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mardi 21 juillet 2020

Radio-J : Gestion civile ou militaire contre le coronavirus


RADIO-J

GESTION CIVILE OU MILITAIRE CONTRE LE CORONAVIRUS

Jacques BENILLOUCHE au micro de Steve NADJAR
          

          Il était temps ! Netanyahou a décidé de prendre de nouvelles mesures d’urgence en raison de la montée des cas d’infections au coronavirus et du cafouillage dans les décisions. Il a compris qu’il fallait une structure spéciale pour combattre le virus qui s’étend. Certains trouveront que c’est un peu tardif mais pendant longtemps on avait pensé que le virus avait été neutralisé en Israël. Cette structure spéciale pourrait éviter les décisions intempestives, souvent annulées, après la grogne des  professionnels qui n’étaient pas conviés à donner leur avis. Alors on ferme les restaurants puis on les ouvre, on ferme les écoles puis on les ouvre, on ferme les plages puis on revient sur cette décision.
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Il manque un chef d’orchestre qui consulte les experts avant de prendre les décisions finales comme celles que le gouvernement a votées pour réimposer la fermeture des bars, des gymnases, des piscines publiques, des boîtes de nuit et des salles d'événements et restreindre le nombre de personnes autorisées dans les restaurants, les bus et les synagogues.  
Le premier ministre a choisi son candidat pour le poste de commissaire au Coronavirus, le Tsar, qu’il veut confier au professeur Gabriel Barbash, ancien patron du Sourasky Medical Center de Tel Aviv, plus communément l’hôpital Ichilov, et ancien directeur général du ministère de la santé ce qui lui lui donne une expérience de la gestion administrative.  
Gabriel Barbash


Devant la crise qui empire, les dirigeants veulent que la nomination ne soit pas celle d'un  «fusible» qui concentrerait sur lui les ratés de la gestion sanitaire.  Comme toujours dans les cas de nomination de personnalités dans des hauts postes, il n’existe pas de consensus en raison d’une part des rivalités et surtout des contingences politiques. Tout devient politique même lorsque cela n’est pas nécessaire. 
Amir Aboulafia lors de la remise de son grade de général

Le ministre de la santé Yuli Edelstein et l’État-major de Tsahal pensent que ce poste ne nécessite pas de formation médicale, mais une formation de gestionnaire, voire militaire. C’est pourquoi le nom du général de division Amir Aboulafia a été avancé pour occuper ce poste. Il vient en effet de terminer sa mission à l’État-major comme chef de la direction de la planification.
Il s’agit certes d’un combattant qui a fait sa carrière au régiment Nahal pour gravir tous les échelons. Nous l’avions  connu en 2007 alors qu’il était jeune lieutenant-colonel en Cisjordanie, adjoint du chef de la région centre. Il avait imposé l’interdiction des armes personnelles chez les Israéliens pour éviter que la région ne devienne un western. Il avait été ensuite nommé attaché militaire adjoint à Washington aux côtés du général Yaya. A son retour de mission à l’étranger, il avait pris le commandement du régiment Nahal, puis celui  de la 162ème division de Tsahal avant de prendre la Direction de la planification de l'armée à l'Etat-major. Cette branche militaire a pour mission d’analyser les menaces futures et de développer l’armée israélienne, en termes d’achats d’armes et de structure opérationnelle.
Cabinet ministériel du coronavirus

            Barbash et Aboulafia ont une égale chance mais comme le souligne le professeur Zeev Rotstein, directeur du centre médical Hadassah : «En ce moment, tout est politique. Je ne sais pas ce qui sera à la fin de ce combat. Il a déjà fallu trop de temps à Edelstein pour se décider». Mais les deux candidats souhaitent disposer de moyens financiers et humains pour ne pas être uniquement des faire-valoir. Les professionnels de santé préfèrent bien sûr leur collègue Barbash qui n’a pas manqué de critiquer le gouvernement et ses mesures inadéquates. En effet il ne voit pas l’intérêt de fermer les plages le weekend car «il n’y a aucune justification pour cela». 
Aboulafia, en tant que bon militaire, reste très discret et évite les déclarations intempestives. La seule chose qui ait transpiré de lui : Il veut bien le poste mais pas pour être la marionnette du gouvernement. Il a été choisi sur d’autres prestigieux généraux d’abord pour sa discrétion et surtout parce que, dans sa dernière fonction, il a fait preuve de qualités de gestionnaire indéniables. Mais certains pensent que la lacune du général est son manque d’expérience politique, or il en faut pour manœuvrer autour de tous les monstres du gouvernement.
Yuli Edelstein

D’autres estiment que la fonction est plutôt technique ; or il a acquis cette expérience comme chef du département de planification de Tsahal. Il laissera certainement la responsabilité sanitaire aux experts médicaux. D’autre part, son grade de général de division le met à l’abri de toute pression. Son rôle non médical consiste surtout à analyser les données en temps réel, à organiser la logistique des tests, à gérer les fonds de santé, à collaborer avec les hôpitaux et avec le commandement militaire du front intérieur. Il s’agit de gérer une structure multiforme dotée de multiples expertises qui n’impose pas un médecin à sa tête. Au contraire, un homme neutre pourrait mieux faire l’affaire.
            La décision finale appartient au gouvernement et pour être plus précis au ministre de la santé Edelstein qui devra s’opposer à Netanyahou. Il a d’ailleurs mis les choses au point  : «Je veux vous dire de la manière la plus simple et la plus claire: je suis responsable de cet événement. J'ai l'autorité et j'assume toute la responsabilité». Dont acte. Il est certain que Yuli Edelstein préférera avoir comme interlocuteur un militaire discret et discipliné plutôt qu'un homme politique critique.   
          Nous saurons ainsi si Netanyahou est enfin parvenu à déléguer une partie de ses responsabilités à qui de droit.

Mise à jour du 21 juillet 

Le professeur Gabi Barbash a été choisi pour mener la lutte nationale contre le coronavirus contre la volonté du ministre de la santé Yuli Edelstein. Le général de division Amir Abulafia avait informé le ministre de la Défense et le chef d'État-major qu'il avait retiré sa candidature au poste de chef de projet national pour faire face à la crise de Corona. Le Général souhaite au Prof. Barbash plein succès.



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