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vendredi 7 mai 2021

Meron : Responsables mais pas coupables


MERON : RESPONSABLES MAIS PAS COUPABLES

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps


           

Meron juste avant la bousculade

          Il n’est pas nécessaire de constituer une commission d’enquête pour le drame de Meron car les faits sont totalement établis, filmés par plusieurs médias neutres. Dans une démocratie occidentale, après des évènements aussi dramatiques, le ministre de la Sécurité intérieure, le chef de la police et le ministre de l’Intérieur auraient depuis longtemps démissionné pour négligence. D’ailleurs la population ne s'est pas trompée, le premier ministre Netanyahou, qui s’est rendu sur les lieux de la bousculade, a été hué par des proches des 45 victimes. Des manifestants lui ont lancé des bouteilles vides et l’ont insulté.





            Alors que durant le confinement, la police a été implacable contre les citoyens non respectueux des mesures sanitaires, allant jusqu’à distribuer de nombreux procès-verbaux, elle a fait preuve d’une évidente permissivité en faveur des religieux orthodoxes. En fait, ce sont les politiques qui sont coupables et non la police qui obéit aux ordres du pouvoir civil.  Avant l’accès même à Meron, elle aurait pu bloquer les routes qui mènent au site religieux. Mais le gouvernement, en pleine discussion pour une nouvelle coalition ne pouvait pas se permettre de se couper des religieux orthodoxes qui font la loi depuis plusieurs années. Netanyahou a toujours été indulgent avec ceux qui lui permettaient de consolider son gouvernement sans contrepartie politique mais uniquement financière.

Des juifs orthodoxes assistent aux funérailles de l'une des victimes de la bousculade de Meron
       

     La journée de deuil décrétée pour l’une «des pires catastrophes de l’Histoire d’Israël», selon Netanyahou, est un bon moyen d’étouffer les responsabilités des dirigeants qui ont permis à plus de 30.000 personnes de se rendre à Meron dans un «trou» qui contenait à peine un millier. Il faudrait qu’enfin les Juifs orthodoxes soient des citoyens normaux, respectant les règles nationales même s’ils contestent la validité de la création d’un État juif.  Il est temps que ces sectes puissantes soient contraintes de respecter les lois appliquées à tous les citoyens. Alors que les jeunes soldats crapahutent dans les champs de bataille avec leur barda de 30kg sur le dos, avec le risque quotidien de mettre en danger leur vie et celle de leurs amis, il serait temps que les planqués barbus sortent du confort de leurs classes d’études pour servir le pays. 

Yeshiva, école talmudique

          Les jeunes des yeshivot doivent être contraints d’étudier selon les programmes laïcs de l’Éducation nationale, quitte à consacrer les après-midis libres pour l’étude de la Torah et du Talmud puisque le gouvernement ne se charge des études que durant les seules matinées. Il est temps que tous les jeunes soient astreints au service militaire national.  Ils ne sont pas tenus de porter le fusil, mais de nombreuses fonctions leur sont ouvertes : aumônerie, judaïsation des jeunes élevés dans la laïcité, formation à la langue des nombreux immigrants, services administratifs, services de secours…

            La sécurité à Meron a été bradée lorsque l’on a laissé entrer tout le monde, dans un passage étroit en forme de tunnel, pour ensuite descendre des escaliers métalliques glissants. Ce n’est pas la première fois que les orthodoxes bravent la sécurité. On se souvient des trois obsèques de rabbins vaincus par le coronavirus, en pleine crise du covid non encore enrayée, avec des foules non masquées de plus de 5.000 fidèles suivant le corbillard.

Obsèques en pleine pandémie


            Le gouvernement, dans sa bonté religieuse, avait autorisé 10.000 personnes à se rendre sur la tombe du rabbin Shimon Bar Yohaï, un sage talmudique du deuxième siècle. Déjà ce chiffre était inadmissible et trop important eu égard à l'étroitesse des lieux. La police avait encore le temps de réduire les risques lorsque les organisateurs avaient affrété plus de 650 bus pour amener 390.000 pèlerins à Meron quand le site pouvait accueillir moins de 10.000 personnes. Les 5.000 policiers mobilisés pour assurer la sécurité du site avaient reçu des ordres pour ne pas s’opposer aux orthodoxes qui n'ont d'ailleurs rien fait pour limiter les risques d’expansion du covid19 sachant qu’une bonne partie d’entre eux a refusé la vaccination.

La fuite des responsabilités

            Après le choc du premier jour et l’obligation de réserve, les langues se délient. La police avait mis en garde le gouvernement, deux jours avant le drame, sur le danger sécuritaire et les risques du lieu. Le gouvernement a fait la sourde oreille. Par ailleurs pour éviter la propagation du Covid face à des religieux non vaccinés, le ministère de la santé avait voulu imposer aux participants l’obligation du passeport vert. Refus des politiques qui ne voulaient en aucun cas créer un incident politique avec leurs alliés au gouvernement. 45 morts ont payé de leur vie l’incurie d’une gouvernance inconsciente. 

 


          Il est temps qu’un nouveau gouvernement, fort et déterminé, ne soit plus inféodé à des anachroniques vivant encore au temps du Shtetel polonais et même parfois au temps du moyen-âge, dans le pays du hightech. Et quand en plus des femmes soldats, venues secourir les blessés, sont insultées et molestées, alors on pense que le degré suprême d'intoxication est atteint dans un monde où les femmes ne doivent pas exister. 

