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lundi 19 février 2018

Le Hezbollah prêt à affronter Israël pour les zones hydrocarbures



LE HEZBOLLAH PRÊT À AFFRONTER ISRAËL POUR LES ZONES HYDROCARBURES
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps

            

          Si le Liban veut retourner à l’âge de pierre, il lui suffit de laisser le Hezbollah agir à sa guise. Dans une interview accordée au journal saoudien Elaph le 12 décembre 2017, le ministre israélien du renseignement, Israël Katz, avait menacé de «ramener le Liban à l'âge de pierre» en détruisant toutes ses infrastructures. Mais cette menace n’a pas l’air de faire de l’effet puisque, fidèle à lui-même, Hassan Nasrallah a affirmé, lors de son intervention devant ses partisans le 16 février 2018 à Beyrouth, que son parti pouvait mettre hors d'usage en quelques heures les plates-formes gazières off-shore israéliennes, au large de Haïfa. Il intervenait à l'occasion de la «commémoration annuelle des grands martyrs du parti, Ragheb Harb, Abbas Moussaoui et Imad Moughniyeh».


Katz et Netanyahou

            Ce n’est pas une menace en l’air car elle peut se réaliser grâce à la présence au Liban de l’Iran. Les services israéliens des renseignements ont établi que l'Iran y construit des «usines de missiles avancés». Le ministre Katz avait menacé le Liban de devenir la cible des attaques israéliennes : «Oui. Nous agirons aussi militairement et les empêcherons, comme c'est le cas en Syrie. Ce qui s'est passé en 2006 sera un pique-nique comparé à ce que nous pouvons faire. Je me souviens d'un ministre saoudien qui a dit qu'il enverrait le Hezbollah dans ses grottes du Sud-Liban. Je vous dis que nous allons ramener le Liban à l'âge de pierre».
            Cette menace de détruire les plates-formes gazières israéliennes off-shore intervient après le rejet par Beyrouth d'une proposition américaine pour régler le contentieux entre le Liban et Israël, qui se disputent la souveraineté sur une zone maritime riche en hydrocarbures.
Liban bloc-9

            Pourtant le règlement des contentieux frontaliers terrestres et maritimes entre le Liban et Israël est du ressort de l'État libanais et on ne comprend pas qu’une milice intervienne sur cette question internationale. En fait, Nasrallah veut aider le gouvernement libanais à acquérir une position de force pour la négociation grâce à «l’action de la Résistance» qui selon le Hezbollah, est «capable de mettre hors service les installations gazières maritimes israéliennes en quelques heures».
            Hassan Nasrallah est exigeant dans la médiation entreprise par les Etats-Unis pour tenter de régler le contentieux libano-israélien autour du bloc 9 de la zone économique exclusive du Liban qu’Israël considère comme faisant partie de son territoire. Mais Nasrallah n’est pas seul à adopter une position intransigeante puisque le président du Parlement, le chiite Nabih Berri, a rejeté l’offre du Secrétaire d'État adjoint américain par intérim pour les Affaires du Moyen-Orient, David Satterfield, qui a proposé un arrangement pacifique consistant à attribuer les deux tiers du bloc 9 au Liban et un tiers à Israël.

David Satterfield

            Mais le Liban ne veut pas renoncer à la totalité de son droit sur le bloc 9 qui se trouve selon lui dans sa zone économique exclusive (ZEE) en Méditerranée ni à engager des négociations directes avec Israël. L’émissaire américain a essayé, au cours de son séjour à Beyrouth, de convaincre ses interlocuteurs de l’utilité de négociations directes qui pourraient favoriser un règlement à l’amiable du triangle de 860 km² sur lequel le Liban pourrait récupérer 500 km². Il a même proposé une répartition temporaire équilibrée des produits de vente des hydrocarbures si les travaux étaient adjugés à Tel-Aviv.
Tamar

            Dans ce contexte, le Hezbollah a trouvé un alibi pour entrer en lice afin de promettre lui aussi de protéger les ressources pétrolières libanaises en menaçant les installations israéliennes de gaz de Tamar et Léviathan. Au lieu de recourir à un arbitrage international, le Liban aurait tort de confier ses intérêts à Hassan Nasrallah qui n’attend que cette excuse pour réchauffer le front libanais. Il veut rendre utiles ceux de ses troupes de retour de Syrie. Le secrétaire général du Hezbollah, pour redorer son blason après les pertes sévères de miliciens sur le front syrien, est prêt à affronter Israël au sujet des ressources d'hydrocarbures au large des côtes libanaises, dont le contentieux selon lui entre «dans le cadre d'une guerre régionale menée par les Etats-Unis pour le pétrole et le gaz».
            Nasrallah veut utiliser la violence : «La seule force que vous pouvez utiliser dans cette guerre du pétrole et du gaz, c'est la résistance car il est interdit à l'armée libanaise d'avoir les missiles et les armes pour affronter les ennemis. Nous devons être unis et faire montre de courage. Nous ne ferons aucune concession».
Mur à la frontière Liban

            Mais l'exploitation des ressources d'hydrocarbures n’est pas le seul contentieux soulevé par les autorités libanaises qui, sous la pression du Hezbollah, s'élèvent contre le projet israélien de construire à la frontière un mur en béton, pourtant en territoire israélien. Le Liban réfute en effet le tracé actuel de la frontière effectué par le comité Paulet-Newcombe en 1923. Mais tout est bon pour justifier le déclenchement d’un conflit. Il appartient donc au Liban de décider s’il veut retourner à «l’âge de pierre» alors qu’Israël ne montre aucune agressivité vis-à-vis de son voisin dès lors qu’aucune menace militaire n’est mise en application contre lui. Alors que la libanisation de la Syrie est en marche, celle de Liban aurait un impact plus dramatique.
            Il serait temps pour l’ancienne petite suisse du Moyen-Orient de rejoindre le clan occidental et de songer, comme la Jordanie, l’Égypte et bientôt l’Arabie saoudite, à nouer des relations diplomatiques avec Israël, seule condition pour obtenir pacifiquement des concessions de la part de l’État juif et pour garantir son indépendance. 


1 commentaire:

Jacques BENILLOUCHE a dit…

@V. Jabeau

j'ai tenu compte de vos remarques. Merci.

Dommage que je ne puisse vous écrire directement avec votre mail privé.