L’IRAN À
L’ORDRE DU JOUR ISRAÉLO-AMÉRICAIN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Missile Soumar |
L’Iran a testé avec succès un missile de croisière de
moyenne portée Soumar, de fabrication iranienne, capable de porter une charge
nucléaire. Le test effectué n’a pas manqué de faire réagir Donald Trump qui a
adressé une virulente mise en garde à Téhéran, via Twitter. Le projectile a
couvert une distance de 600 kilomètres alors que sa portée est évaluée entre 2.000
et 3.000 kilomètres. Par ailleurs, s’étendant sur une surface de 35.000 km2, des exercices sont intervenus au lendemain de nouvelles sanctions américaines imposées contre
l’Iran. Les Iraniens considèrent qu’il s’agit d’une étape pour le
renforcement de sa puissance défensive et de la dissuasion du pays.
général Amir Ali Hajizadeh |
Mais
quand Téhéran montre les muscles, Washington hausse le ton. Le président des
États-Unis a affirmé qu'il n'écartait aucune option face à l'Iran à la suite de
ce tir de missile de la République islamique : « Rien n'est exclu »,
a simplement répondu, sans autres précisions, le président américain à un
journaliste qui lui demandait si une action militaire avait été exclue. Ce
regain de tension avec l’Iran s’explique par la grande publicité faite par la
division aérospatiale du Corps des Gardiens de la révolution (CGR) au sujet
d’exercices majeurs lancés dans la province de Semnān, pour «mettre en
valeur la puissance de la révolution de l'Iran et pour rejeter les sanctions».
Le CGR dispose d'un
arsenal sophistiqué de missiles, dont la portée atteint Israël et les bases
militaires américaines au Moyen-Orient. Le chef iranien de l'armée de l'air a aussi annoncé que Téhéran entend augmenter le rythme et le volume de production de ses
drones. Les tests de nouveaux systèmes de missiles et de radars est véritablement
une menace : «Si l'ennemi commet l’erreur de nous attaquer alors nos missiles
rugissants vont pleuvoir sur eux» a prévenu le commandant de la force
aérienne CGR, le général Amir Ali Hajizadeh.
Khordad-III |
Les exercices iraniens ont pour but de tester
différents types de systèmes de missiles et de radars, conçus et fabriqués localement.
D’abord le Khordad-III qui a une portée de 75 kms à une altitude de 30
kms. Ce système de missiles est capable d'engager simultanément plusieurs
cibles avec une technologie de pointe. Il s’ajoute au Tabas, d’une portée
de 60 kilomètres, qui peut détecter toutes sortes de cibles hostiles.
Radar Khadir |
Du côté des radars, le système Qadir
de longue portée est en trois dimensions et peut détecter et suivre les menaces
aériennes jusqu'à 1.100 kilomètres. Il s’agit d’un radar transhorizon, tridimensionnel
à balayage électronique. Il peut repérer les avions et les missiles se trouvant
respectivement à 600 km et à 1.100 km de distance. Le commandant du CGR a
annoncé par ailleurs la mise en état opérationnel du radar Sepehr conçu
pour détecter des déplacements de troupes ennemies à une distance de 3.000 kms.
radar Sepehr |
Un autre système de radar, Matla-ul-Fajr,
peut suivre les menaces aériennes avec une portée de 500 kms. Ses
spécifications lui permettent de détecter différents types d'avions et de
drones. Pour la première fois, il est parvenu à traquer des missiles
tirés depuis des appareils russes Sukhoï ainsi que des missiles sol-sol.
La gamme de Matla-ul-Fajr a une portée de 300 km avec une altitude maximum de 20.000
m. Une fois entièrement mis en place, la hauteur du système atteint huit mètres
et il utilise 12 antennes «Yagi» installées en deux rangées.
