qu’ils se confrontent au racisme ambiant y compris interne. En juillet la Fédération
des communautés juives de San Francisco a coopté quatre Juifs de couleur sur 29
membres dans son conseil d’administration. C’est d’évidence la croissance de la
diversité et le retentissement de la mort de Georges Floyd qui font fonction d’accélérateur.
Une initiative qui mérite d’être connue : la célébration,
par une organisation juive Be’chol
Lashon, du l9 juin 1865 qui est considéré comme la date de
la libération du dernier esclave noir aux États Unis. On y trouve aussi la motivation
de l’adhésion et de la conversion
d’une partie des Américains noirs qui ont trouvé une très forte similitude
entre leur exil originel d’Afrique, la persécution en
Égypte et enfin leur libération en arrivant en terre promise, plus la fierté de
devenir un peuple libre. Autre exemple
de la diversité, Andy Cheng d’origine chinoise est un des dirigeants au sein de
la fédération des associations juives réformistes, ancien président de la congrégation
Beth Am de Los Alto Hills, il est actuellement membre de l’Union for Reform
judaism, le département communications du mouvement pour la réforme.
Membres de la communauté Be'chol Lashon |
Ce qui constitue sans aucun doute un tournant important amplifié par les événements tragiques évoqués, peut-il durer dans le temps ou le soufflé retombera-t-il ? Passer du moment au mouvement durable devient la question qui taraude les dirigeants engagés dans cet objectif. Le problème du racisme demeure. Les Juifs noirs et assimilés déclarent tous avoir subi des micro-agressions de la part de leurs coreligionnaires On retrouve aussi ce type de micro-agression en France et ailleurs, car là encore, ils ne sont pas comme nous autres, disent les présents. L’interrogatoire à l’arrivée dans une synagogue est la plus fréquente, pour « des raisons de sécurité » leur dit-on. La fondation Wexner a introduit dans un de ses séminaires l’existence et l’histoire du judaïsme noir, ce qui est une première dans cette organisation qui se charge de la formation des dirigeants communautaires notamment.
La liste des groupes qui luttent
contre ce racisme intra-communautaire est trop longue pour les citer tous. Pour
sensibiliser ceux à qui ils s’adressent, ils mettent en exergue cette injonction
du Pirkei Avot, l’éthique des pères : «Il n’est pas de votre
responsabilité de terminer le perfectionnement du monde, mais vous n’avez pas
la liberté d’y renoncer»
5 commentaires:
Oui, c'est un autre aspect de kibboutz galouyot. Certaines tribus d'Afrique (comme les Guéré de Côte d'Ivoire, sur lequels le cinéaste franco-israélien David Szerman a beaucoup travaillé) se découvrent des racines juives. Il y a un long et passionnant travail d'anthropologue à accomplir pour comprendre comment ces peuples, radicalement coupés et éloignés du coeur du noyau originel juif, peuvent se revendiquer comme étant l'une des Tribus Perdues. Il y a évidemment une dimension messianique derrière tout cela. A la fin des temps (D.ieu seul sait quand), le monde entier reconnaîtra le Créateur de toutes choses. Et cela passe nécessairement par le judaïsme. Le fait que de nombreux noirs américains se sentent attirés par le judaïsme est aussi révélateur des limites du matérialisme. Consommer ne suffit pas pour donner un sens à sa vie.
Vous écrivez ´ la multiplication des actes racistes par les suprémacistes blancs.
Ignorant totalement l’antisémitisme islamique !
Cet excellent papier me rappelle l’histoire relatée par Rachel Khan : Rachel Khan est née de père africain et de mère juive polonaise. Alors qu’elle était en train de prier à la synagogue le jour de Kippour, un responsable est venu lui signifier que c’était un jour particulier et que sa présence était incongrue en ces lieux ! Elle raconte avoir été mortifiée par cette intervention maladroite…
Et quid des Talibans juifs?
Serait-ce la fin de ce que la Maison Blanche appelle : « The Biden-Harris administration » ?
Il y a des raisons de le croire puisque six jours après la prise de Kaboul par les Talibans Kamela Harris est toujours aux abonnés absents et n’était pas aux côtés de Joe Biden lorsqu’il s’est adressé aux Américains.
Voilà qui pourrait ouvrir des perspectives nouvelles aux Démocrates en général, ainsi qu’aux Juifs noirs, américains et autres :
https://nypost.com/2021/08/18/kamala-harris-keeps-low-profile-after-afghanistan-chaos/
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