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lundi 23 août 2021

Recherche d'une réponse appropriée contre l'Iran Par Francis MORITZ

 


RECHERCHE D'UNE RÉPONSE APPROPRIÉE CONTRE L’IRAN

 

Par Francis  MORITZ



 

Troupes américaines quittant Kaboul

          Non, ce n’est pas un rébus mais la mise en perspective d’un puzzle qu’il s’agit de comprendre et de voir comment toutes ses pièces s’assemblent. D’ailleurs il n’est pas impossible qu’il s’agisse de deux puzzles. Il faut remonter au sommet de juin entre Joe Biden et Vladimir Poutine dont on ignore les vrais résultats. On constate cependant qu’en matière de politique étrangère, l’Amérique est toujours ambivalente, comme elle le fut précédemment. L’équipe actuelle était déjà opérationnelle sous Obama quand elle a soutenu le gouvernement des Frères musulmans, présidé par Morsi en Egypte.



Civils quittant Kandahar

Cependant plusieurs indices indiquent des changements qui peuvent entraîner des conséquences pour Israël. A l’heure où l’Amérique, auto-proclamée par ailleurs chantre des Droits de l’homme, se retire d’Afghanistan, on ne peut s’empêcher de penser à la débâcle du départ de Saigon. On reparlera des Droits de l’homme version talibane devant l’effondrement annoncé du régime privé du soutien occidental. On parlera aussi des mêmes droits chez l’allié turc. Le signal donné aux alliés de Washington est très négatif et confirme si besoin était l’intérêt limité de la Maison Blanche pour la stabilité de la région.

À Jérusalem, le Secrétaire d’État, Antony Blinken, partisan de la solution à deux États, a annoncé l’ouverture d’un consulat à Jérusalem-Est après sa rencontre avec Abou Mazen. Seraient-ils devenus amis depuis ?  Ce sera sans doute le seul cas au monde où un pays disposera dans une capitale étrangère d’une ambassade et de deux consulats. En Syrie, où Israël poursuit des bombardements et bénéficiait jusqu’à récemment d’une alliance de facto avec la Russie, un porte parole de l’armée russe a pris la peine de déclarer en juillet que «le système de défense antimissiles fourni par son pays et  entièrement opéré par l’armée syrienne a réussi a abattre presque tous les missiles  israéliens lors d’une récente opération».

La Russie ne souhaite pas voir l’Iran poursuivre sa progression et sa mainmise de fait sur certaines parties de la Syrie car elle est consciente qu’il est un facteur de déstabilisation dans toute la région. Elle a donc poursuivi à la fois un exercice d’équilibre et une politique qui sert ses intérêts. Il semble que les experts russes révisent leur analyse stratégique antérieure et considèrent qu’avec les accords d’Abraham, Israël a substantiellement augmenté sa puissance, grâce à de nouvelles options stratégiques. Ce serait aussi une forme d’avertissement à peine déguisé sur la puissance russe à qui voudra l’entendre. De l’équilibre on passe à la bascule.  Ce qui nous amène à l’attaque du tanker.

Equipements abandonnés sur place


Si Washington ne répond pas à cette agression iranienne, ce choix pourrait tout aussi bien faciliter, retarder ou même bloquer des progrès dans ses négociations avec l’Iran. L’Amérique n’était pas directement visée, mais s’agissant d’eaux internationales, la question du libre passage concerne d’abord les grandes et les moyennes puissances et leur approvisionnement en pétrole. On ne peut exclure qu’à Téhéran des factions qui s’opposent aient voulu tester le président américain et Israël, ainsi que la communauté internationale ou pire créer une situation de blocage.

Un premier pas important a été franchi lorsque Washington et Londres, comme Israël ont formellement accusé l’Iran. L’UE a suivi en catimini. Il est question d’une réponse «appropriée» qui pourrait se concrétiser par l’attaque d’intérêts iraniens, d’affidés en Irak, en Syrie, de cyberattaques. On a bien compris que les divers incidents, incendies, dysfonctionnements en Iran ne sont pas le seul fruit du hasard. L’Iran pourrait en conclure que Washington n’est pas intéressé à trouver un accord. Dans le même temps, les Iraniens très mal en point économiquement ont appris à vivre avec les sanctions. La forte remontée des prix du pétrole et des exportations rend leur retour à l’accord de 2015 moins impératif et leur nouvel accord avec la Chine leur ouvre de nouvelles perspectives, alors que l’UE voudrait bien revenir sur ce marché.


