RADIO-J
GESTION CIVILE OU MILITAIRE CONTRE LE CORONAVIRUS
Jacques BENILLOUCHE au micro de Steve NADJAR
Il était temps ! Netanyahou a décidé de prendre de nouvelles mesures d’urgence en raison de la montée des cas d’infections au coronavirus et du cafouillage dans les décisions. Il a compris qu’il fallait une structure spéciale pour combattre le virus qui s’étend. Certains trouveront que c’est un peu tardif mais pendant longtemps on avait pensé que le virus avait été neutralisé en Israël. Cette structure spéciale pourrait éviter les décisions intempestives, souvent annulées, après la grogne des professionnels qui n’étaient pas conviés à donner leur avis. Alors on ferme les restaurants puis on les ouvre, on ferme les écoles puis on les ouvre, on ferme les plages puis on revient sur cette décision.
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Il manque un chef d’orchestre qui
consulte les experts avant de prendre les décisions finales comme celles que le
gouvernement a votées pour réimposer la fermeture des bars, des gymnases, des
piscines publiques, des boîtes de nuit et des salles d'événements et
restreindre le nombre de personnes autorisées dans les restaurants, les bus et
les synagogues.
Le premier ministre a choisi
son candidat pour le poste de commissaire au Coronavirus, le Tsar, qu’il veut
confier au professeur Gabriel Barbash, ancien patron du Sourasky Medical Center
de Tel Aviv, plus communément l’hôpital Ichilov, et ancien directeur général du
ministère de la santé ce qui lui lui donne une expérience de la gestion administrative.
Gabriel Barbash |
Devant la crise qui empire, les dirigeants veulent que la nomination ne soit pas celle d'un «fusible» qui concentrerait sur lui les ratés de la
gestion sanitaire. Comme toujours dans
les cas de nomination de personnalités dans des hauts postes, il n’existe pas
de consensus en raison d’une part des rivalités et surtout des contingences
politiques. Tout devient politique même lorsque cela n’est pas nécessaire.
Amir Aboulafia lors de la remise de son grade de général |
Le
ministre de la santé Yuli Edelstein et l’État-major de Tsahal pensent que ce
poste ne nécessite pas de formation médicale, mais une formation de
gestionnaire, voire militaire. C’est pourquoi le nom du général de division
Amir Aboulafia a été avancé pour occuper ce poste. Il vient en effet de
terminer sa mission à l’État-major comme chef de la direction de la
planification.
Il s’agit certes d’un
combattant qui a fait sa carrière au régiment Nahal pour gravir tous les
échelons. Nous l’avions connu en 2007 alors
qu’il était jeune lieutenant-colonel en Cisjordanie, adjoint du chef de la
région centre. Il avait imposé l’interdiction des armes personnelles chez les
Israéliens pour éviter que la région ne devienne un western. Il avait été ensuite
nommé attaché militaire adjoint à Washington aux côtés du général Yaya. A son
retour de mission à l’étranger, il avait pris le commandement du régiment
Nahal, puis celui de la 162ème division
de Tsahal avant de prendre la Direction de la planification de l'armée à l'Etat-major. Cette
branche militaire a pour mission d’analyser les menaces futures et de
développer l’armée israélienne, en termes d’achats d’armes et de structure
opérationnelle.
Cabinet ministériel du coronavirus |
Barbash et Aboulafia ont une égale chance mais comme le
souligne le professeur Zeev Rotstein, directeur du centre médical Hadassah :
«En ce moment, tout est politique. Je ne sais pas ce qui sera à la fin de ce
combat. Il a déjà fallu trop de temps à Edelstein pour se décider». Mais
les deux candidats souhaitent disposer de moyens financiers et humains pour ne
pas être uniquement des faire-valoir. Les professionnels de santé préfèrent bien
sûr leur collègue Barbash qui n’a pas manqué de critiquer le gouvernement et
ses mesures inadéquates. En effet il ne voit pas l’intérêt de fermer les plages
le weekend car «il n’y a aucune justification pour cela».
Aboulafia, en tant que bon
militaire, reste très discret et évite les déclarations intempestives. La seule
chose qui ait transpiré de lui : Il veut bien le poste mais pas pour être
la marionnette du gouvernement. Il a été choisi sur d’autres prestigieux
généraux d’abord pour sa discrétion et surtout parce que, dans sa dernière
fonction, il a fait preuve de qualités de gestionnaire indéniables. Mais
certains pensent que la lacune du général est son manque d’expérience
politique, or il en faut pour manœuvrer autour de tous les monstres du
gouvernement.
Yuli Edelstein |
D’autres estiment que la
fonction est plutôt technique ; or il a acquis cette expérience comme chef
du département de planification de Tsahal. Il laissera certainement la
responsabilité sanitaire aux experts médicaux. D’autre part, son grade de
général de division le met à l’abri de toute pression. Son rôle non médical consiste
surtout à analyser les données en temps réel, à organiser la logistique des
tests, à gérer les fonds de santé, à collaborer avec les hôpitaux et avec le
commandement militaire du front intérieur. Il s’agit de gérer une structure
multiforme dotée de multiples expertises qui n’impose pas un médecin à sa tête.
Au contraire, un homme neutre pourrait mieux faire l’affaire.
La décision finale appartient au gouvernement et pour
être plus précis au ministre de la santé Edelstein qui devra s’opposer à
Netanyahou. Il a d’ailleurs mis les choses au point : «Je veux vous
dire de la manière la plus simple et la plus claire: je suis responsable de cet
événement. J'ai l'autorité et j'assume toute la responsabilité». Dont
acte. Il est certain que Yuli Edelstein préférera avoir comme interlocuteur un militaire discret et discipliné plutôt qu'un homme politique critique.
Nous saurons ainsi si Netanyahou est enfin parvenu à déléguer une partie de ses responsabilités à qui de droit.
Mise à jour du 21 juillet
Nous saurons ainsi si Netanyahou est enfin parvenu à déléguer une partie de ses responsabilités à qui de droit.
Mise à jour du 21 juillet
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