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lundi 12 décembre 2016

Les Russes envoient des troupes terrestres en Syrie



LES RUSSES ENVOIENT DES TROUPES TERRESTRES EN SYRIE


Par Jacques BENILLOUCHE

                                                                      copyright © Temps et Contretemps
            
Base de Hmeimim

          Les Russes, qui ont eu une expérience douloureuse en Afghanistan, ont longtemps hésité à envoyer des troupes en Syrie, préférant les interventions de l’aviation militaire. Ils ont trouvé une solution en se faisant remplacer à terre par des troupes d’élite tchétchènes. Les bataillons militaires Zapad et Vostok, déployés dans la république russe de Tchétchénie, se préparent à se rendre en Syrie. Dans un premier temps, ils s’installent dans la base aérienne de Hmeimim pour la protéger. Ils seront intégrés à la police militaire. Le choix des Tchétchènes n’est pas fortuit car, à l’instar de la majorité du peuple syrien, ils sont musulmans sunnites ; cela devrait ainsi faciliter leur interaction avec la population locale.



Bataillon tchétchène

Les bataillons tchétchènes ont une vaste expérience de lutte contre les terroristes dans les montagnes et les zones urbaines. C'est pourquoi ils ont été choisis pour assurer la sécurité des sites militaires russes en raison de leurs compétences. Créées en 2003, ces unités militaires composées de ressortissants de la République tchétchène, ont été baptisées «soldats d'élite tchétchènes». Les bataillons ont une riche expérience des opérations d'assaut en zones urbaines et montagneuses et sont donc compétents pour assurer la sécurité des installations militaires russes en Syrie. La base aérienne Hmeimim est située dans la province de Lattaquié, dans un environnement montagneux complexe. La base de Tartous, dans l’ouest du pays, est quant à elle située dans des zones urbanisées.  

Courageux, sans crainte et surtout efficaces, les soldats tchétchènes bénéficient d’une réputation de redoutables combattants. L’objectif psychologique n’est pas exclu car leur déploiement en Syrie, à lui seul, fait peur. Les Russes, contraints à cette décision parce qu’ils paient un lourd tribut, ont finalement décidé d’éradiquer les groupes terroristes alors que les forces spéciales syriennes sont capables de reprendre la zone est d'Alep. En effet, l’armée russe a annoncé la mort d’un colonel russe, tué à Alep à la suite d’un bombardement des rebelles. Le colonel Ruslan Galitskiy est, selon les chiffres officiels, le 23e militaire russe tué en Syrie depuis le début de l’opération en septembre 2015. Il s’agit de l’officier le plus haut gradé tué depuis le début de l’intervention russe. Il agissait en tant que conseiller militaire auprès des forces syriennes. L’envoi de troupes au sol modifie ainsi la stratégie des Russes au sol. Mais la Russie tient à masquer son intervention directe en demandant aux soldats déployés de porter l'uniforme des forces de sécurité du ministère de l'Intérieur tchétchène, qui ne font pas partie de l'armée régulière.

Les Russes ont assigné à ces troupes des objectifs précis. Ils libèrent les forces de la coalition alliées de Bachar Al-Assad de la responsabilité de la défense du territoire, notamment à Alep. Ils renforcent les troupes syriennes et le Hezbollah dans les zones difficiles de la région d’Idlib au nord et de Darra au sud. Ils réduisent les pertes des «conseillers» russes. Enfin ils remplacent officiellement les groupes de jeunes tchétchènes auto-organisés qui avaient entrepris de lutter contre les organisations terroristes en infiltrant les unités Daesh comme espions.
Omar al-Chichani Tchétchène de Géorgie seul haut responsable de Daesh qui ne soit pas irakien.

Il s’agit enfin de combattre leurs compatriotes tchétchènes qui ont été nombreux à rejoindre Daesh et qui ont été à la pointe de la cruauté pour susciter la terreur. Ces nouveaux venus en Syrie apportent avec eux leur courage et leur esprit stratégique qui font une référence pour les combattants djihadistes. Un tournant certainement dans la stratégie russe en Syrie. Le seul risque est de voir sur le terrain cruauté contre cruauté. 


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