COUP TERRIBLE CONTRE LE PROGRAMME NUCLÉAIRE IRANIEN
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Mohsen Fahrizade |
Depuis quelque temps des télévisions israéliennes et des médias peu professionnels n’ont cessé d’affirmer qu’une action militaire contre l’Iran était dans les tuyaux américains et que même Tsahal avait mobilisé ses troupes. Les titres ont été à l’avenant : «Israël : l'armée prête à une éventuelle attaque américaine contre l'Iran avant la fin du mandat de D. Trump». Ce n’est plus de l’information mais de la recherche de scoops douteux. Ces journalistes semblent ignorer qu’une action éventuelle ne s’annonce pas mais se lance dans le secret total car la surprise est un élément fondamental de la réussite d’une opération militaire. Il s’agit souvent, pour ces journalistes aux ordres, de créer la panique en Israël pour détourner l’attention sur les réels problèmes du pays et pour les partisans de Trump de masquer sa défaite. Tsahal a été d’ailleurs contraint d’intervenir pour calmer les esprits en expliquant que rien n’était planifié. Pour l’armée le sensationnalisme n’est pas de mise quand il s’agit de la sécurité d’Israël.
Véhicule de Mohsen Fahrizade |
Il s’agit d’une immense perte pour le programme nucléaire iranien. Mohsen
Fahrizade, le scientifique nucléaire militaire en chef de l'Iran, a été
assassiné. Il a dirigé le programme militaire «Amad» qui, selon Israël,
cherchait à construire une arme nucléaire. Le projet fait référence à un projet
scientifique, lancé en 1989 et arrêté en 2003 selon l'AIEA. Mais Israël
soupçonne que le projet a continué en secret dans le but de développer des
armes nucléaires. L'Iran a nié l'existence de tout programme visant au développement d'un engin explosif nucléaire, et a notamment nié l'existence du
plan Amad. À partir de 2005, l'AIEA a recueilli auprès de ses États membres
des informations indiquant que l'Iran avait lancé à la fin des années 80 un
plan visant à développer un dispositif explosif nucléaire. Ces informations
indiquent que ces activités ont commencé au sein des départements du Centre de
recherche en physique (PHRC) et qu'au début des années 2000, elles se sont
concentrées sur les projets du plan Amad sous la direction de Mohsen Fahrizade.
Mohsen Fahrizade-Mahabadi, âgé de 63 ans, était un officier iranien de la Garde
révolutionnaire iranienne et professeur de physique à l'Université Imam Hussein.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait imposé le gel de ses avoirs car l’Iran
avait refusé une interview demandée par l’AIEA et avait interdit ses
déplacements. En effet, l’Onu le considérait comme le scientifique principal du
ministère de la Défense et de la Logistique des forces armées et ancien chef du
Centre de recherche en physique (PHRC) et à ce titre l'AIEA avait demandé à
l'interroger. Il avait refusé, certainement sur ordre.
Les services de renseignement occidentaux avaient confirmé qu'il était
l'homme responsable du programme nucléaire iranien, le projet-111 qui était une
tentative de créer une bombe nucléaire alors que l'Iran prétendait que son
programme était uniquement à des fins civiles. Fahrizade était en fait profondément
impliqué dans un effort visant à concevoir une ogive nucléaire. Les services de
renseignements s’étaient procuré un document interne de 2007 identifiant Fahrizade
comme le président du Fedat (Field for the Expansion of Deployment of Advanced
Technology), nom générique de l'organisation qui dirige le programme d'armes
nucléaires de l'Iran. Le document, intitulé Perspectives des activités
spéciales liées aux neutrons au cours des 4 prochaines années, présentait un
plan quadriennal pour développer un initiateur de neutrons au deutéride
d'uranium. Le programme aurait pris fin au début des années 2000.
L'agence de presse Fars, proche des Gardiens de la révolution du
pays, a confirmé que l'attaque avait eu lieu à Absard, une petite
ville à l'est de Téhéran. Des témoins avaient entendu le bruit d'une explosion
puis des tirs de mitrailleuses. L'attaque visait une voiture dans laquelle se
trouvait Fahrizade et ses gardes du corps. Il y aurait eu un échange de tirs avec les assaillants mais il ne semble pas que les tueurs aient été touchés. Un travail de professionnels.
