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samedi 19 décembre 2020

Allemagne-Israël, ceux par qui le scandale arrive par Francis MORITZ

 


ALLEMAGNE-ISRAËL, CEUX PAR QUI

LE SCANDALE ARRIVE


Par Francis MORITZ

Les jeunesses socialistes du SPD s'associent au jeunesses du Fatah contre Israël

Quel rapport entre ce qui s’est passé à l’École supérieure des Beaux-Arts de Berlin et les choix politiques des Jeunesses socialistes du SPD ? Il y a malheureusement un rapport. La haine d’Israël constitue la colonne vertébrale du BDS et l’antisémitisme son ADN, rien de nouveau jusque-là. Parce que ses militants du BDS sont devenus de plus en plus agressifs, le Bundestag ne s’y est pas trompé. Il a voté, en mai 2019, une loi adoptée conjointement par la CDU / CSU, le SPD, le FDP et les Verts stipulant qu’aucune organisation, établissement public, association ni aucun projet revendiquant la politique poursuivie par le BDS ne pourrait être financé avec l'argent des contribuables, assimilant ainsi le BDS à l’antisémitisme, puni par la loi. C’est comparable, sans être identique, à la loi sur le négationnisme applicable en France.



Yehudit Yinhar

Le point de départ d’un premier scandale a été découvert au sein de l’université de Berlin à l’École supérieure des Beaux-Arts. Berlin est en Europe, la ville où le plus grand nombre de jeunes Israéliens (on les estime à 25.000) côtoient le plus grand nombre d’étudiants arabes et palestiniens (on les évalue à environ 135. 000 toutes origines confondues).

On y apprend que des étudiants israéliens (juifs) dans cette école Weissensee Kunsthochschule, sous la direction d’une artiste israélienne Yehudit Yinhar, résidente à Berlin depuis une dizaine d’années, ont créé un programme d’études intitulé : «Désapprendre le sionisme» (Titre original : The School for Unlearning Zionism). Il s’agit ni plus ni moins que de déconstruire et de réécrire le récit national israélien qui est aussi le récit national juif, tout court. 

Ces militants mêlés à d’autres artistes prétendaient organiser des événements en commun avec ceux du BDS pour afficher et diffuser leur propagande, ce qui nous renvoie littéralement près de 80 ans en arrière au mot d’ordre du nazisme : «N’achetez pas aux Juifs !»   La direction de l’université confrontée à cette situation, décida immédiatement d’arrêter son financement et de supprimer totalement cette partie du programme. On comprend que tous les citoyens ne partagent pas la même perception et sensibilité politique. On comprend l’attraction pour des jeunes en général, de sortir du pays et de s’immerger dans une ville et une société qui a acquis une réputation de libertés et où on échappe au poids de la politique nationale. Pour autant cet évènement pose plusieurs questions. 

Jeunesses du Fatah


Ces jeunes bénéficient-ils d’une bourse du gouvernement israélien ? Si c’est le cas, dans quelles conditions est-elle octroyée ? Avant même d’en arriver là, se pose la question de la double relation scolaire à l’Histoire du peuple juif qui constitue les racines et le fondement même de l’État d’Israël. Il ne faudrait pas que du rêve de Theodor Herzl on passe au cauchemar.  Il s’agit aussi bien de relater au sens de l’histoire de son peuple et ses prolégomènes que de son enseignement. On a le sentiment qu’il y a un manque et que pour ces jeunes et peut-être d’autres, leur histoire nationale commence au 21° siècle, faisant abstraction du passé, des racines, des événements avant 1948 pour en arriver à la situation actuelle que tout le monde connaît.

Alors se pose la question : est-ce une carence de l’enseignement ou est-ce une volonté des individus à tirer un trait sur la Shoah, le ghetto, le Vel d’hiv, le Mellah, les dhimmis, les pogroms, et plus loin dans l’Histoire, l’Inquisition et le bon roi Saint Louis ? Les historiens fourniront une explication, mais ce ne sera que leur explication, pas la seule réponse qui vaille : que fait l’État, quel enseignement dans les écoles et les universités ?

Ce problème est grave et lourd de conséquences, s’il amène autant de jeunes à s’exiler pour ces raisons et au-delà, à adopter des positions contre leur propre pays, à Berlin, ironie de l’histoire.

