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samedi 21 janvier 2017

L'Europe vacille par Gérard AKOUN



L’EUROPE VACILLE

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
            

        L’Union Européenne avait à peine assimilé la victoire inattendue du Brexit qu’elle subissait un nouveau choc, jugé à priori improbable, la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Ces événements se produisent au moment où l’Union Européenne est en crise, où elle doute d’elle-même. Elle est en butte au terrorisme, elle doit faire face à un important flux migratoire en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique. Des dizaines, des centaines de milliers de personnes ont bravé, continuent à braver tous les dangers, y compris la mort pour fuir les guerres mais aussi la misère.




            Les États, qui constituent l’Union Européenne, ne sont pas arrivés à se mettre d’accord pour répondre à ce défi : comment accueillir au moins une partie de ces gens ?  L’impossibilité d’y répondre de manière collective  a servi de révélateur aux divisions qui minent cette Europe, gagnée par  le populisme, le repli sur soi, et la xénophobie. C’est au moment où cette Union Européenne est soumise à des poussées centrifuges, qu’elle s’interroge sur sa raison d’être et son avenir, que Donald Trump qui prendra ses fonctions le 20 janvier s’est adressé aux Européens à travers une interview à deux quotidiens, l’un allemand le Bild, l’autre britannique le Times.
            Il n’a pas mâché ses mots. Il s’y est livré à une critique virulente de l’Union Européenne, se félicitant de la décision de la Grande-Bretagne de quitter l’Union, souhaitant que d’autres pays en fassent autant, prophétisant à terme l’éclatement de l’Union et sa disparition.  Pour lui, l’OTAN est devenue totalement obsolète et les Américains ne devraient plus y participer. Barack Obama avait, lui, demandé une participation financière plus importante des Européens à leur défense mais il n’avait jamais envisagé la disparation de l’O.T.A.N. 
            Donald Trump prend ainsi le contre-pied de la politique traditionnelle des États-Unis, qui a consisté, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la Guerre Froide à encourager la création de l’Union, en premier lieu contre l’URSS puis à soutenir son développement vers l’Est, après la chute de rideau de fer. En fait Donald Trump tient les mêmes propos que les partis europhobes en Grande-Bretagne, en Allemagne en France ou aux Pays Bas…... Il a attaqué la politique de Madame Merkel vis-à-vis des migrants, gardant ses compliments pour Theresa May, l’assurant d’un total soutien pour signer très rapidement avec le Royaume-Uni, un accord bilatéral de libre échange. 
            Il ne s’agit plus de tweets, écrits rapidement ; la pensée semble plus élaborée, de quoi inquiéter les Européens qui craignent que le rapprochement que Trump prône avec la Russie ne se fasse à leur dépens. Il existe manifestement, à l’Est,  des tentatives de déstabilisation de l’Europe, de la part de la Russie qui ne veut absolument pas d’une Europe stable et forte. Que deviendraient les sanctions économiques contre la Russie après l’annexion de la Crimée, et la crise ukrainienne si l’allié américain venait à manquer ?
            Mais les propos de Trump peuvent avoir un effet contraire à celui escompté. Je ne pense pas que le jugement qu’il porte sur l’Otan, en particulier, puisse provoquer chez les Polonais ou les Hongrois, pourtant très critiques vis-à-vis de l’Union, et a fortiori dans les pays baltes, l’envie de la quitter. Ils ont de l’URSS des souvenirs cuisants, que Poutine issu du KGB ranime aisément. Le discours brutal de Donald Trump peut et doit constituer un choc salutaire pour les Européens. Il est temps que l’Europe définisse le rôle qu’elle veut jouer dans le monde, qu’elle assume son rôle dans l’Otan, qu’elle participe financièrement et matériellement à propre sa défense. Cet espace de près de cinq cents millions de consommateurs ne peut se concevoir comme une «grosse Suisse» ; il doit trouver le mode de gouvernement qui lui permette de s’affirmer et de se défendre dans un monde devenu plus dangereux.

            Donald Trump s’est montré, jusqu’à présent, imprévisible ; il prononcera, demain, son discours d’investiture ; nous saurons en l’écoutant si «l’homme d’affaires a cédé le pas à l’homme d’État».

4 commentaires:

Maher BEN GHACHEM a dit…

Trump est loin des valeurs humaines de l'Europe. Comme dit justement Akoun c'est pour l'instant un homme d'affaires plus qu'un homme d'état .

Marianne ARNAUD a dit…

Que vaut-il mieux pour diriger les affaires du Monde et de l'Europe ? Un homme d'affaires qui, au pouvoir, s'avèrerait être un homme d'état ? Ou un homme d'état qui, à l'usage, se transformerait en homme d'affaires ?

Jard a dit…

Redéfinir l'"Europe"? Et je suppose que l'on ne demandera pas leur avis aux populations? Elle n'aura donc aucune légitimité et les peuples finiront par éliminer l'élite politique actuelle.

Bernard Meyer a dit…

Pour faire le plus court possible et ce n'est pas le plus simple en ce qui concerne Donald Trump, je ne parlerai que de son côté sexiste.
Paroles d'auteur:
-Il faut les attraper par la chatte...
-Il doit y avoir des formes de punition pour les femmes qui avortent.
-Parlant d'Hillary Clinton: Elle ne peut pas "satisfaire" son mari.
Dans un magasine new-yorkais il parle des femmes ainsi:
-Vous devez les traiter comme de la merde!
....Ainsi de suite...et toujours dans l'élégance et le respect.....
En espérant que ses dérives légendaires dans tous les domaines ne mettent pas trop à mal la diplomatie sans laquelle aucune politique digne de ce nom ne saurait se faire.....Que l'on soit homme d'affaires ou pas Marianne Arnaud, que je salue au passage.
Bien cordialement