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samedi 10 février 2018

Le suicide des loups solitaires palestiniens



LE SUICIDE DES LOUPS SOLITAIRES PALESTINIENS

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps

            
rabbin Itamar Ben Gal

          Le rabbin Itamar Ben Gal, père de quatre enfants, qui vivait dans l'implantation d'Har Bracha, a été poignardé à mort par un jeune arabe israélien de Jaffa, Abd al-Karim Adel Asi, qui est en fuite. Une chasse à l'homme est en cours qui ne lui donne aucune chance d’échapper à la police. Ce mardi 6 février 2018, les forces de sécurité israéliennes ont abattu Ahmed Nassar Jarrar, chef de cellule du Hamas, responsable du meurtre du rabbin Raziel Shevah de Havat Gilad. Un Palestinien a été tué par balles le 7 février après avoir poignardé un vigile à l'entrée de l'implantation juive de Karmei Tzur. Le sort des trois tueurs était tracé d’avance et ils le savaient, ce qui ne les a pas dissuadés d’agir.


Abd al-Karim Adel Asi

            Et pourtant, malgré l’issue fatale inévitable à laquelle ils sont condamnés d’avance, les actions terroristes se succèdent en générant un sentiment d’incompréhension de la part de la population. Les terroristes savent qu’ils ont une chance infime de s’en sortir et qu’ils finissent, dans la plupart des cas, par être éliminés ou capturés car ils ne peuvent ni échapper à l'armée, ni à la population israélienne. Et si le terroriste est capturé vivant, alors l’Autorité palestinienne verse à sa famille d’importantes compensations financières. Le paradoxe est que la mort plane toujours sur les Juifs qui magnifient la vie et intensifient leur volonté de survie, mais aussi sur les terroristes palestiniens qui s’enferment dans le refus de vivre.
Ahmed Jarrar et son père

             L’incompréhension vient de ce qu’aucune voix ne s’élève parmi les dirigeants palestiniens pour dissuader leurs ouailles de renoncer à un combat perdu d’avance. Au contraire ils les glorifient parce que l’Autorité et le Hamas se satisfont d’une situation qui leur permet de détourner les esprits de leur propre turpitude et surtout de leurs propres échecs. Le Hamas a glorifié Ahmed Jarrar qui a tué le rabbin Raziel Shevach : «Notre héros et martyr s’est acquitté de son devoir de résistance et de défense de la terre de Palestine». Rien n’a été dit sur la fin prématurée d’un jeune qui avait toute la vie devant lui. Les Palestiniens se satisfont de cette situation ubuesque et ils sont rares à réclamer un changement au sommet. Alors, comme il n’est pas certain qu’une «fatwa» palestinienne, prônant la suspension des attaques au couteau, ait un effet dissuasif, les jeunes à la fleur de l’âge meurent dans l’indifférence de leurs dirigeants.
rabbin Raziel Shevach

            L’attentat, qualifié de suicide puisque le sort est toujours jeté d’avance, perpétré par des «loups solitaires» sous influence, est devenu aujourd'hui la forme d'attaque privilégiée au sein des organisations terroristes fondamentalistes. Intoxiqués par une idéologie extrémiste séculaire, les candidats au suicide deviennent dangereux après un endoctrinement permanent.  
            Israël et l’Occident sont confrontés à des terroristes issus des fondamentalistes musulmans qui, en manifestant des motivations divines ou mystiques, augmentent leur capacité de destruction. On l’a constaté en France et en Belgique avec l’affaire Salah Abdeslam. Parfois des organisations agissent dans l’ombre pour intégrer ces attentats dans le cadre d’une action militante. Mais il existe une nébuleuse terroriste dotée d’un objectif unique. L'esprit de martyr et de sacrifice des jeunes au couteau est tel qu'une fois l'assassinat réalisé ou raté, leurs auteurs se laissent tuer par l'armée ou lyncher par la foule parce qu’ils ont la certitude que c’est le seul moyen pour eux de rencontrer Dieu, selon leur interprétation controversée du Coran. Leurs gourous leur font croire qu’ils sont victimes du sionisme et que leur action pourrait influencer et convertir le monde à leur image.