Talibans arrivant à Kandahar


Il est clair que si les États-Unis et leurs alliés dont Israël, ne trouvent pas cette réponse appropriée sans faire perdre la face officiellement à l’Iran, ils perdront du coup leur force de dissuasion. Ce serait un coup très sérieux porté à leur crédibilité. La démonstration est faite que l’Iran avance à marche forcée vers l’arme nucléaire et peut vouloir faire trainer les négociations, pour in fine, se retirer de la négociation. Les analystes sont tous d’accord, sauf sur le délai, qui est toutefois estimé «entre proche et  très court».

Y aurait-il un accord, que beaucoup d’entreprises voire de banquiers hésiteront à renouer des relations vu la nature du régime et de ses incertitudes. L’Iran via ses affidés n’a pas cessé de tester Washington pour vérifier quel prix il est prêt à payer pour conclure cet accord - cher à la diplomatie américaine - dont les très durs de Téhéran, y compris le nouveau président iranien, y voient de moins en moins d’intérêt. On doit aussi apprécier l’intérêt réduit de la Maison Blanche pour le Moyen Orient qu’elle comprend mal et dont le Secrétaire d’État déjà en fonction sous Obama est encore plus réservé concernant Israël.

Alors quelle est la solution appropriée ? Tous les regards se tournent vers Jérusalem. Tant pour les Américains que pour tous les autres pays dont l’UE qui n’ira pas bombarder Téhéran, sauf en déclarations et condamnations de principe, ce serait de laisser faire le sale boulot par Israël, certes avec l’appui américain mais le monde soulagé, libéré, comprendrait les motifs et n’élèverait que de faibles protestations, afin de montrer de la sympathie au peuple iranien, aux mollahs et aux Gardiens de la révolution. Il faut bien préserver l’avenir, n’est ce pas. "Mon Dieu, Gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge..." (Voltaire)

5 commentaires:

bliahphilippe a dit…

Trés juste article factuel en forme de constat... Et un sérieux avertissement pour les pays qui comptent le moment venu sur le bouclier de défense américain pour faire face à un ennemi motivé sur le terrain dans le cadre d'une guerre assymétrique.
Autre constat : l'échec constant des tentatives d'imposer en terre d'Islam dont la démographie est écrasante, le système de démocratie occidentale étranger à la mentalité, aux meurs, coutumes et religion de ces régions du monde.( Le qualificatif de "région" parait plus approprié que celui de "pays.")
Concernant Israel il ne doit en aucun cas remettre son entière autonomie de défense entre les mains des USA et se défaire de tout accord dit de paix que souhaitent imposer les Etats Unis... pour leur propre tranquillité pisque leur engagement a geometrie vartiable risque de se payer de mots.
Fat il ajouter que les nouvelles priorités américaines se sont déplacées de façon menaçante economiquement, militairement et donc politiquement en direction de l'Asie bien réveillée pou contester leur hégémonie. Ainsi s'applique à la geopolitique le vieux dicton juridique "pas d'intéret, pas d'action"!.

Marianne ARNAUD a dit…

Si je puis me permettre, j’ajouterai à ce qu’écrit Philippe Bliah, que les Américains ont perdu tellement de guerres depuis que le sacrifice des Russes à Stalingrad, leur a permis de gagner WWII, qu’ils vont y réfléchir à deux fois avant de se projeter ici ou là !

D’autant que la guerre économique dans laquelle ils sont passés maîtres, a bien des avantages sans avoir l’inconvénient de diviser la société américaine comme l’avait fait la guerre du Vietnam, ou aujourd’hui celle d’Afghanistan.

airdularge a dit…

Si Israel fait le "sale boulot", il n'est pas à exclure que, avec la montée constatée d'un antisémitisme totalement décomplexé désormais, les conséquences se fassent sentir rapidement pour les communautés juives hors d'Israël.
Un plan d'intégration d'urgence serait, actuellement, une bonne initiative...

Elie BENICHOU a dit…

Jacques, attention, la photo qui illustre cet article intitulée «civils quittant Kandahar » est une erreur. Il s’agit des troupes de Talibans (et non de familles de civils) qui foncent sur Kaboul. Facile de le savoir, ils déploient tous leur drapeau blanc caractéristique marqué de versets du Coran. Les mêmes que l’on peut voir d’ailleurs aux JT montrant Kaboul aux mains des Talibans. Et qui, soit-dit en passant, fait écho sinistrement au drapeau noir de l’Etat Islamique...

Francis Moritz a dit…

Bonjour Mt Benichou. J ai choisi seul,une photo avec une légende inexacte. Mes culpabilités maxima. Je sollicite votre indulgence. Votre lecture attentive et corrective témoigne de Votte intérêt pour le blog et ses articles , merci.
Cordialement