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mardi 14 février 2017

L'Iran impose des changements à Tsahal



L’IRAN IMPOSE DES CHANGEMENTS À  TSAHAL

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps 

            

       L’évolution de la politique américaine vis-à-vis de l’Iran justifie des changements au sein de la défense israélienne. La condamnation des tirs de missiles iraniens par Donald Trump ne laisse aucun doute sur la nouvelle politique qu’il compte mener et qui s’oriente vers une aggravation des relations américano-iraniennes. Il est probable que l’accord nucléaire avec l’Iran sera révoqué, sinon au moins amendé, parce que l’Iran persiste à tester ses missiles et à soutenir des organisations terroristes. La politique d’Obama sera ainsi totalement effacée, quelques semaines à peine après l’entrée en fonction du nouveau président. 



Michael Pompeo et Jammes Mattis

          Benjamin Netanyahou est convaincu que l’option militaire n’est plus exclue par les Américains. Le secrétaire à la Défense James Mattis, le directeur de la CIA Michael Pompeo et le conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn affûtent leur nouvelle politique, plus belliqueuse.
            Certains experts israéliens estiment qu’il est presque trop tard car l’arme économique était est la seule efficace pour contrer l’Iran qui a évité l’effondrement de son économie. Or, trop d'entreprises européennes se sont ruées, sans attendre, pour reprendre les affaires avec les Iraniens. L’argent n’a pas d’odeur. D’autres pensent que les Iraniens jouent uniquement à faire peur en brandissant leur éventuelle bombe nucléaire qu’ils n’envisagent même pas de développer, la laissant à la rigueur comme projet de dissuasion.
            Les Israéliens ont souvent répété que les sanctions américaines étaient inefficaces surtout après l’accord nucléaire. Trump est ses conseillers ne l’ignorent pas mais, contrairement à Barack Obama, ils savent que seul le langage de la force est compréhensible par les mollahs. Ils n’envisagent nullement de s’allier à l’Iran pour combattre Daesh parce qu’il est en voie de neutralisation, voire de désintégration. Face à cette nouvelle donne de tests de missiles, Netanyahou a demandé à l’État-Major des plans de réorganisation de Tsahal pour en informer Trump lors de sa visite à Washington.
Amos Gilad

            Premier concerné, le colonel de réserve Zohar Palti a été nommé pour succéder à Amos Gilad en tant que directeur de la politique et des affaires politico-militaires. Cet officier, peu médiatique, a servi au Mossad dans des tâches spéciales liées au renseignement. Il avait atteint le grade de directeur du renseignement, à un rang équivalent à celui de général de division. Son principal rôle sera d’être l’interface entre Jérusalem et Washington pour toutes les affaires sécuritaires.
            Le général Udi Adam avait été nommé en 2014 directeur du ministère de la défense, après avoir quitté l’armée au lendemain de la seconde guerre du Liban de 2006.  Il avait occupé précédemment le poste de chef de l'installation de recherche nucléaire de Dimona pendant cinq ans puis celui de chef de l'industrie militaire à partir de 2013. C’est lui qui a recommandé Zohar Palti à Avigdor Lieberman pour remplacer le général Amos Gilad qui a officié pendant 13 ans à ce poste en positionnant les relations stratégiques avec les États-Unis et l'Égypte au sommet de l'échelle des priorités d’Israël. Amos Gilad, était l’homme des missions sensibles. Il avait négocié avec l’Égypte les conditions d'une trêve permanente à Gaza.
            Il était devenu l'un des hommes les plus influents d'Israël ce qui ne convenait pas, bien sûr, à la personnalité de Lieberman. Les relations entre le ministre de la défense et Amos Gilad ont réussi par miracle à tenir six mois alors qu’elles étaient devenues orageuses depuis ce jour où le député Lieberman avait prôné en 2009 d’utiliser l’arme atomique afin de vaincre le Hamas et de bombarder le barrage d’Assouan en Égypte. Les récents événements ont encore accentué les divergences entre eux sur les questions relatives à la Russie. L’éviction d’Amos Guilad pourrait supprimer la séparation qu’il avait imposée entre la division de la planification et les autres services de l’État-Major de Tsahal.
Missile Khordad-3