Radar Matla-ul-Fajr |
Le
système entier, contenant les antennes, les instruments d'installation, le
traitement, le contrôle et l'affichage des unités, des dispositifs de
communication et générateur de puissance sont tous installés sur une remorque
pour obtenir une très bonne mobilité donc une bonne protection. L’utilisation de
100 fréquences différentes dans la bande VHF assure un fonctionnement dans des
environnements bloqués. La détection de cibles comme les avions furtifs et les missiles
de croisière est une de ses spécialités, cependant avec une faible précision à
des distances courtes. La portée du radar est de 480 kilomètres et il utilise
deux canaux séparés pour la détection.
Général James Mattis |
Ces tests en grandeur nature
prouvent que l'Iran a réalisé des progrès importants dans la conception de
matériel militaire de haute technologie et des missiles. Mais ils ont aggravé les tensions entre
Téhéran et Washington qui se sont brutalement accentuées après l’investiture,
le 20 janvier, de Donald Trump. Le ministère iranien des Affaires étrangères veut, en fait, contrer les décisions de l'administration Trump qui a imposé de
nouvelles sanctions sur les personnes travaillant sur des programmes de
missiles balistiques de l'Iran, ainsi que sur ceux qui soutiennent les groupes
terroristes à savoir l’IRGC, Corps des Gardes révolutionnaires islamiques.
Les tests de missiles balistiques de moyenne portée sont considérés comme une violation de l'accord nucléaire de 2015 visant à freiner le développement des armes nucléaires de l'Iran. Le président Trump estime que l'Iran «joue avec le feu» tandis que le Secrétaire à la Défense James Mattis a traité l'Iran de «plus grand parrain du terrorisme d'État».
Les tests de missiles balistiques de moyenne portée sont considérés comme une violation de l'accord nucléaire de 2015 visant à freiner le développement des armes nucléaires de l'Iran. Le président Trump estime que l'Iran «joue avec le feu» tandis que le Secrétaire à la Défense James Mattis a traité l'Iran de «plus grand parrain du terrorisme d'État».
Mike Pence |
Le vice-président Mike Pence a de
son côté conseillé aux Iraniens de ne pas tester la patience de la nouvelle
administration Trump ni de provoquer les États-Unis. En réponse, le gouvernement
islamiste estime qu'il est contraint de mettre un terme aux «actions hostiles
et belliqueuses» de la part de l’Amérique et de ses alliés. Mike
Pence a précisé que les options militaires restaient sur la table si l’Iran
continuait à violer de manière flagrante les restrictions sur les essais de
missiles balistiques : «L'Iran ferait bien de ne pas tester la
détermination de ce nouveau président et de réfléchir à deux fois sur son
hostilité continue et sur les actions belligérantes. L'Iran doit être debout et
travailler essentiellement avec la communauté mondiale. Or au contraire, ce que
nous voyons est un comportement provocateur contre la communauté mondiale».
L'administration de Trump envisagerait d’autres mesures encore
plus sévères, y compris des actions militaires contre l'Iran.
Yaakov Nagel, Yossi Cohen et l'ancien chef du Mossad Tamir Pardo |
C’est dans ce contexte que
le chef du Mossad Yossi Cohen et le conseiller à la sécurité nationale
d’Israël, Yaakov Nagel, accompagnés de l’ambassadeur israélien Ron Dermer, viennent
d’effectuer une visite secrète à Washington pour rencontrer les
hauts-conseillers du président américain afin de préparer la coordination des
politiques entre les deux pays. C’est la
deuxième fois que Cohen et Nagel rencontrent les conseillers de Trump depuis sa
victoire aux élections présidentielles. Ils se sont aussi entretenus avec le
nouveau conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Michael Flynn
et d’autres responsables de l’équipe du président. L’ordre du jour portait sur
la question iranienne et son pendant, la situation en Syrie. Il est certain que ces deux envoyés israéliens préparent la
visite en février de Benjamin Netanyahou à Washington. Selon le porte-parole de
la Maison-Blanche, les deux dirigeants «sont tombés d'accord pour continuer
à échanger leurs points de vue sur une série de questions régionales, notamment
les menaces que constitue l’Iran». Tant qu’il ne s’agisse pas de
constructions dans les implantations, le courant passe entre Trump et Netanyahou. Le premier ministre souhaiterait aussi constituer un front anti-Iran avec la Grande-Bretagne.
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