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samedi 19 décembre 2020

La normalisation avec Israël, dernier acte politique de Mohammed VI

 

LA NORMALISATION AVEC ISRAËL, DERNIER ACTE POLITIQUE DE MOHAMMED VI

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

La mauvaise santé du roi est un sujet tabou au Maroc. De manière cyclique revient sur le tapis l'abdication du roi Mohammed VI pour des raisons médicales car il a récemment subi une chirurgie cardiaque réussie à Rabat. Il aurait temporisé jusqu'à présent pour laisser le temps au prince héritier Moulay Hassan de se préparer à sa succession après sa majorité. L'article 44 de la nouvelle constitution dispose que «le Roi est mineur jusqu'à l'âge de 18 ans accomplis». Mais en raison de la santé fragile du roi et d’un risque de décès inopiné, un protocole secret a été établi pour faciliter l'ascension du prince héritier sur le trône. Cependant, les langues se délient sur la personnalité contrastée du futur monarque.





Né le 8 mai 2003 à Rabat, Moulay Hassan est le fils aîné et le seul garçon du roi Mohammed VI et de la princesse Lalla Salma. Il est de tradition que le prince fréquente la Royal Academy où il reçoit une éducation complète à la fois en théologie, dans les matières académiques modernes, dans les sports et les arts, sans parler du protocole du palais, qui comprend l'étiquette et les règles de la cour royale. Pour prétendre au commandement suprême des Forces armées royales, le prince héritier doit être formé au maniement des armes. Comme signe particulier, il a orienté ses études vers l'aviation en passant l'examen du lycée préparatoire royal pour l'aéronautique technique de Marrakech, auquel il participe.

     Depuis ses 16 ans, le prince a exercé ses fonctions d'héritier du trône avec la volonté de vouloir rompre avec une certaine tradition poussiéreuse. Il refuse en effet qu’on lui embrasse la main dans l’exercice de ses fonctions. Au centre d’un visage de garçon, ses yeux expriment une plus grande maturité qu’à son âge. Il suit d’une certaine manière les traces de son père considéré comme l'un des premiers dirigeants modernisateurs du Maroc après avoir obtenu un doctorat en France. Un seul mystère entoure la famille royale en la personne de l’épouse du roi, Lalla Salma, née Salma Bennani, roturière engagée dans le secteur informatique avant de rencontrer le roi. Elle était l’amie de Rania de Jordanie. Son absence des photos officielles s’explique parce que le couple royal est en instance de divorce ce qui interdit à la princesse d'apparaître en public avec son ex-mari.



En juin 2020, Moulay Hassan a obtenu son baccalauréat, filière économique et sociale (ES), avec la mention très bien. Il était attendu pour la rentrée à l’université de Benguérir, un centre élitiste qui a ouvert ses portes en 2017. En parallèle avec ses études, le prince représente régulièrement son père lors de représentations officielles. Il avait rejoint Mohammed VI aux obsèques du comte de Paris, Henri d'Orléans, puis avait poursuivi sa formation royale lors de la cérémonie d'ouverture de l'Expo internationale de l'agriculture au Maroc. 



En 2019, il était également au premier rang pour accueillir le prince Harry et Meghan Markle lors d'une visite officielle au palais royal de Rabat. Il a aussi été vu aux obsèques du président Jacques Chirac, afin d'apprendre progressivement les fondements du pouvoir pour ses futures responsabilités royales. Mais en attendant, il prend son avenir très au sérieux. En 2017, il était au Sommet sur le climat à Paris et sur les photos officielles, il se tient quelques centimètres de plus que le président Macron. Il était le plus jeune participant à la conférence, ce qui a servi d'avertissement, car c'est à sa génération et aux suivantes que la planète doit être remise.



Si Moulay Hassan entretient une relation fusionnelle avec ses parents et s’il se doit de suivre certaines règles protocolaires, son père le laisse libre de ses proches choix : «Je ne veux pas qu’il soit forgé à mon image, mais qu’il forge sa propre personnalité». Pour minimiser les risques en cas de succession brutale, un conseil de Régence est prévu pour exercer les pouvoirs et les droits constitutionnels de la couronne jusqu'à ce que le roi atteigne l'âge de 18 ans. Mais Mohammed VI avait volontairement réduit les pouvoirs de ce Conseil de Régence pour qu’il n'exerce plus aucun droit ni pouvoir. Le futur roi, malgré sa jeunesse, sera immédiatement investi d'un pouvoir absolu.