Mohsen Fahrizade est comparé à Robert Oppenheimer, physicien
américain qui avait supervisé la construction de la bombe atomique aux
États-Unis dans les années 1940 parce que, comme lui, il a joué un rôle clé
dans l'avancement de son programme nucléaire au cours des deux dernières
décennies. Membre senior de 51 ans du Corps des gardiens de la révolution
islamique, il a passé les deux dernières décennies à mener des recherches
nucléaires pour fabriquer des armes nucléaires et des ogives nucléaires.
Il avait prétendu en 2006 que ses activités et ses investissements
dans le programme d'armes nucléaires avaient été suspendus par le gouvernement
iranien. Mais l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a estimé que
Mohsen Fahrizade avait ouvert un centre de recherche appelé Organisation de
recherche et d'innovation pour la défense dans le quartier de Mojdeh au nord de
Téhéran, spécialisé dans le développement d'armes nucléaires. Les responsables
de la sécurité qui ont observé de près l'installation ont déclaré qu'un certain
nombre de personnels scientifiques et militaires qui y travaillaient provenaient
de l'ancien centre de recherche sur les armes atomiques d'Iran.
Mohsen Fahrizade est réapparu sur la scène nucléaire iranienne
alors que les efforts diplomatiques internationaux stagnaient depuis un certain
temps et qu'Israël a intensifié sa menace militaire contre l'Iran. Un rapport
récent de l'AIEA a fait état d'une augmentation du nombre de centrifugeuses en
Iran, affirmant que l'Iran transférait davantage d'équipements nucléaires aux
installations souterraines de Fordo. L'Iran nie toutes les allégations,
affirmant que son programme nucléaire est à des fins pacifiques.
Israël et certains pays européens craignent que les études suspectes de Fahrizade sur les ogives nucléaires soient liées à des systèmes de
missiles et à la production d'uranium plus enrichi en Iran. Ils disent que
l'Iran progresse régulièrement vers un point de non-retour sur lequel ni
l'attaque militaire ni la diplomatie ne peuvent travailler.
L'AIEA a déclaré que le projet sur les armes, qui aurait été abandonné en 2003, a repris au sein de l'organisation dirigée par Fahrizade. L'agence affirme que le centre est équipé de six sections, dont un laboratoire de fusion de métaux, des explosifs et des tests chimiques, et relève directement des Gardiens de la révolution. Les services israéliens suivaient les activités de Fahrizade depuis près de deux décennies. L’analyse de 1.600 télex appartenant à la Defense Research and Innovation Organization ont montré comment l'organisation de Fahrizade a couvert l'achat d'équipement technologique, en particulier l'achat d'un échantillon d'aimant à une société européenne par l'Université Sharif.
Fereydoun Abbasi |
En 2007, le Conseil de sécurité de l'ONU avait imposé des sanctions
économiques à Mohsen Fahrizade et Fereydoun Abbasi Davani qui a été visé par un
attentat alors qu'il se garait devant l'université Shahid Beheshti à Téhéran,
le 29 novembre 2010. Il avait échappé de peu car il avait réussi à sauter à
temps de son véhicule. Le même jour, Majid Shariati, un autre spécialiste du
nucléaire, avait été tué dans une explosion criminelle qui avait blessé sa
femme. Tous les spécialistes nucléaires iraniens savent que leurs jours sont
comptés.
3 commentaires:
Bravo Jacques ! C’est un excellent article ! De l’info , presqu’un scoop , ça nous change des commentaires Gantz-Netanyahu ou Peretz- Benett- Lieberman qui n’intéressent que les pros de la politique . Quelle va être la réaction des Iraniens qui n’arrivent pas à protéger leurs scientifiques ?
Sûrement du terrorisme de lâches !
"Coup terrible contre le programme nucléaire iranien", sans doute, mais aussi peut-être, coup terrible contre la paix dans la région ?
https://www.les-crises.fr/si-biden-reintegre-l-accord-nucleaire-de-vienne-il-y-aura-une-confrontation-entre-israel-et-l-iran-previent-le-ministre-israelien-tzachi-hanegbi/
Pardonnez moi Me Arnaud mais.... Il n'y a pas de paix dans la région, bien au contraire. Et tout le monde connaît le caractère belliqueux et conquérant du régime religieux iranien, tant en Irak qu'en Syrie, au Yémen ou au Liban, à Gaza etc
Éviter que l'Iran fabrique la bombe atomique et que ce régime disparaisse sont des facteurs en faveur de la stabilité de cette région.
Ne pas le voir, cest se coucher devant l,obscurantisme comme le fait l'Occident avec Erdogan.
Cordialement.
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