            Les terroristes au couteau, souvent très jeunes, ne ressemblent certainement pas à des désespérés, nerveux, aux yeux hagards. Ils agissent de manière sereine sans rechercher l'anonymat. Ils troublent la vie sociale par l’irruption inopinée d’un terrorisme qui apparaît souvent comme un substitut de la guerre. Ils adoptent des méthodes qui présentent certains avantages tactiques en frappant à l’improviste et en s’attaquant à des cibles civiles qui ne se tiennent pas sur leurs gardes. En quoi l'assassinat d'un homme de religion peut faire d'eux des héros ? Les nationalistes juifs de la guerre d'Indépendance ont toujours attaqué des soldats britanniques.
          Il est difficile de croire que l’action terroriste est improvisée puisque les coups sont préparés minutieusement pour les porter à l’endroit où l’Israélien ne s’y attend pas et n’a donc pas pris de disposition efficace pour les parer. Pour maintenir l’impératif de discrétion, ils s’organisent en microcellules autonomes, difficiles à infiltrer, qui génèrent une méfiance dans l’espace public pour favoriser la suspicion généralisée. La mort de leurs victimes n’est pas une fin en soi car leur objectif consiste à provoquer la peur au sein de la population ce qui explique qu’ils frappent leurs cibles de manière aléatoire. Les civils anonymes, surtout les rabbins armés uniquement de leur foi, sont des proies particulièrement faciles lorsqu’ils vaquent à leurs occupations ordinaires dans l’espace public. Le terroriste qui s’en prend à eux, sans sommation, fait alors voler en éclat la quiétude de leur vie quotidienne pour suggérer que plus personne n’est à l’abri. C’est le but recherché, celui de désorganiser la vie de tous les jours en Israël.
Les mères responsables de l'éducation de leurs enfants

            Ils ont réussi à abolir la distinction entre combattant et civil dans une guerre asymétrique. Il se s’agit pas de combats classiques et localisés mais d’un affrontement impossible à circonscrire dans l’espace et donc susceptible de diffuser un ébranlement de large amplitude. Dans son entreprise de déstabilisation, le terrorisme sait utiliser les media comme caisse de résonance pour propager l’onde de choc de ses actions aussi loin que permettent les moyens mondiaux de communication. Et ils parviennent même à susciter de la sympathie à leur égard puisqu’Israël est souvent condamné par l’opinion internationale pour l’élimination des terroristes. C’est pourquoi le Hamas voue une reconnaissance immense à ces sacrifiés.
            D'autre part et c'est leur but, l’impact des attentats sur la relation conflictuelle israélo-palestinienne est certain.  Malgré la supériorité militaire et économique d’Israël dans la région, le sentiment d’insécurité est progressivement ancré dans les esprits de la population. Tant que les attentats persistent, il n'y a aucune raison pour engager un dialogue politique. Le terrorisme contribue à diaboliser l’adversaire.

          Les terroristes palestiniens, et parmi eux des Arabes israéliens en mal d’identité, personnifient désormais le mal absolu aux yeux de nombreux Israéliens. Cependant, même s’ils savent que la mort est toujours au bout de leur chemin, les kamikazes persistent à s’engager sur une voie sans issue. Tant que leurs dirigeants refuseront de leur montrer un autre chemin pacifique ou pragmatique, alors leurs jeunes enduiront leurs mains du sang de leurs victimes innocentes. 

4 commentaires:

V. Jabeau a dit…

L’article du Times of Israël https://fr.timesofisrael.com/pourquoi-les-negociations-de-paix-entre-israeliens-et-palestiniens-echouent-constamment/ explique mieux que tout pourquoi la paix, le pragmatisme son très très loin.
M. Benillouche, on peut espérer mais les racines sont profondes et complexes. Quand on pense que des Français se paient des tribunes dans des journaux pour exiger un État palestinien...

bliahphilippe a dit…

Les loups sont peut etre solitaires mais leur environnement reste.... solidaire.
La racine profonde du conflit est de nature religieuse pour ceux - c'est la majorité - qui interprétent l'Islam comme parole divine absolue rejetant les juifs de tout droit sur la terre d'Israel.
Ainsi aucun accord ne peut etre exaustif avec eux.
Arafat placé au pied du mur avec Ehud Barak sous la houlette de l'ex-président Bill Clinton à Camp David n'a pu accepter meme des concessions majeures qui pouvaient logiquement mettre fin au conflit.
Par contre toute concession israelienne est à prendre... en attendant de trouver prétexte pour continuer le moment venu la guerre devant mener à la "récupération intégrale de toute la "Palestine. Cela porte un nom :la takyeh.
La solution se trouve dans le Coran ou plutot le Coran doit se dissoudre dans cette solution d'acceptation. On en est loin.
Tous les bavardages diplomatiques hors cette paix des coeurs n'aboutira jamais.
Tout au mieux peut on espérer une dictature palestinienne tenue par une autorité interessée tant que cela dure par une phase de progrés économique controlée de prés par certains pays arabes environnants Israel.
Qui pense à Mohamed Dahlan?

Haddad a dit…

M Jacques vous ne dites rien sur les PRIME a la SAUVAGERIE promis par le plus grand des terroristes ABBOU AZEN, " pourquoi occultez cette malheureuse réalité "

Jacques BENILLOUCHE a dit…

@Haddad

Vous avez lu un peu trop vite mon article :

"Les terroristes savent qu’ils ont une chance infime de s’en sortir et qu’ils finissent, dans la plupart des cas, par être éliminés ou capturés car ils ne peuvent ni échapper à l'armée, ni à la population israélienne. Et si le terroriste est capturé vivant, alors l’Autorité palestinienne verse à sa famille d’importantes compensations financières".