Il est difficile de tracer un portrait complet du futur roi dans la mesure où il est très discret mais l’on sait qu’il est très lié avec sa mère Lalla Salma et qu’il a une très forte personnalité. Il est décrit comme doté d’un caractère décisif, avec sang-froid et surtout pragmatisme. Sa personnalité a une forte ressemblance avec celle de son grand-père, le roi Hassan II, allant jusqu’à porter un uniforme semblable. Certains lui trouvent une attitude hautaine à la limite de la correction, voire une attitude de domination. En avril 2017, une vidéo montrait le futur roi en train de repousser un garde du corps, qui était apparemment lent à ouvrir la portière de la voiture du roi.

On craint qu’il soit encore fragile au pouvoir. Le prince héritier a donc besoin du soutien des militaires pour l'aider à consolider son règne. Le Maroc a encore en mémoire le «coup d'État de Skhirat», en fait la première tentative de coup d'État militaire contre le régime du roi Hassan II, la seconde ayant été le «coup d'État des aviateurs». Ce putsch avorté a eu lieu le 10 juillet 1971 dans le palais royal situé dans la petite localité de Skhirat pendant que Hassan II fêtait son 42e anniversaire dans cette résidence d'été. C’est pourquoi Mohammed VI, ne voulant plus dépendre de la police et des agences de renseignement, a créé un corps militaire spécial pour superviser la sécurité du Palais. Certaines indiscrétions révèlent que des Israéliens démobilisés des forces d’élite de Tsahal, souvent originaires de familles marocaines, assurent la sécurité du roi et de sa famille. On vient de révéler que la nouvelle armée marocaine a été entièrement réorganisée par Ehud Barak, ancien chef d'Etat-major et ancien premier ministre et entrainée par des officiers israéliens en mission.

Hôtel particulier Paris 7°


Hassan II puis Mohammed VI avaient compris que pour garantir leur maintien au pouvoir, il leur fallait beaucoup d’argent, le nerf de la guerre. Ils étaient donc obligés de faire fructifier leur fortune qu’ils confièrent à l’étranger à plusieurs Juifs marocains, modestes mais vite devenus riches. Ils n'avaient pas confiance dans les Arabes. En France, entre autres investissements, ils ont fait l’acquisition d’une chaine de supérettes et d’une grande société de taxis. Le roi Mohammed VI dispose aujourd’hui d’une fortune évaluée à six milliards de dollars, à la disposition du prince héritier. Comme signe évident de sa richesse, le roi marocain vient de faire l’acquisition d’un hôtel particulier de 1.600 m² habitables à Paris au pied de la Tour Eiffel, rue Émile Deschanel. 

Jet privé de Moulay Hassan

En juillet 2018, le roi avait offert au prince héritier un jet privé de huit places, avec un personnel de quatre personnes à bord, d'un coût d'environ 68 millions d'euros, l'un des plus puissants et futuristes du marché, équipé d'un système anti-missile de conception israélienne (d'une valeur 20 millions) et de la dernière technologie israélienne. Cela confirme que les relations avec Israël ne date pas d'hier. Autre privilège, le Circuit International de Marrakech et le stade de 12.000 places de Rabat, la capitale, portent déjà son nom. Sinon, sa vie a beaucoup en commun avec les adolescents ordinaires. Il adore être avec sa mère et passe souvent ses vacances à l’étranger, à Skiathos en Grèce par exemple. Mais il a des goûts de luxe puisqu’il avait loué le yacht Serenity au tarif de 500.000 euros par semaine pour les balades entre les îles grecques.

En vacances en Grèce avec sa mère


Si le père disparait trop tôt, cela pourrait susciter des ambitions de la part de militaires ou d’opposants islamistes, d’où la fragilité du régime. Mais avec des pouvoirs absolus et des droits constitutionnels, le soutien inconditionnel de l'armée et une fortune royale colossale, Mohammed VI et son entourage estiment détenir la main gagnante pour consolider le règne du prince héritier à coups de dollars et perpétuer la dynastie alaouite. Moulay Hassan régnera sous le nom de Hassan III avec des signes de pacifiste, du moins selon l'image officielle qui est donnée de lui sachant qu'il semble très sensible à la cause palestinienne.

 

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