OPÉRATION SINAÏ
2018 : ÉRADIQUER LES ISLAMISTES
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Pour
Israël, c’est la seule bonne nouvelle sécuritaire de la semaine. Son front sud
va être stabilisé par les Egyptiens pour lui permettre de consacrer son attention entièrement au nord. Gaza semble tétanisé par les manœuvres en cours et surtout
par les décisions économiques de l’Autorité palestinienne qui aggravent sa
situation. Depuis plusieurs années, l’armée égyptienne est ridiculisée par quelques
terroristes en guenilles de Daesh qui mettent à feu et à sang le Sinaï en imposant
leur loi et leurs crimes.
Le
président égyptien al Sissi a donc donné l’ordre de lancer le 9 février, à
grand renfort de publicité, l’opération Sinaï 2018. Certains l’accusent
d’opportunité politique à la veille d’élections présidentielles prévues en
mars. Pourtant, il est pratiquement certain d’être élu après avoir découragé quelques candidats à se présenter contre lui; donc cette opération influera peu sur le
résultat du scrutin. Mais il avait besoin de frapper un coup pour rehausser
l’image ternie de son armée qui subit des coups au Sinaï mais aussi dans les
régions du delta du Nil ainsi que dans le désert occidental frontalier avec la
Libye.
Djihadistes tués |
Les
premiers résultats contre l’État islamique tombent. Selon l’armée, au
moins 16 djihadistes auraient été tués et 34 autres ont été arrêtés à la suite «de vastes opérations de ratissage et de raids sur tous les axes, villes et
villages du nord et centre de cette région». Soixante-six repaires de terroristes ont été détruits ainsi que leurs véhicules. Les Égyptiens ont par ailleurs
démantelé un laboratoire d’engins explosifs et détruit un centre d’information
et de communication ainsi que des champs de pavots et de cannabis qui servaient
au financement des djihadistes. 11 véhicules
4x4 et 31 motos ont par ailleurs été confisqués.
L’opération
Sinaï 2018 a pour but de rétablir le contrôle des frontières terrestres
et maritimes et de décapiter Daesh qui règne en maître au Nord-Sinaï depuis
2013, faisant au moins deux mille morts de part et d'autre. En plus des troupes
terrestres, l'aviation et la marine participent aux opérations. La
motivation d’Al Sissi date du terrible attentat de novembre 2017, au cours
duquel au moins 305 personnes, dont 27 enfants, ont
été tuées dans une attaque visant une mosquée de la péninsule du Sinaï. Immédiatement
après, le 29 novembre 2017, le président Abdel Fattah al-Sissi, avait alors
donné trois mois à son chef d'État-major et à son ministre de l'Intérieur pour
rétablir la sécurité et la stabilité au Sinaï.
Les
forces de l'ordre, appuyées par les forces spéciales et les gardes-frontières
ainsi que par la police, ont mené plusieurs raids simultanés dans les villes du
Sinaï pour traquer les terroristes en fuite et les éradiquer. Elles ont
mis en place des points de contrôle sur les routes locales en coopération avec
les forces armées. La Troisième Armée a fermé toutes les entrées et sorties de El
Hasana dans le centre du Sinaï, à l'arrière de Bir al-Abd.
La
marine a renforcé le contrôle sur le front de mer de Rafah à l'ouest d'El
Arish, afin de couper les lignes d'approvisionnement pour les terroristes, tout
en maintenant la sécurité des installations économiques dans la région. Des
unités navales d'un porte-hélicoptères Mistral ont continué de se frayer un
chemin sur la côte d'El Arish, tandis que la police et les garde-côtes ont
intensifié les mesures de sécurité et les patrouilles.
Des
gardes-frontières et d'autres forces effectuent des missions pour sécuriser la
navigation dans le canal de Suez et contrecarrer les tentatives de terroristes
de s'échapper du Sinaï. On ignore les pertes subies par les forces de l’ordre
mais elles semblent faibles pour l’instant. Les écoles du nord du Sinaï ont été
fermées tandis que les universités et les autres établissements d'enseignement
supérieur ont cessé les cours pendant une semaine.