5 commentaires:

Véronique Allouche a dit…

45 morts sans compter les clusters... au pays du high-tech les fous de Dieu sont rois et le démontrent un peu plus chaque jour avec la bénédiction du gouvernement. Merci Jacques pour cet article sur cette effroyable tragédie. Bien à toi.

Anonyme a dit…

pauvres gens....comme dans d'autres pays, les politiques ne prennent pas leur responsabilité et font des alliances qui les arrangent pour avoir des voix (elletisme)
netanyahou avec ses procès aurait dû démissionner bien avant....c'est désolant
refoua shelema aux nombreux blessés
merci Jacques : cette fois je signe
Takouhi Djan

Chantal Desages a dit…

J’espère qu’un nouveau procès va donc s’ajouter aux autres pour Natanyahu : pour homicide plus ou moins involontaire à Meron !

ingrid Israël-Anderhuber a dit…

Vous dites que les Juifs orthodoxes contestent la validité de la création d’un Etat juif. Pourtant ils en vivent, n’est-ce pas ? Puisqu’ils perçoivent de l’argent de cet Etat dont ils nient l’existence, n’est-ce pas ? Alors où est la logique dans tout ça ? Car si ces Juifs orthodoxes ne reconnaissent pas Israël, alors pourquoi sont-ils en Israël, et que font-ils en Israël ?! C’est un non-sens total. Pire : de la FOLIE pure ! Car si on n’est pas cohérent avec ce qu’on professe, avec ce qu’on confesse on est tout simplement insensé, c’est-à-dire FOU ! Alors des «fous de Dieu», comme Véronique Allouche les surnomme dans son commentaire ici ?! Non, mais des fous tout court. C’est un simple constat. Car Dieu n’a rien à voir du tout avec tout cela d’autant plus que ce pèlerinage n’a absolument rien de biblique, rien de divin. Donc il n’aurait tout simplement jamais du avoir lieu. Par conséquent…
Par conséquent, il faut que chacun assume ses responsabilités et les conséquences dramatiques de ses actes ! Pas toujours chercher des boucs-émissaires pour rejeter sans cesse la faute sur l’autre, pour se déresponsabiliser de tout. C’est trop facile.
Maintenant allons jusqu’au bout de la folie, de cette folie : Si l’État d’Israël n’existe pas pour ces Juifs orthodoxes, alors le gouvernement n’existe pas non plus, par conséquent il n’a aucune responsabilité dans cette affaire. C’est ce qu’il faut dire à ces Juifs orthodoxes ! C’est cela la vérité et la cohérence dans cette folie pure. Peut-être comprendront-ils alors leur folie ?! Et alors les insultes et les bouteilles que ces Juifs orthodoxes ont jeté sur Netanyahou, sur les responsables politiques, sur la police, sur les femmes secouristes etc., eh bien, ils auraient du se les jeter sur eux-mêmes ! C’est cela qu’il faut leur dire, c’est cela qu’ils ont besoin d’entendre pour venir, peut-être, à la raison.
Et non seulement cela mais encore ceci : la responsabilité de la mort de tous ces mineurs, et jeunes hommes, morts à cause de la FOLIE des hommes, elle incombe PREMIEREMENT aux parents, notamment aux pères de familles puisque les femmes n’ont pas voix au chapitre ici !!! Pas en premier lieu au gouvernement. Il faut devenir responsable.
Alors je ne dis pas ici que l’État d’Israël n’est pas responsable dans cette affaire. Je dis juste qu’il est responsable APRES les Juifs orthodoxes qui ont provoqué tout ça et embarqué leur progéniture dans leur FOLIE, et leurs dérives sectaires. Car non seulement ils refusent de reconnaître l’existence d’Israël mais encore mettent en place des pratiques religieuses qui n’ont absolument rien à voir du tout avec la Bible et avec Dieu. Et le gouvernement (pas seulement celui-ci mais TOUS les gouvernements successifs) a effectivement la responsabilité de n’avoir jamais dit stop à cette catégorie de personnes. Le gouvernement a effectivement la responsabilité de les avoir laissé faire quasiment tout ce qu’ils voulaient alors qu’ils auraient du être considérés d’abord comme des citoyens ordinaires et traités comme tels avec bien entendu TOUS les droits et les devoirs qui leur incombent. Mais ce parti pris en leur faveur ne date pas d’hier… Et je redis que Dieu n’a aucune responsabilité dans cette affaire dramatique, il suffit d’ouvrir la Bible entière (Genèse à Apocalypse) pour s’en convaincre, mais qui a vraiment le désir d’être convaincu de cela et de la vérité divine ?...

Yaakov NEEMAN a dit…

Depuis quelques années, la célébration de la Lag BaOmer à Méron est devenue une vraie fête païenne. Tout se passe comme si on avait affaire à des adorateurs du feu, préparant la cérémonie du Molokh, décriée dans la Tora (Vayikra 18, 21 et 20, 2-5) et qui consistait à jeter son premier-né dans le feu. A la différence de eux qui ont compris la véritable profondeur des écrits de Rabbi Chimon Bar Yohaï, et qui cette nuit-là, loin des rassemblements idolâtres, préfèrent se réunir en petits groupes pour étudier le Zohar. Outre que ce tragique événement témoigne d'une perversion de la pratique religieuse, ce qui s'est passé à Méron est donc une victoire du Molokh.