Manifestation de suprémacistes blancs |
A quelques jours de
l’élection, les tensions racistes et antisémites déjà vives au début du mandat
de Donald Trump sont à leur comble. La violence dans la société américaine, qui
est une réalité depuis l’origine, n’a fait que s’exacerber. Il ne se passe pas
une semaine, sans qu’il y ait une fusillade, des victimes, des meurtres. Dans
son rapport publié ce mois-ci, le département de la sécurité intérieure (Homeland)
conclut que «les violences à motivation
raciale et ethnique, en particulier celles provoquées par les extrémistes Suprématistes blancs demeurent la menace majeure, la plus durable
et la plus meurtrière».
Lihan Omar et Rashida Tlaib membres musulmanes du Congrés |
L’héritage
historique raciste reste profondément ancré dans le subconscient d’une majorité
d’Américains. Nombreux sont ceux qui y sont confrontés ainsi qu’aux idées qu’il
véhicule. Les récentes réactions publiques à l’assassinat de George Floyd
témoignent de l’engagement profond d’une partie des citoyens à renouveler les
idéaux fondateurs de la République. Mais il y a aussi l’autre aspect le plus
obscur du débat en cours, le plus dangereux. Il consiste à réhabiliter les concepts
toxiques de supériorité raciale. Il attise la peur des immigrants et des
minorités pour capter les citoyens réceptifs à ces théories racistes afin de
créer un fossé entre les communautés. L’objectif est de constituer une majorité
blanche, raciste, qui serait assiégée et confrontée à une agression supposée ou
future des minorités, étrangères, y compris juives bien que blanches, arabes,
musulmanes. Les Blancs seraient alors les victimes, ce qui les autoriserait à
se défendre par tous les moyens.
Ces concepts
mortifères étaient dans le passé le lot de groupes nationalistes marginaux, mais
depuis ils se sont répandus dans toutes les classes de la société, grâce aux
réseaux sociaux qui les diffusent. La société est maintenant contaminée. Il est
donc probable qu’un changement de président ne règlera pas cette situation. Le
ver est dans le fruit. C’est ce que prédisent tous les organismes chargés de la
sécurité y compris les organisations juives telle l’ADL. En cas de succès du
candidat démocrate, on s’attend à une flambée de violences.
Stephen Miller |
Outre les racines
historiques, Il convient d’analyser ce qui s’est déjà passé dans l’entourage même
du président D. Trump. En décembre 2019, l’observatoire de toutes les haines,
l’institut Southern Poverty Law Center a publié des envois de plus de 900
courriels que Stephen Miller, conseiller du président F. Trump, a adressé à ses
contacts à Breitbart News avant l'élection présidentielle de 2016. S. Miller a débuté
dans l'administration Trump en 2017. Il est largement considéré comme son
conseiller le plus idéologiquement extrémiste. Il a pris soin de ne pas s’exprimer
en public sur ses opinions politiques ; cette correspondance s'est donc avérée
d’autant plus significative sur son idéologie.
Groupe d'extrême-droite inculpé pour tentative de meurtre d'un gouverneur |
Dans ces e-mails, Stephen Miller, conseiller de la campagne de Trump à l'époque, défendait bon nombre des concepts de suprématie blanche les plus extrêmes. Ceux-ci incluaient la théorie du «grand remplacement», les peurs du génocide des Blancs par l'immigration, la pseudoscience raciale et l'eugénisme; il a également fait le lien entre les immigrants et le crime, il a glorifié la Confédération ( du sud) et a promu le livre génocidaire, le Camp des Saints, comme une feuille de route pour la politique américaine. L'antisémitisme était le seul sujet absent dans ses messages - peut-être sans surprise, car Miller lui-même est juif. On mesure alors l’ambivalence de la politique américaine entre politique intérieure comparée à la politique étrangère, notamment au Moyen Orient.
À bien des égards,
il s'agit du retour d'une vieille tradition américaine plutôt que d'un
phénomène entièrement nouveau, mais il a pris une forme nouvelle qui utilise
une sémantique très subtile qui doit être bien comprise pour la contester avec
succès. Les concepts de la suprématie blanche étaient au cœur de la défense de
l'esclavage et au cœur du mythe de la cause perdue qui justifiait la
ségrégation après la chute de la Confédération du sud.
Parti nativiste |
La peur des immigrants de différentes traditions religieuses qui a également une longue histoire aux États-Unis, a nourri le parti politique nativiste le Know Nothing des années 1850 et les règles racistes de la loi sur l'immigration de 1924, qui, parmi ses nombreux interdits, a empêché l'immigration d'Asie et est restée en vigueur jusqu'en 1965. Le célèbre juge de la Cour suprême des
États-Unis, Oliver Wendell Holmes Jr. était un des partisans le plus éminent de
l'eugénisme, et l'idée que les immigrants apportent le crime et le désordre
remonte aux manifestations anti-irlandaises qui se sont produites tout au long
du 19e siècle. L'antisémitisme, quant à lui, était une caractéristique du
discours politique américain bien avant que le lynchage de Leo Frank en 1913
n'incite à la création de la Ligue anti-diffamation (ADL).
On observe un clivage
sur les questions raciales qui est autant un facteur d'âge que d'inclination
politique. Les Républicains les plus âgés sont les moins susceptibles de
considérer les immigrants ou les minorités comme renforçant les États-Unis Les
chiffres montrent que la situation est très fluctuante et laisse la porte
ouverte aux théories racistes, complotistes et antisémites surtout dans une
situation que la pandémie dégrade fortement. Ces théories ont infiltré la
politique au plus haut niveau, dès lors que des membres du Congrès peuvent
tenir un discours antisémite et continuer à siéger. On y voit directement
l’influence salafiste, djihadiste voire même de Daesh ou Al Qaeda.
Quelle que soit
l’issue de la prochaine élection, les communautés minoritaires, même
importantes ont du souci à se faire. L’Amérique entre dans une période de
turbulences. Tout être humain ou presque
peut faire face à l'adversité. Mais si vous voulez éprouver le caractère d'un
homme, confiez-lui le pouvoir (citation attribuée à Abraham Lincoln). Paradoxe
des paradoxes, un pays, une nation qui fut le fruit de l’immigration, du fameux
«Melting pot» hier, la rejette aujourd’hui !
1 commentaire:
Depuis l élection de Trump ,plus de 16 juifs ont été assassiné dont 13 dans une synagogue .Du jamais vu aux USA depuis sa création
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