Les
unités de la marine mènent des patrouilles pour sécuriser la côte de Marsa
Matrouh à Saloum le long des côtes de la Méditerranée occidentale. Par mesure
préventive, les mesures de sécurité à proximité des principales institutions
étatiques, des lieux de culte et des points chauds touristiques ont été
renforcées. Des patrouilles de sécurité circulent dans toutes les routes
pour 'éliminer les menaces.
L'Égypte
traque par ailleurs les membres du mouvement Sawaed Misr (les Bras de l'Égypte),
communément appelé mouvement Hasm, nouvellement formé et ayant la même
idéologie que Daesh. Ce groupe avait mené plusieurs attaques et assassinats
dans la région du Caire et en particulier la tentative d'assassinat contre Ali
Gomaa, ancien Grand mufti, la tentative de meurtre du juge Zakaria Abdoul Aziz
Othman, et les assassinats du major Mahmoud Abdel Hamid, chef des enquêtes du
commissariat de police de Tamiya, dans la province de Fayoum, d'un chef de la
police à Gizeh et d'un autre dans la région de Mahmoudiyah. Dans la foulée, 14
membres des Frères musulmans ont été interceptés.
La
parlement égyptien et l'Église copte orthodoxe égyptienne, dirigée par le pape
Tawadros II, ont déclaré leur solidarité et leur soutien à la «vaste
bataille des forces armées qui sacrifient leurs vies pour la stabilité
du pays».
Israël
trouve un intérêt certain dans ces opérations au Sinaï qui sécurisent ses
frontières sud certes, mais qui affaiblissent surtout les miliciens du Hamas
qui utilisent les djihadistes du Sinaï pour s’armer et se ravitailler en
missiles. Il ne fait aucun doute qu’Israël et l’Égypte collaborent sur le plan
sécuritaire depuis plusieurs mois pour détruire leur ennemi commun. Un signe ne
trompe pas ; le traité de paix de 1979 comprend des dispositions limitant les
forces militaires dans le nord du Sinaï.
Or Israël a renoncé à cette restriction sur l'armée égyptienne dans le Sinaï, l'augmentation du nombre de tanks est tolérée, afin que l'armée égyptienne puisse mieux combattre les milices djihadistes. Seules les frappes aériennes israéliennes dans le Sinaï sont clairement interdites par le traité. Mais il vient d’être révélé que des drones, des hélicoptères et des avions israéliens non identifiables sont intervenus dans une campagne aérienne secrète, avec l'approbation du président Al-Sissi.
Or Israël a renoncé à cette restriction sur l'armée égyptienne dans le Sinaï, l'augmentation du nombre de tanks est tolérée, afin que l'armée égyptienne puisse mieux combattre les milices djihadistes. Seules les frappes aériennes israéliennes dans le Sinaï sont clairement interdites par le traité. Mais il vient d’être révélé que des drones, des hélicoptères et des avions israéliens non identifiables sont intervenus dans une campagne aérienne secrète, avec l'approbation du président Al-Sissi.
L’opération
Sinaï 2018 vient de commencer. Il est trop tôt pour en connaître les résultats définitifs car les terroristes sont bien protégés dans des grottes taillées à
même la pierre. Les déloger est une opération critique et coûteuse en soldats car
il faut escalader les collines, rocher par rocher. Mais l’Égypte semble vouloir utiliser les
gros moyens, comme en 1973, à savoir les hélicoptères, les tanks et le napalm
pour éradiquer les terroristes. Il était temps.
1 commentaire:
Voici qui pourrait intéresser les lecteurs de monsieur Benillouche :
http://www.atlantico.fr/decryptage/syrie-redoutable-desordre-geopolitique-mondial-qui-emerge-ruines-encore-fumantes-etat-islamique-3306743.html
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