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dimanche 4 mars 2018

Après Alep, la Ghouta orientale par Gérard AKOUN



APRÈS ALEP, LA GHOUTA ORIENTALE

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
            
Alep détruite

          Nous connaissions Alep pour ses savons ; nous avons assisté, par télévisions interposées à la destruction d’une partie de la ville par les aviations russes et syriennes. Dans Alep-Est, la partie de la ville tenue par les rebelles, les hôpitaux, les écoles, les marchés, considérés sans doute comme des endroits stratégiques, ont été impitoyablement bombardés. Il fallait terroriser, affamer une population civile retenue en otage par les défenseurs de la ville, des djihadistes le plus souvent. Nous savons comment cela s’est terminé.


         
Ghouta détruite
          Depuis plusieurs semaines, nous découvrons la Ghouta orientale, connue pour ses vergers, une enclave rebelle habitée par quatre cent mille habitants dans les environs de Damas qui subit le même traitement. Avec quelques différences, quand même. La reprise des quartiers Est d’Alep fut un tournant dans la guerre. La victoire obtenue sur les rebelles grâce à la participation des Russes dans les airs et des milices du Hezbollah et de l’Iran au sol, renforça le pouvoir de Bachar Al Assad et lui permit de commencer la reconquête du territoire. Les combattants d’Alep, après leur reddition avaient pu rejoindre la province d’Idlib, mais ce dernier bastion de la rébellion est soumis à un bombardement nourri de l’aviation russe et ne devrait pas tarder à tomber.
            Il n’y a pas d’échappatoire pour les rebelles, la population civile de la Ghouta, les femmes, les enfants, les malades vont continuer à endurer les bombardements, les attaques chimiques et bientôt l’offensive terrestre qui se prépare. Il n’y aura pas de trêve ; l’injonction du Conseil de Sécurité, une trêve de trente jours consécutifs, obtenue avec l’accord des Russes pour distribuer des aides alimentaires et évacuer les blessés les plus graves, restera sans effet.  Les Russes avaient décrété une pause des combats de cinq heures par jour, «un cessez le feu à temps partiel» comme l’avait dénommé notre ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian mais les Syriens ne l’ont pas respecté.  Bachar Al Assad n’obéit plus à son parrain.
Conseil de Sécurité de l'ONU

            Le président Macron a exprimé, lundi, «sa vive préoccupation sur la poursuite des attaques contre les civils et les hôpitaux dans la Ghouta orientale par le régime syrien». Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères en visite à Moscou pour discuter de la mise en œuvre de la résolution 2401, celle qui a été votée à l’unanimité par le Conseil de Sécurité, n’a pas obtenu des Russes qu’ils imposent la reconnaissance publique de ce texte au régime syrien. Le président Macron a appelé le président Erdogan à arrêter les combats à Afrin, «il a souligné que la trêve humanitaire s’appliquait à l’ensemble du territoire syrien y compris à Afrin et devait être mise en œuvre partout et par tous sans délai». Monsieur Erdogan avait affirmé dimanche qu’il n’y aurait pas de trêve dans l’enclave d’Afrin «jusqu’à ce que le dernier terroriste soit éliminé». Emmanuel Macron a rappelé que «la vigilance de la France sur l’accès humanitaire et sur les armes chimiques serait totale et permanente».
             Ce ne sont là que des mots qui ne réussissent pas à masquer notre impuissance. Les lignes rouges, par exemple, à propos de l’utilisation d’armes chimiques, ne restent crédibles que si leur franchissement est suivi de représailles ! Encore faut-il pour se faire, apporter la preuve irréfutable de leur utilisation, ce qui, très souvent, n’est pas possible.

            Je ne suis pas persuadé que les admonestations du président Macron puissent être suivies d’effet. Les marges de manœuvre de la France comme celles de l’Union Européenne sont très faibles face à la Russie qui est à la fois pompier et pyromane et même face à la Turquie dont l’Europe a besoin pour réguler l’arrivée des migrants.
            Serguei Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères a déclaré «le cessez le feu débutera lorsque tous les belligérants du conflit se mettront d’accord sur la manière dont il doit être mis en œuvre, pour s’assurer que la cessation des hostilités est totale et concerne toute la Syrie». Il faudra donc patienter, Bachar Al Assad pourra ainsi continuer son œuvre de mort en toute impunité et la France pourra, encore, rester vigilante.

2 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

"Bachar Al Assad pourra continuer son oeuvre de mort ..."
Autrement dit : Bachar continue à faire la guerre jusqu'à la reddition complète de ses ennemis. Et la guerre c'est moche.
Pour mémoire, nos libérateurs anglo-américains de 1944 ont fait 13632 tués civils rien que dans les trois départements de basse-Normandie.
N'était-ce pas la même stratégie que celle de Bachar ?

Véronique ALLOUCHE a dit…

@marianne Arnaud
Pour mémoire la France était occupée par l’Allemagne nazie. Les alliés ont alors libéré une France sous le joug de l’ennemi. Bachar El Assad se bat pour défendre son pouvoir dictatorial et n’a cure de ses concitoyens.
La donne n’est pas exactement la même...
Véronique Allouche