Sigles des jeunesses du SPD


Dans le même temps, les Jeunesses socialistes du parti socialiste SPD très à gauche - c’est-à-dire ses forces vives, qui prendront les commandes - en signant un accord avec les jeunesses du Fatah, ont également provoqué un scandale germano-allemand réprouvé par la classe politique allemande, y compris par la direction du SPD, mais dont l’objectif in fine reste le même : délégitimer l’État d’Israël. Alors même que plus d’une trentaine d’organisations sous l’étiquette «Ouverture d’esprit» ou d’institutions artistiques ou intellectuelles critiquent la position fédérale qui condamne la démarche des artistes et affiliés, au prétexte d’y voir une atteinte à «la liberté d’expression». 

Pour mémoire, l’ancienne haute représentante de l’UE pour la politique étrangère Federica Mogherini n’était pas en reste quand elle condamnait les attaques contre «les défenseurs des droits humains et affirmait les droits des citoyens européens à la liberté d’expression et d’association, y compris par la participation au mouvement sous direction palestinienne». L’UE ne semble pas avoir démenti depuis.

La ministre d’État et de la culture Monika Grütters qui a immédiatement pris ses distances avec cette initiative, a déclaré :  «Le droit à l’existence d’Israël s’inscrit dans la raison d’État. En conséquence, en matière d’exigences culturelles, la République Fédérale ne soutiendra aucune organisation, aucun projet dont l’objectif est de mettre en question l’existence de l’État d’Israël. Les appels permanents au boycott sont le fruit de l’ignorance et de la diffamation. Le parlement allemand a clairement établi que les critiques motivées par l’antisémitisme ne sont pas acceptables. C’est aussi la position du gouvernement fédéral». On voudrait bien entendre le même discours en France.

Manifestation commune avec le groupe de l'école supérieure des beaux arts

De son côté Josef Schuster, président du Conseil central des Juifs a déclaré : «La revendication formulée par la nouvelle 'Initiative GG 5.3 Ouverture d'esprit' pour défendre un climat de polyphonie et permettre des positions différentes dans le discours social serait en principe bien accueillie. Cependant, l'antisémitisme n'est pas une opinion. La résolution du Bundestag sur le mouvement BDS ne signifie donc pas une restriction de la liberté d'expression, mais était une mesure sensée pour lutter contre l'antisémitisme».

Ces deux évènements, de nature différente, sont convergents et inquiétants. Que des jeunes israéliens veuillent déconstruire l’histoire du sionisme confirme l’absence et le refus de références aux racines qui ont présidé et permis la création de l’État d’Israël. C’est une forme d’ignorance voire de déni, qu’ils s’associent pour ce faire avec le BDS est un fait aggravant, qu’en parallèle, les jeunes du SPD ignorent la raison d’État de leur pays et s’associent à une organisation qui a finalement les mêmes objectifs, témoignent que désormais on veut passer à autre chose et se libérer du passé. Le parti d’extrême-droite AFD n’agit pas autrement.

Dans les deux cas, on ignore l’Histoire et on veut la déconstruire, pour générer un autre narratif national et nier ses racines. Dans les deux cas on vise à détruire un État qui a déjà eu tant de mal à voir le jour. Dans les deux cas, on adopte la haine, le double langage, le mensonge pour arriver à ses fins.  Se priver de ses racines, c’est hypothéquer l’avenir.

 

5 commentaires:

Jean CORCOS a dit…

Très intéressant, et bien sûr inquiétude partagée avec Francis Moritz. Ceci dit, le "passage au 21è siècle" s'est fait aussi en Israël, et pour certains que l'on ne peut pas qualifier de "gauchistes", en rupture avec le "roman national" des débuts : refus de l'autorité de l'Etat par une mouvance ultra-orthodoxe en croissance démographique, on vient de le vivre avec l'épidémie ; refus des valeurs démocratiques par une partie de la Droite, qui veut démanteler des institutions comme la Cour Suprême. Ceci n'excuse pas cela, mais de part et d'autre, on monte toujours plus haut dans l'outrance et la provocation.