            Pour contrer la menace iranienne, qui n’a nullement l’intention de remettre en cause son programme de missiles balistiques, ainsi que celles du Hezbollah et du Hamas, la défense anti-missile israélienne a été pensée pour être «multicouches». En clair, elle se compose de systèmes différents pour détecter et intercepter n’importe quel type d’engins, de la roquette au missile balistique en passant par le missile de croisière. Les tests répétitifs de missiles iraniens changent la donne à présent. Israël ne ménage pas ses efforts pour organiser sa défense contre les missiles iraniens en développant ses propres projets financés en grande partie sur fonds israéliens.
Dôme de fer

            Le premier niveau de cette défense repose sur les batteries Dôme de fer qui ont montré leur efficacité durant la dernière guerre de Gaza. Ce système permet d’intercepter des roquettes et des obus de mortier, avec la particularité d’entrer en action seulement si la munition tirée présente une menace particulière. Pour les roquettes de moyenne à longue portée et les missiles de croisière, qui figurent dans l’arsenal du Hezbollah la défense israélienne mise sur la Fronde de David, chargée d’intercepter les roquettes de moyenne à longue portée et les missiles de croisière volant à une vitesse peu élevée, comme ceux que possède le Hezbollah. 
Fronde de David

          Enfin, la force aérienne israélienne disposait jusqu’à présent du système Arrow-2 (ou Hetz), capable d’intercepter des missiles balistiques en phase ascendante. Mais depuis quelques semaines, la défense antimissile israélienne peut s’appuyer aussi sur le système exo-atmosphérique Arrow-3, qui a officiellement atteint sa capacité opérationnelle initiale, après un dernier test effectué en 2015.
Moshé Patel

            Selon Moshe Patel, le chef de l’Organisation de la défense antimissile d’Israël (IMDO) : «Aujourd’hui, avec l’Arrow-3, nous entrons dans une nouvelle ère : l’ère Arrow-3. Nous sommes très fiers de fournir à la force aérienne israélienne la première capacité initiale de Arrow-3, un programme sur lequel nous avons travaillé pendant les dix dernières années, en collaboration avec la MDA [Missile Defense Agency] et avec beaucoup d’aide du Congrès américain et de l’administration américaine».
Tzvika Haimovich

            Pour le commandant de la défense aérienne israélienne, le général Tzvika Haimovich, cette nouvelle étape permet de disposer d’un réseau «multi-niveaux qui protège Israël contre une contre une gamme complète de missiles et de roquettes. Nous avons la capacité de faire face aux menaces entrantes au nord et au sud, qu’elles viennent d’acteurs étatiques ou non». L'armée de l'air israélienne a reçu ses premiers intercepteurs de missiles balistiques Arrow 3.
            Un autre haut fonctionnaire de l'IMOD, qui a terminé une carrière de défense particulièrement longue, est le général de brigade Shmuel Zucker qui a dirigé l'Administration des achats et de la production de l'IMOD (Manhar), l'un des plus importants organes d'approvisionnement d'Israël, responsable des achats de milliards de dollars par an. Zucker a remis les clefs de son administration au Colonel Avi Dadon. Dans le même temps, le général de brigade Moshe Zin a été nommé à la tête de la Division Défense-Sociale de l'IMOD. Le départ de Zucker coïncide avec les soupçons de corruption à l’occasion du contrat d’achat auprès de l’Allemagne de sous-marins et de navires de guerre.

            Tous ces changements portent la touche d’Avigdor Lieberman qui va dorénavant assurer les fonctions de son ministère avec des collaborateurs de haut niveau choisis par ses soins. Jusqu'à présent les officiers en poste avaient été nommés par ses prédécesseurs.

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