Emmanuel DOUBCHAK a dit…

Qu'y a-t-il de mal à vouloir se suicider ou à tuer son prochain le plus proche, son frère, sa soeur, ses parents, à s'identifier à ceux qui vous nient le droit à une histoire de douleur et de dénégation de vos droits, autant par les ennemis d'hier et leurs admirateurs, que par ceux d'aujourd'hui et leurs propagandistes, avec les mêmes ressorts fantasmés de Juif dominateur, qui permettent de réécrire l'histoire, dans un style dégueubbels? Je crois que cela relève autant de la psychologie voire de la psychiatrie que de disciplines plus "politiques". La modernité, c'est prendre parti pour les gens qui vous nient le droit d'être vous-même, parce que vous vous sentez coupable de respirer et du fait que vous volez l'oxygène d'autrui.

Nadine VERED a dit…

C'est une maladie : on quitte Israel pour Berlin, ensuite pour justifier ce départ, on dit qu 'Israel n'est pas bien, ensuite que c'est un état criminel, ensuite que cet état doit disparaître. La haine de soi-même est une caractéristique juive connue.

ingrid Israël-Anderhuber a dit…

A F. Moritz : Ce qui est étonnant dans votre article, c’est que pas une seule fois vous n’y avez fait mention de… DIEU, Dieu de la Bible, Dieu d’Israël. Pourtant c’est Dieu qui est à l’origine de l’Israël antique (nation et pays), et c’est lui qui a gardé le pays pendant les 2000 ans de diaspora juive et d’occupations du pays par les nations étrangères, et enfin c’est encore lui qui, malgré l’opposition des nations, est à l’origine de sa «résurrection» en État en 1948. C’est grâce à lui, Dieu, que le MIRACLE «ISRAËL» existe. Ne pas l’oublier. Car AVANT d’être le rêve de Theodor Herzl et de s’inscrire dans la raison d’État allemande, Israël était le projet de Dieu inscrit dans la raison d’État divine de ses desseins éternels. Israël est le MIRACLE de Dieu que Dieu a réalisé en puisant dans ses ressources terrestres (hommes et moyens financiers). Ne pas l’oublier quand chacun, à présent, veut s’approprier l’Histoire de ce miracle et ses mérites.
Alors maintenant si vous reprochez à cette jeunesse israélienne «allemande» d’ignorer l’Histoire d’Israël et de la déconstruire pour générer son narratif à elle, pourquoi ne pas reprocher également aux adultes de l’Israël d’aujourd’hui, politiques, grands intellectuels, et aussi militaires, et même religieux etc. de faire la même chose ? Car c’est bien ce qu’ils font en faisant totalement abstraction de Dieu (de la Bible) par leur mépris de ses lois, n’est-ce pas ? Lorsque je parle du rejet des valeurs divines, je fais allusion notamment à la légalisation de l’IVG (quand Dieu dit pourtant : Tu ne tueras pas), et à la reconnaissance de l’homosexualité comme «bien» quand pourtant Dieu la réprouve et a fait de Sodome et Gomorrhe un exemple à retenir.
Par conséquent comment pouvez-vous reprocher à la jeunesse israélienne allemande de.. de quoi ? D’ignorer l’Histoire, et ses racines, et de la déconstruire quand les Israéliens eux-mêmes l’ont déjà fait ?! Car en sapant les principes divins, qui constituent les fondements, le socle sur lequel Israël tient, ils ont généré des fissures, puis des failles qui vont entraîner à la longue l’écroulement du pays, la destruction de la nation…
La jeunesse israélienne allemande ne fait que continuer, et finir, ce que ses aînés ont commencé : Ces deniers ont rejeté le Dieu de la Bible, et ses lois ; la jeunesse rejette quant à elle l’Israël biblique, car l’un ne va pas sans l’autre, par conséquent quand on commence par rejeter l’un (haine de Dieu), on finit automatiquement par rejeter l’autre (haine d’Israël).
Un dicton populaire dit : Les chiens ne font pas des chats, le Messie, Jésus, quant à lui a dit dans la Bible : «On reconnaît l’arbre à son fruit». C’est pourquoi les véritables responsables, «ceux par qui le scandale arrivent» ou est arrivé, ne sont pas en premier lieu ceux qui, ici, sont pointés du doigt...

Unknown a dit…

Tred interessant. Il faallait le dire.